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    Astérix : Guillaume Canet ne voulait pas jouer le petit gaulois dans L'Empire du Milieu
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Guillaume Canet revient avec nous sur les défis de "Astérix et Obélix : L'Empire du Milieu", et nous explique qu'il comptait initialement y jouer… Jules César.

    Astérix en chair et en os : cinquième ! Après Claude Zidi, Alain Chabat, le duo Frédéric Forestier - Thomas Langmann et Laurent Tirard, Guillaume Canet reprend les aventures du célèbre gaulois en main. Devant comme derrière la caméra, puisqu'il incarne également le rôle-titre face à son compère Gilles Lellouche en Obélix.

    Mais ça n'est pas ce personnage qu'il souhaitait initialement incarner, comme il nous l'explique tout en revenant sur la genèse et les défis de L'Empire du Milieu, projet riche en rebondissements et adapté d'un scénario original, au cinéma le 1er février.

    Astérix et Obélix : L'Empire du milieu
    Astérix et Obélix : L'Empire du milieu
    Sortie : 1 février 2023 | 1h 52min
    De Guillaume Canet
    Avec Guillaume Canet, Gilles Lellouche, Marion Cotillard
    Presse
    2,4
    Spectateurs
    1,7
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    AlloCiné : Comment est né ce projet ? Êtes-vous allé voir Pathé pour leur suggérer de mettre en scène le prochain "Astérix" ? Ou est-ce le studio qui est venu vers vous ?

    Guillaume Canet : Au départ, il n'y avait même pas Pathé dans le projet. Yohan Baiada, qui est producteur, avait réussi à obtenir les droits de ce scénario original qu'il a développé avec Julien Hervé, Philippe Mechelen et Hachette. Et ils sont venus chercher Alain Attal, mon producteur, qui est venu voir si ça m'intéressait de le réaliser.

    J'ai lu le traitement d'une vingtaine de pages qui avait été écrit, et j'ai tout de suite vu qu'il y avait un truc qui était très ambitieux et un peu différent des autres films qui avaient été faits, car, là, ça collait plus à la BD.

    Il y avait aussi le côté voyage, aventures ou film d'action, qui permettait d'aller vers des effets spéciaux et d'avoir une certaine modernité pour nos super-héros - car c'est le cas, ils sont des super-héros.

    J'ai senti qu'il y avait vraiment matière à faire un film populaire, et ça m'a beaucoup excité car ça allait être quelque chose en plus de ce qui avait été fait. Pas seulement une comédie.

    Au départ je voulais jouer César

    A quel moment s'est présenté le fait de jouer aussi le rôle d'Astérix ?

    Au départ je voulais jouer César. Mais je me suis rendu compte que ça n'était pas raisonnable. Enfin, non, car jouer Astérix l'est encore moins. Mais je trouvais qu'on allait trop être dans la redite avec ce qu'on a fait avec Marion [Cotillard, interprète de Cléopâtre ici, ndlr] dans Rock'n Roll, en rentrant de nouveau dans cette autodérision. Je trouvais dommage de recommencer le même thème mais il n'était pas question non plus que je joue Astérix.

    Mais c'est mon entourage et la production chez Pathé, une fois qu'ils sont arrivés sur le projet, qui m'ont convaincu que j'étais la bonne personne parce que j'avais le caractère : le côté un peu conquérant du personnage. Un peu chiant aussi, très sur les règles.

    Donc j'ai finalement décidé que ça pouvait être une bonne idée. Et c'est très excitant pour un acteur de jouer Astérix, il y a plein de choses à faire avec ce personnage.

    Est-ce qu'il est plus facile, pour se réapproprier l'univers d'Astérix, de partir d'un scénario qui n'adaptait aucune bande-dessinée ?

    C'est très compliqué. Parce qu'il faut, à la fois, avoir la liberté de raconter une histoire qui n'existe pas. Et, en même temps, il faut réussir à rester dans les codes, dans l'ADN d'Astérix et Obélix.

    Pour ça, j'ai eu la chance incroyable de rencontrer Albert Uderzo avant qu'il ne nous quitte [en mars 2020, ndlr], de lui lire quelques pages et de voir ses yeux pétiller et son sourire. C'était quelque chose d'extrêmement encourageant.

    Je lui ai alors fait un promesse, qui est également celle que j'ai faite envers moi-même et le travail de René Goscinny, à savoir d'être le plus fidèle et de respecter l'ADN et le genre de l'œuvre originale.

    Les gens de la BD essayent de réussir à retranscrire une certaine actualité moderne, comme ils le faisaient à l'époque, mais dans la bouche de ces Gaulois, avec un certain langage qui n'est jamais grossier mais avec cette absurdité, un peu décalée, et des jeux de mots.

