Hasard des calendriers, en mai 2003, Kill Bill: Volume 1 se retrouve à sortir aux Etats-Unis le même vendredi que Matrix Reloaded, suite très attendue de Matrix premier du nom, qui avait séduit la planète entière avec 757,8 millions de dollars rapportés contre 103 millions de budget (chiffres ajustés à l'inflation).
Tarantino tremble. Un blockbuster de cette importance risque de voler toutes ses entrées potentielles au premier volet de son diptyque hommage aux films qui ont bercé et construit sa cinéphilie dans les années 70 et 80 : ceux des vidéoclubs. Puis Tarantino a vu Matrix Reloaded, et il s'est rassuré, comme il l'a confié au média Vulture :
[Matrix 2] était l'épée de Damocles au-dessus de nos têtes. J'ai vu Matrix Reloaded au Chinese Theater le jour de sa sortie et je suis sorti du cinéma en chantant la chanson de Jay-Z. Je me suis dit : 'P*tain, vas-y, j'étais inquiet pour ça ?!
Et lorsqu'en 2009, Sky Movies lui avait demandé de partager sa liste de films préférés, le réalisateur de Pulp Fiction s'était confié sur la façon dont Reloaded et Matrix Revolutions avaient selon lui nuit à la saga des Wachowski dans son ensemble :
"Il y a un temps où j'aurais considéré Matrix comme mon numéro 2 après Battle Royale. Mais je dois dire que c'était une époque antérieure aux sorties de Matrix 2 et 3 qui m'ont ruiné la mythologie. Mais même s'ils m'ont ruiné la mythologie et ont fait baisser Matrix dans ma liste, franchement (...), ils ne l'ont pas entièrement annihilé."
Tarantino sauve donc encore un peu le premier Matrix malgré avoir visiblement détesté ses suites, qui ont réduit à ses yeux l'impact du film original. Quant à son avis sur Matrix Resurrections, il ne l'a pas (encore) partagé.
Tarantino n'a jamais été un grand fan des suites. Sa filmographie en témoigne, puisqu'il a toujours écrit des scénarios originaux qui se terminaient une fois le long métrage fini. Cela étant dit, il y a tout de même un univers connecté "tarantinesque" puisque des marques fictives et des clins d'oeils plus ou moins directs relient ses films les uns avec les autres.