Le 12 avril, Splendor Films propose une rétrospective de 5 films du maestro John Carpenter en version restaurée 4K : Dark Star, Invasion Los Angeles, New York 1997, Prince des ténèbres et Fog.
Parmi ces titres, Invasion Los Angeles est sans doute l'oeuvre la plus visionnaire et la plus captivante de John Carpenter.
À noter que la restauration 4K de ce film a été réalisée en 2018 par le laboratoire Silvercast en Grande-Bretagne, avec la collaboration de Studio Canal. Par ailleurs, elle a été supervisée par le directeur de la photographie du film lui-même, Gary B. Kibbe.
Dans Invasion Los Angeles, Carpenter nous présente John, un ouvrier au chômage. Ce dernier, incarné par Roddy Piper, découvre un groupe discret qui fabrique des lunettes noires.
Intrigué, il en essaie une paire et découvre un monde effrayant : de nombreux humains sont en réalité des extraterrestres aux visages hideux et écorchés ; les panneaux publicitaires ordonnent la soumission dans des termes dignes de Big Brother.
Avec un autre ouvrier, il affronte les envahisseurs. Mais quel jeu joue Holly, la séduisante responsable des programmes du canal 54 ?
Sorti à la fin des années 1980, en plein dans les années Reagan, Invasion Los Angeles dynamite une Amérique sûre d'elle et dominatrice. Pour Libération, ce film est une "charge violente contre la politique reaganienne, un portrait au vitriol d’une Amérique apathique."
Selon les Inrockuptibles, l'oeuvre de Carpenter est un "éblouissant pamphlet politique et un grand film visionnaire." Pour écrire son scénario, John Carpenter s'est inspiré de la nouvelle Les Fascinateurs, écrite par Ray Faraday Nelson.
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UN PAMPHLET VISIONNAIRE
Si le film paraît toujours aussi pertinent de nos jours, c'est notamment par sa dimension subversive liée à sa critique acerbe du capitalisme et des médias. Le capitalisme est décrit comme un système d'exploitation des pauvres et d'une majorité opprimée.
Une petite oligarchie d'extraterrestres impose sa domination sur les humains avec la collaboration d'une poignée d'entre eux, récompensés par de l'argent ou du pouvoir en échange de leur servilité.
Par ailleurs, l'idée de la paire de lunettes qui dévoile au héros la vérité de ce monde est une excellente métaphore pour distiller une charge acerbe contre les médias et la manipulation de masse.
Pour Carpenter, le message est clair, une grande partie du monde médiatique participe à la lobotomisation du peuple et à son asservissement, notamment via l'incitation permanente à la consommation.
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LAVAGE DE CERVEAU
Un lavage de cerveau savamment orchestré représenté par les publicités que l'on peut décrypter quand John Nada enfile ses lunettes : "Obéis", "Consomme", "Marie-toi et procrée", "Abandonne toute imagination"...
À l'époque, la volonté du réalisateur était de tirer à boulets rouges sur les Reaganomics (les politiques en matière d'économie du président des USA Ronald Reagan durant les années 1980).
Aux Etats-Unis, l'oeuvre reçoit un accueil mitigé. Jay Carr, journaliste au Boston Globe écrit notamment qu'Invasion Los Angeles, "en tant que comédie d'horreur de science-fiction, est dans la même classe que Terminator et Robocop, même si son héros ne porte pas de biceps bioniques."
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De so côté, Richard Harrington, du Washington Post, est moins élogieux : "C'est juste John Carpenter, comme d'habitude, essayant de creuser profondément avec une pelle jouet. L'intrigue du film est pleine de trous noirs, le jeu des acteurs est misérable, les effets sont de second ordre."
Toutefois, Invasion Los Angeles fonctionne plutôt correctement au box-office. Tourné avec un budget modeste de 4 millions de dollars, il rapporte 13 millions de billets verts aux USA. En France, il attire 177 294 spectateurs lors de sa sortie en avril 1989.
