De quoi ça parle ?
Madeleine, brillante et idéaliste jeune femme issue d'un milieu modeste, prépare l'oral de l'ENA dans la maison de vacances d'Antoine, en Corse. Un matin, sur une petite route déserte, le couple se trouve impliqué dans une altercation qui tourne au drame. Lorsqu'ils intègrent les hautes sphères du pouvoir, le secret qui les lie menace d'être révélé. Et tous les coups deviennent permis.
Après la comédie policière Mon Crime, l'actrice Rebecca Marder est de nouveau à l'affiche, en ce mercredi 22 mars, 15 jours à peine après la sortie du film de François Ozon. Changement de registre avec De grandes espérances, puisque ce film écrit et réalisé par Sylvain Desclous s'inscrit dans la lignée des thrillers politiques. Aux côtés de Benjamin Lavernhe, rôle principal masculin du film, Rebecca Marder campe une jeune femme ambitieuse, qui veut faire son chemin dans la politique. Nous avons rencontré l'équipe du film. Nous vous proposons de découvrir des extraits de ces interviews, à la fois en vidéo, et dans l'article ci-dessous.
Comme Rebecca Marder et Benjamin Lavernhe nous l'expliquent dans l'interview vidéo ci-dessus, De grandes espérances nous invite à "entrer dans le milieu de la politique par une histoire intime". "C'est un film qui parle à la fois d'amour, de politique, de secret... Qu'est-ce qu'on est prêt à cacher pour faire carrière ?", développe Rebecca Marder. Et d'ajouter : "C'est un thriller palpitant. C'est un peu la tragédie grecque. Ils viennent de deux milieux assez différents. Mon personnage est ramené à sa condition par le fatum, le coup du sort. Le destin la ramène."
Selon Sylvain Desclous, scénariste et réalisateur, l'interrogation de départ du film pourrait être la suivante : "Peut-on changer le monde si on a les mains sales ?" Et d'ajouter : "Ce n'est pas la phrase point de départ, mais elle est venue assez rapidement, en cours d'écriture. C'est une phrase qui m'a beaucoup aidé dans mon travail, avec Rebecca Marder sur le plateau. On a travaillé le personnage avec cette ambivalence, cette déchirure qui la constitue. Elle a des convictions, des ambitions extrêmement nobles, enthousiastes, et en même temps, elle a ce boulet qu'elle se traine au pied, et dont on ne révèlera pas la teneur !"
A propos du choix de ses comédiens, Sylvain Desclous explique : "Ce que j'adore dans Benjamin, c'est qu'il inspire assez immédiatement la sympathie. C'est quelqu'un qu'on aime à l'écran. Je trouvais ça intéressant de lui faire endosser le costume de quelqu'un qui n'est pas forcément le mec le plus sympathique de la Terre. Je pense qu'on peut le détester !"
Benjamin Lavernhe a été séduit par ce rôle différent dans sa filmographie : "On me dit que je joue souvent des salauds ou des cons, mais c'est parce que c'est souvent, quand ils sont bien écrits, ce sont les plus beaux rôles. Là je me suis dit que je n'avais jamais joué ça, et j'ai de la chance qu'on me le propose."
Au sujet de Rebecca Marder, le réalisateur poursuit : "Il y a son énergie, son insouciance, sa jeunesse, sa gaieté. Je voulais éviter avec son personnage d'être trop littéral ou naturaliste. Je voulais une authentique femme pleine de vie. Et de voir ce que ça provoquait. Plus le film avance, plus elle ploie sous les épreuves et plus elle résiste. Ce n'est peut être pas ce qu'on penserait de prime abord quand on voit son personnage."
C'est un film sur l'ambition, sur la manière dont on peut ou on ne peut pas s'arracher à un milieu pour essayer de se réaliser.
"Le personnage principal a en elle un secret, et donc forcément un mensonge... Elle est amenée à évoluer dans un milieu professionnel dans lequel elle est obligée de taire ce secret. Mais je ne dirais pas que c'est un film sur le secret ou le mensonge."
"C'est un film sur l'ambition, peut être sur la lutte des classes, sur la manière dont on peut ou on ne peut pas s'arracher à un milieu pour essayer de se réaliser, de devenir quelqu'un tout en restant complètement intègre, honnête, en défendant ses idées. Jusqu'au moment où ce passé là dont on ne peut pas parler vous rattrape, vous freine, et comment est-ce que vous faites."
"J'avais très envie de situer mon film dans l'univers de la politique", poursuit-il. "Ce qui m'a intéressé, c'est comment la politique révèle parfois le meilleur de nous. C'est un endroit où les idées s'affrontent, les conceptions du monde s'affrontent, et ça me plaisait que le personnage principal soit une jeune femme qui ne pense pas comme 90% des gens que les hommes politiques sont tous pourris, et que la politique, ça ne sert à rien. Au contraire, elle pense qu'il faut y aller. Quoi de mieux pour mettre en valeur ses idées que de faire sciences-po, faire l'ENA, et changer le monde de l'intérieur. Je ne me retrouve pas dans ce discours de dévalorisation de la chose politique et de la parole politique."
Propos recueillis au Festival du film francophone d'Angoulême 2022
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De grandes espérances, réalisé par Sylvain Desclous, coécrit par Sylvain Desclous et Pierre Erwan Guillaume, avec Rebecca Marder, Benjamin Lavernhe, Emmanuelle Bercot, Marc Barbé. Le film sort au cinéma ce mercredi 22 mars 2023.