De quoi ça parle ?
Jin Wang, un adolescent américain d’origine chinoise, est tout ce qu’il y a de plus ordinaire qui partage son temps entre ses potes et sa famille. Lorsqu’au premier jour de la rentrée scolaire il fait la connaissance d’un nouvel étudiant étranger, Jin est bien loin de se douter qu’il va se retrouver très bientôt involontairement impliqué dans une formidable bataille opposant des dieux chinois...
Américain de Chine, une série créée par Kelvin Yu et Charles Yu avec Ben Wang, Yann Yann Yeo, Chin Han, Michelle Yeoh… Épisodes vus : 4 sur 8
C’est avec qui ?
C’est Ben Wang qui prête ses traits à Jin, cet adolescent un peu mal dans sa peau et qui se cherche. Âgé de seulement 23 ans, l’acteur n’a pas une grande carrière à son actif. On a pu le voir dans un épisode de MacGyver ou encore de Legion. Yann Yann Yeo et Chin Han interprètent respectivement Christine et Simon Wang, les parents un peu dépassés de Jin.
Face à lui, un autre jeune talent, Jim Liu lui donne la réplique et interprète Wei-Chen, ce nouveau lycéen officiellement venu de Chine mais qui est en fait le fils de Sun Wukong ou le Roi Singe. Il a fui sur Terre avec un bâton sacré qui confère de grands pouvoirs.
Dans cette guerre entre divinités chinoises, Guanyin – également appelée déesse de la Miséricorde – est jouée par la divine Michelle Yeoh. Elle a choisi son camp, et elle est une sorte de marraine ou de bonne fée pour Wei-Chen. L’actrice récemment oscarisée y retrouve son complice d’Everything Everywhere All at Once, Ke Huy Quan. On ne vous dévoile pas ici la nature de son rôle qu’il vaut mieux découvrir en regardant la série.
Ça vaut le coup d’œil ?
Ces dernières années, la question de la représentation dans les films et séries de groupes généralement sous-représentés a été adressée avec plus ou moins de réussite. La question qui se pose le plus souvent lorsqu’il s’agit de présenter une œuvre avec un casting majoritairement non blanc est : à qui cela s'adresse-t-il ?
Dans le cas d'Américain de Chine, il est évident dès le départ que la réponse est : tout le monde. Les personnages de la série parlent le mandarin environ 30 % du temps et la culture sino-américaine est omniprésente. Et malgré ses spécificités culturelles, cette adaptation du roman graphique éponyme de Gene Luen Yang, paru en 2006, s'adresse manifestement au grand public de Disney, avec son intrigue comique mêlée de fantastique et d'arts martiaux.
Voilà une série bon enfant, susceptible de plaire au plus grand nombre. Quand Jin est contraint de prendre Wei-Chen sous son aile, c’est un vrai choc culturel pour l’adolescent. Jin est d'abord horrifié par le manque de connaissance de la hiérarchie sociale de Wei-Chen, alors que Jin tente désespérément de gagner en popularité. Mais ils finissent par se rapprocher grâce à leur amour commun des mangas.
Le personnage de Guanyin campé par Michelle Yeoh sert à la fois de professeur à Wei-Chen et d'émissaire du Bouddha. C’est un point fort de la série, prodiguant sa sagesse à Wei-Chen alors qu'elle passe son temps à construire des meubles IKEA ou à se faire servir au buffet. Le tout entre deux scènes de combat à la manière de Tigre et Dragon dont elle a le secret.
Bien que secondaire, le père de Wei-chen, Sun Wukong, ou le roi des singes (Daniel Wu) est intéressant à bien des égards. Il incarne un héros fatigué, vivant une sorte d’épilogue à un moment de son histoire où il a cessé depuis longtemps d'être le protagoniste.
Avec sa galerie de personnages, tous bien écrits, Américain de Chine s’impose et s’assume comme un vrai divertissement. Et dès que Wei-Chen révèle ses origines célestes à Jin, la série se transforme en une véritable comédie d'action, et ses thèmes sur l'identité personnelle et le racisme se diluent.
Malgré son goût pour les arts martiaux, les moments les plus forts d'Américain de Chine proviennent de ses petites spécificités culturelles, ces instants où la série cherche à déminer les clichés autour d’une culture asiatique globale. Comme ce moment où Jin se plaint de la présence de pattes de poulet dans sa soupe, ou lorsque son père révèle à demi-mots à son patron qu'il est un grand fan de Bon Jovi.
La série a été commandée bien avant le succès planétaire d’Everything Everywhere All at Once, mais on ne peut nier que la réussite du film de Daniel Kwan et Daniel Scheinert permet aujourd’hui à une série comme celle-ci d’exister autrement. Plus généralement, on peut apprécier l’évolution du paysage audiovisuel américain vers plus de réalisme.
Il y a dix ans, il aurait été impensable de voir une représentation aussi large de la vie des Asiatiques et des Américains d'origine asiatique dans une série télé grand public, même si au final, on ne fait que suivre les tribulations d’un ado qui est le protagoniste d’une série Disney.