    Ensuite j'ai eu la chance d'avoir le soutien des ayants droit : Sylvie Uderzo, la fille d'Albert, ou encore Anne Goscinny, la fille de René. Il fallait être sûr de rester dans le langage d'Astérix et Obélix, et je pense, si je ne me trompe pas, qu'on l'a bien fait.

    Souvenir d'un tournage brumeux pour Guillaume Canet

    Cet "Astérix" est, de loin, votre plus gros projet. Quelles ont été les principales difficultés sur le tournage, et qu'en avez-vous appris en tant que réalisateur ?

    J'ai appris à tourner jour par jour. C'était tellement énorme, avec des problèmes qui s'annonçaient tous les jours. J'arrivais le matin - en sachant que j'ai dormi quatre mois dans ma caravane, sur place, car je voulais pouvoir me reposer et ne pas perdre de temps dans les transports - et il y avait des problèmes.

    Tous les matins, sur un film comme ça, on vous annonce que tel acteur s'est blessé et qu'on est finalement obligé de changer le plan de travail. Qu'il doit pleuvoir dans deux jours alors qu'on fait une scène avec cinq cents figurants dehors et où il est censé faire beau.

    Donc à chaque jour suffit sa peine, et on se dit "OK, aujourd'hui on tourne ça. On se concentre là-dessus et on verra demain."

    C'est comme ça que j'ai fait ce film, petit à petit. En essayant de ne pas penser à l'avenir. De ne pas penser à ce que sera le film. Essayer d'être un peu inconscient et garder le sourire.

    J'étais avec des gens qui étaient extrêmement heureux de faire partie du film et d'être là, et moi je me devais aussi de cacher mon désarroi ou mes inquiétudes. Donc j'ai essayé de m'amuser, ce qui n'était pas toujours évident. Mais j'ai essayé.

    Et le Covid a sans doute beaucoup changé le projet par rapport à ce qu'il devait initialement être.

    Oui, énormément ! Déjà on n'a pas tourné en Chine à cause de la pandémie. Et quand vous avez cinq cents figurants, que vous tournez en Auvergne alors qu'il fait cinq degrés et qu'ils sont tous en sandalettes et jupette, que tout le monde a froid et que tu files des couvertures polaires à tous, il y a à peu près un quart d'heure entre le "Moteur !" et le "Action !" : car à "Moteur !", des gars avec des brouettes sont devant chaque rangée de figurants pour récupérer les couvertures.

    Et derrière, il faut que les figurants enlèvent leur masque et le mettent dans une poche faite exprès dans leur costume. C'est fou l'inertie qu'il y a. C'était un péplum le truc. (rires)

    Ça donne des ailes que d'apprendre à travailler avec des spécialistes des effets spéciaux

    Et de quoi on a envie après avoir fait un péplum ? Revenir à quelque chose de plus petit ou viser encore plus haut ?

    Là franchement… Je sors à peine la tête de l'eau parce que je viens de finir le film et que, maintenant, je fais la promo. Puis il va sortir et je suis en attente de voir comment il va être accueilli.

    Évidemment, quand on fait un film comme ça, ça donne des ailes que d'apprendre à travailler avec des spécialistes des effets spéciaux. On comprend comment des films comme les Avengers sont faits par exemple.

    Ça développe un imaginaire et ça donne envie de faire d'autres films comme ça. Et, en tant que réalisateur, ça me donne envie d'offrir aux Français des films français avec des moyens énormes.

    Mais pour ça, il faut que des films comme celui qu'on vient de faire marchent. Si les gens n'y vont pas, il n'y en aura pas d'autres. Et pas avant longtemps à mon avis. Là, le cinéma repart un peu, heureusement, mais il faut que les gens y aillent. Et que les gens qui ne l'ont pas vu aient la curiosité d'y aller avant de critiquer.

    Ce qui semble être quelque chose de compliqué aujourd'hui.

    Oui, les gens sont véhéments. Et parfois très très durs, sans même avoir vu les choses ou le travail. Mais ça, on ne peut rien y faire, c'est comme ça. Mais je ne peux que les encourager à avoir un peu d'indulgence. Et de curiosité surtout. Si après ils le voient et trouvent ça bien, c'est dommage car ils vont se rendre compte qu'ils ont parlé trop vite.

    Je pense que c'est une bonne règle, aujourd'hui, pour encourager la création et le cinéma, que de respecter ça au moins et de voir le film d'abord. Et après de critiquer, évidemment, et d'être libre de le faire. Mais ça a toujours existé. Je suis dans cette fébrilité parce que la sortie approche. (rires) Et on y es forcément sensible.

    Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Paris le 9 janvier 2023

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