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    The Fabelmans : un grand réalisateur se cache dans le film de Steven Spielberg, l'avez-vous reconnu ?
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Dans "The Fabelmans", plusieurs grands réalisateurs sont évoqués ou incarnés, comme Cecil B. DeMille ou encore John Ford. Mais avez-vous reconnu le cinéaste qui le joue ?

    ATTENTION - L'article ci-dessous contient quelques spoilers sur l'intrigue de "The Fabelmans", dans la mesure où il revient sur l'une de ses dernières scènes. Veuillez passer votre chemin si vous ne l'avez pas vu. Ou ne connaissez pas l'anecdote sur laquelle elle repose.

    Sorti ce mercredi 22 mars dans nos salles, à quelques semaines de la 95ème cérémonie des Oscars dont il l'est l'un des favoris, The Fabelmans est assurément le plus personnel des films réalisés par Steven Spielberg. Car il se confronte directement à son enfance, dont il a utilisé plusieurs éléments au gré de ses films.

    The Fabelmans
    The Fabelmans
    Sortie : 22 février 2023 | 2h 31min
    De Steven Spielberg
    Avec Gabriel LaBelle, Michelle Williams, Paul Dano
    Presse
    4,9
    Spectateurs
    4,2
    Voir sur Netflix

    C'est notamment le cas pour le divorce de ses parents, qui lie des longs métrages tels que E.T., Rencontres du troisième type, Hook, Munich, Minority Report, La Guerre des mondes ou Jurassic Park, autour de la notion de parentalité ou de la figure du père absent ou en échec.

    Mais également de son amour du cinéma, qui a fait naître sa vocation et lui a servi de refuge face à la dure réalité qu'il refusait d'affronter. Et c'est ainsi que The Fabelmans s'ouvre et se clôt sur la rencontre entre Sammy (alter ego de Steven Spielberg incarné par Mateo Zoryon Francis-DeFord puis Gabriel LaBelle) avec un grand réalisateur de l'âge d'or hollywoodien.

    Et Steven Spielberg découvrit le cinéma... Universal Pictures International France
    Et Steven Spielberg découvrit le cinéma...

    D'abord Cecil B. DeMille, qu'il ne rencontre pas personnellement. Mais la découverte de Sous le plus grand chapiteau du monde, pour sa première séance de cinéma, a changé sa vie (et la nôtre par la même occasion), faisant naître chez lui une passion qui allait faire de lui l'un des plus grands réalisateurs de l'Histoire du 7ème Art. Après avoir tenté de reproduire ce qu'il avait vu à l'écran.

    Quelques années plus tard, alors qu'il fait ses premiers pas dans l'industrie, Sammy Fabelman rencontre John Ford, réalisateur célèbre pour ses westerns (La Chevauchée fantastique, La Prisonnière du désert, L'Homme qui tua Liberty Valance) mais à qui l'on doit également des classiques tels que Les Raisins de la colère ou Qu'elle était verte ma vallée. Issue des souvenirs de Steven Spielberg, cette scène un brin lunaire a vraiment eu lieu, et le cinéaste la reproduit dans son nouvel opus.

    Et le réalisateur est incarné par un autre metteur en scène, qui n'est pas immédiatement reconnaissable : David Lynch. Ce n'est pas la première fois que ce dernier apparaît à l'écran mais, hormis Lucky de John Carroll Lynch, il a pour habitude de se diriger lui-même. Sa présence dans The Fabelmans est d'autant plus événementielle, au-delà de la figure qu'il incarne. Et on la doit autant au mari du co-scénariste Tony Kushner qu'à Laura Dern.

    "Nous parlons [de The Fabelmans] depuis que nous avons fait Munich, et lorsque nous avons vraiment commencé à lui donner vie, Steven et moi étions d'accord sur ce point : il fallait que ce soit la fin du film", raconte Tony Kushner à The Film Stage. "Lorsque nous arrivons à la phase de casting, nous nous demandons souvent 'Qui va pouvoir jouer cette personne ?' Il arrive parfois que nous le sachions déjà mais, la plupart du temps, sur les quatre films que nous avons faits ensemble [Munich, Lincoln, West Side Story et The Fabelmans, ndlr], ça n'était pas encore déterminé."

    Ça ne se fera jamais car il n'acceptera jamais de le faire, mais ça devrait être David Lynch

    "Nous nous sommes dit que nous trouverions quelqu'un. Nous avons commencé à songer à beaucoup d'acteurs merveilleux qui ressemblent un peu [à John Ford] mais étaient un peu trop jeunes - rien n'était vraiment excitant. Mon mari est celui qui, quand je suis rentré en disant 'Steven Spielberg m'a demandé de réécrire West Side Story, qu'est-ce que je vais faire ?', m'a répondu : 'Ouais. Et surtout, que vas-tu faire de Doc ?' Le seul personnage de West Side Story qu'aucun de nous n'aimait particulièrement."

    "Je ne savais pas et il m'a dit 'Transforme Doc en une femme porto-ricaine et demande à Rita Moreno de la jouer.' C'est déjà lui qui avait suggéré d'engager Lee Pace dans Lincoln et Lynn Cohen dans Munich. Il a un vrai oeil pour ça (Rires) (...) J'avais un candidat pour Ford qui me passionnait, mais je ne savais pas vraiment ce que nous allions faire. Mark m'a alors dit : 'J'ai une idée.' Il est monté dans son bureau en me demandant quelques minutes , puis il est redescendu."

    David Lynch en John Ford Universal Pictures International France
    David Lynch en John Ford

    "Je pense qu'il voulait s'assurer que cela collait physiquement. Et il m'a dit : 'J'ai une super idée. Mais ça ne se fera jamais car il n'acceptera jamais de le faire, mais ça devrait être David Lynch.' Je me suis dit 'Mon Dieu !' et j'ai appelé Steven qui m'a dit "Mon Dieu... mais il ne le fera jamais.' Puis il a pensé à Laura Dern. Il l'a appelée puis elle a appelé David. Et ça a eu lieu."

    Et c'est ainsi que David Lynch s'est retrouvé dans la peau de John Ford pendant une journée. "C'était un jour dingue sur le plateau", raconte Tony Kushner. "C'était la chose la plus méta et compliquée : Steven Spielberg dirige Gabriel LaBelle qui incarne Steven Spielberg qui rencontre John Ford joué par David Lynch." Vu sous cet angle, la scène n'en est que plus vertigineuse. Et elle conclut The Fabelmans de la meilleure des manières, jusque dans son plan final parfait.

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