En 2011, le suicide par immolation du jeune Mohamed Bouazizi déclenche la révolution tunisienne et l’éviction du président Ben Ali.
Une dizaine d’années plus tard, les officiers Fatma et Batal découvrent un corps calciné dans les Jardins de Carthage, un quartier de Tunis créé par l’ancien régime et dont la construction a été brutalement stoppée par la révolution. Ils envisagent d’abord un acte isolé et suicidaire, mais d’autres immolations surviennent subitement, toujours au cœur des chantiers. La recrudescence de ces morts mystérieuses entraîne les deux policiers dans une enquête déconcertante.
Une enquête politique entourée d’une aura mystique
Dans les quartiers fantômes de Tunis, spectre de l’ancien régime où résonne encore le crépitement des flammes de la révolution, deux flics mènent l’enquête : Batal (Mohamed Houcine Grayaa), le père de famille désabusé par la violence de son métier, et Fatma (Fatma Oussaifi), jeune et brillante recrue pleine de hargne qui se débat dans un milieu misogyne. Les grandes lignes de ce synopsis pourraient vous rappeler le squelette de n’importe quel thriller, mais Ashkal, l’Enquête de Tunis révèle des atouts qui le rendent unique.
Si son duo de flics et son sens aigu du suspense rivalisent bien avec les grands classiques du genre, le film de Youssef Chebbi, projeté à Cannes lors de la Quinzaine des Réalisateurs, se démarque par deux particularités : sa force politique et son aura mystique.
Solidement ancré dans la réalité tunisienne dont il filme les chantiers déserts comme des personnages hantés par le passé, le réalisateur ne cesse de dépeindre le portrait d’une société en crise où la jeune génération s’écharpe avec les fantômes de l’ancien régime. Mais le véritable tournant se joue dans le souffle mystérieux et spirituel qui élève cette fable politique à un tout autre niveau, et laisse les spectateurs absolument abasourdis.
De la recherche d’un énigmatique et insaisissable prophète meurtrier à la tension politique qui le tiraille en permanence, Ashkal, l’Enquête de Tunis confirme qu’il possède toutes les cartes pour devenir l’un des films incontournables de la rentrée… et une expérience inoubliable en salles.
Ashkal, l'Enquête de Tunis est à découvrir du 18 au 24 janvier en avant-première dans le cadre du Festival Télérama 2023, et en salles à partir du 25 janvier.