Il y a 24 ans, dans le premier volet de la saga Matrix, il prêtait ses traits à Neo, un pirate informatique cherchant à se libérer de l'emprise exercée par les machines sur son existence tout entière. Aujourd'hui, Keanu Reeves poursuit indirectement sa lutte contre les dérives de l'intelligence artificielle, ainsi qu'il l'a encore déclaré récemment au micro de Wired.
En effet, depuis quelques années, et notamment face au développement de la technologie deepfake, le comédien a décidé d'ajouter une clause à ses contrats stipulant que ses performances ne pouvaient en aucun cas être modifiées numériquement sans son accord.
"Cela m'est égal si quelqu'un retire un clignement d'oeil durant un montage. Mais au début des années 2000, ou bien dans les années 90, une de mes performances a été modifiée", a ainsi expliqué Keanu Reeves.
"Ils ont ajouté une larme sur mon visage (...). C'était comme si je n'avais même pas besoin d'être là."
Toujours au micro de Wired, le comédien poursuit son raisonnement en évoquant le deepfake, ce procédé numérique permettant par exemple de superposer les expressions d'un acteur au visage d'une autre personne :
"Ce qui est frustrant, c'est que vous perdez votre capacité d'action. Lorsque vous livrez une performance dans un film, vous savez que ça va être monté, mais vous y participez. Lorsque vous entrez dans le monde du deepfake, aucun de vos points de vue n'est pris en compte. C'est terrifiant. Cela va être intéressant de voir comment les êtres humains vont faire face à ces technologies."
Culturellement, socialement, nous allons nous retrouver confrontés à la valeur du réel.
Egalement interrogé sur l'écho que peut trouver la saga Matrix à notre époque, 20 ans après la sortie du premier film, et à l'aune de ces nouvelles technologies, Keanu Reeves a répondu en s'interrogant sur l'évolution de notre rapport au réel :
"Une fois, j'essayais d'expliquer l'intrigue de Matrix à un jeune de 15 ans, et de lui dire que mon personnage se battait vraiment pour ce qui était réel. Et ce jeune m'a répondu : "On s'en fiche que ça soit réel." Les gens grandissent avec ces outils-là. Nous écoutons déjà de la musique qui a été composée par une IA dans le style de Nirvana, il y a de l'art numérique avec les NFT."
"On se dit : 'Regardez ce que ces adorables machines peuvent faire.' Mais il y a un pouvoir corporatiste derrière qui chercher à contrôler ces choses. Culturellement, socialement, nous allons nous retrouver confrontés à la valeur du réel, ou à son absence de valeur."
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