Marvel et DC. Une lutte sans merci qui dure depuis des décennies, pour le plus grand bonheur de leurs fans respectifs d'ailleurs. Cela dit, certains ont pu caresser le secret espoir de voir un jour les deux écuries super-héroïques réunies en une seule. Figurez-vous que ce scénario là a bien failli se produire au mitan des années 80.
Fameux scénariste de comics devenu éditeur en chef chez Marvel Comics et également passé chez DC Comics, Jim Shooter raconta qu'il fut approché par un executive de Warner Bros, Bill Sarnoff, en 1984.
DC Comics aux abois
La raison ? Il est aux abois. A la tête du pôle publishing de Warner Bros, auquel appartient DC Comics, il propose à Shooter que les super-héros DC soient désormais publiés sous la bannière de Marvel Comics. En clair, DC garderait la propriété intellectuelle, mais Marvel récupèrerait toute la partie édition et création des Comics DC. Une proposition assez hallucinante, mais qui faisait sens aussi. C'est que, à l'époque, Marvel siphonnait 70% du marché des comics, DC se contentant de 18%...
Shooter est donc allé voir son supérieur, Jim Galton, PDG de Marvel. Ce dernier balaya l'offre d'un revers de main, estimant que si Warner / DC faisait une telle offre, c'est que les personnages DC ne valaient justement plus grand chose. N'écoutant que lui, ancien scénariste chez DC, Shooter croyait dur comme fer à cette proposition en or massif, avec l'idée de relancer les personnages DC grâce aux talents internes des scénaristes et dessinateurs Marvel.
John Byrne, un des plus fameux auteurs de comics qui travailla notamment sur les X-Men et les 4 Fantastiques, plancha même sur un tout premier numéro pour relancer un personnage de l'écurie DC chez Marvel. Et pas n'importe lequel : Superman !
Shooter, de son côté, tirait déjà des plans sur la comète. Il prévoyait une première vague de publication autour des personnages Superman donc, Batman, Wonder Woman, Green Lantern, Les Jeunes Titans, La Justice League, ansi que La Légion des super-héros. Ses projections de ventes ? Astronomiques : pas moins de 39 millions d'exemplaires dans les deux premières années suivant le deal, s'il était accepté, pour générer un profit de 3,5 millions $. Une somme très importante en 1984. A force de persuasion, Shooter a fini par convaincre le PDG de Marvel, Jim Galton, de l'intérêt d'un tel accord financier.
Alors, où est-ce que cela a coincé ? Et bien les avocats de Marvel ont pris peur, et à juste titre. Lorsque le potentiel accord a fuité, certains éditeurs indépendants, comme First Comics, estimaient qu'un tel deal, colossal, tombait sous le coup de la loi Antitrust, précisément destinée à casser les situations de monopole. First Comics porta plainte contre Marvel.
Pour se prémunir d'un procès ruineux qu'elle n'avait en outre quasi aucune chance de remporter, Marvel renonça au deal avec DC. L'ironie, c'est que DC reboota son catalogue un an plus tard, renouant enfin avec le succès, comme le montrera les ventes de Watchmen ou celles de The Dark Knight Returns. Finalement, le Cross Over entre DC et Marvel aura bien lieu, dans les années 90, avec trois volumes Marvel Vs DC. Mais toujours entre deux maisons, éternels frères ennemis.