Mon compte
    Kanun, la loi du sang : la mort rôde dans le nouveau polar du réalisateur de Sons of Philadelphia
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Un an après le percutant "Sons of Philadelphia", Jérémie Guez repasse derrière la caméra avec un autre polar : "Kanun, la loi du sang", qui revient sur une tradition albanaise.

    Auteur, scénariste et, depuis peu, réalisateur, Jérémie Guez a le polar dans le sang. Qu'il signe le roman qui servira de base à Burn Out, collabore au script de Boîte noire ou mette en scène Bluebird et Sons of Philadelphia, il n'est pas bien difficile de déterminer son genre de prédilection.

    Et ça n'est pas avec Kanun, la loi du sang, sa troisième réalisation, que cela change. Un an et demi après Sons of Philadelphia (qui avait cependant été présenté au Festival de Deauville en 2020 et vu sa sortie repoussée pour cause de salles fermées), le cinéaste quitte les États-Unis et pose ses caméras en Belgique. Et plus précisément au sein de sa communauté albanaise.

    C'est là que Lorik (Waël Sersoub, déjà dans Sons of Philadelphia) vit et offre ses services à un clan mafieux, lui qui a fui son pays natal pour échapper à une vendetta. Alors qu'il aspire à une vie plus tranquille et une histoire d'amour, son passé le rattrape sous la forme d'une dette de sang : un homme dont le père a été tué par un membre de sa famille réclame sa mort, selon la tradition du Kanun.

    Wael Sersoub et Tugba Sunguroglu dans The Jokers
    Wael Sersoub et Tugba Sunguroglu dans "Kanun"

    Un terme dont le réalisateur et scénariste a entendu parler, très jeune, dans un reportage à la radio. Et qui va de pair avec sa fascination pour un peuple que le cinéma laisse trop souvent hors-champ : "Il y a une vraie communauté albanaise au Benelux et en Suisse, mais c’est une communauté dont on ne parle pas beaucoup", explique-t-il dans le dossier de presse. "La manière dont le cinéma de genre s’empare des Balkans est souvent très caricaturale et ça m’agace. Je trouve ces cultures et ces langues très intéressantes. Et l’histoire de toute l’ex-Yougoslavie m’a toujours fasciné depuis l’adolescence."

    "L’Albanie a été le seul territoire juste de la zone pendant la Seconde Guerre mondiale. Par exemple, c’est un peuple qui a caché et protégé beaucoup de Juifs. Le pays est par ailleurs majoritairement musulman... : c’est une culture que j’aime et dont je suis curieux. Le 'kanun' est comme un code civil dans le pays. La vengeance ne représente que trois ou quatre pages de ce code. Et ce qui est le point de départ de l’histoire de mon film ne représente pas le 'kanun' de tradition. C’est l’extrapolation mafieuse d’un code civil minutieux..."

    Que feraient des Hongkongais des années 80 ou 90 s’ils filmaient l’Europe du Nord ?

    Une extrapolation pensée comme une rencontre à priori improbable sur le papier : "L’influence, c’était de se dire : que feraient des Hongkongais des années 80 ou 90 s’ils filmaient l’Europe du Nord ? Il ne fallait pas reproduire mais adapter leur manière de penser. Quand le cadre bouge vraiment, c’est finalement très peu de 'caméra épaule', mais plutôt de la caméra portée à la hanche."

    De quoi appuyer le sentiment d'urgence qui habite le nouveau polar de Jérémie Guez, en salles ce mercredi 7 décembre, et où la mort rôde. En attendant le suivant.

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Commentaires
    Back to Top