Lorsque la direction de National Comics Publications (future DC Comics) constate le phénoménal succès de Superman, elle demande à ses auteurs de créer davantage de super-héros. C'est le moment que choisit Bob Kane pour avoir l'idée d'un justicier masqué qu'il baptiserait Batman. Mais cette idée ne lui est pas venue de nulle part.
Plus précisément, elle lui est venue de deux films :
1- Le Signe de Zorro
Un justicier masqué surgissant au coeur de la nuit, quoi de mieux pour inspirer le Chevalier noir ? En 1920, sort le film muet Le Signe de Zorro, porté par Douglas Fairbanks, inspiré d'une histoire tirée du magazine All-Story Weekly et intitulée The Curse of Capistrano. Fairbanks co-signe lui-même l'adaptation qui devient un film d'aventures dont - comme à son habitude - il assure aussi les cascades.
Succès incroyable du cinéma, il redonne un nouveau souffle à la carrière de l'acteur, engluée dans les romances. Il devient le nouvel acteur d'action à la mode, enchainant avec une adaptation des Trois mousquetaires, de Robin des bois, devenant tour à tour Le Voleur de Bagdad, Le Pirate noir, Le Gaucho, Le Masque de fer, etc,.
Le film inspire tant Bob Kane que plusieurs des origin stories de Bruce Wayne (la mort de ses parents dans Crime Alley), préciseront que le cinéma dont sort la famille Wayne passait justement... Le Signe de Zorro.
2- L'Oiseau de nuit
Ce film est inspiré d'une pièce en trois actes à succès signée du dramaturge Avery Hopwood, inspirée d'un roman : The Circular Staircase. Elle raconte comment le criminel masqué qui se fait appeler "The Bat" (la Chauve-souris) visite une maison alors que ses habitants y cherchent de l'argent volé.
Le long métrage muet The Bat (L'Oiseau de nuit en VF) réalisé par Roland West en 1926, pose déjà certaines caractéristiques qui seront reprises pour Batman : un masque avec des oreilles disproportionnées, une trousse à outils de cambrioleur préfigurant les gadgets et une carte de visite en forme de chauve-souris.
Ce film bénéficiera d'un remake parlant plus connu, The Bat Whispers, du même réalisateur, sorti en 1930. Il reprend la même histoire à peu de choses près, toujours avec ce huis clos dans une résidence d'été qui comprend d'ailleurs un majordome qui a pu inspirer le fidèle Alfred de Bruce Wayne.
Et visiblement, lorsqu'on mixe un criminel cambrioleur masqué avec des outils à un justicier masqué bondissant et redresseur de torts, cela donne, dans l'esprit de Bob Kane et du dessinateur Bill Finger le mythique Batman, devenu iconique et qui encore aujourd'hui, plus de 80 ans après sa création, fascine les lecteurs et spectateurs du monde entier.