De quoi ça parle ?
Qu’évoque le SIDA aujourd’hui ? Les nouvelles pandémies nous rappellent à quel point le SIDA a été un tournant. Révolution SIDA pose un regard sans concession sur ce que cette maladie a provoqué et inflige encore, de l’Afrique du Sud à la Chine, de la Russie à la Thaïlande. Des artistes, des responsables politiques, des chercheurs et des témoins décrivent cette révolution sanitaire que l’on croit à tort passée. En dépit des évolutions exceptionnelles de la science et de la médecine, ils dressent un constat glaçant des dysfonctionnements politiques et sociaux engendrés par la maladie : les injustices quant à l’accès aux soins, les discriminations à l’égard des minorités et surtout l’absence de réelle volonté politique qui participent tragiquement à la progression du virus.
Alors que le 1er décembre est la journée mondiale de lutte contre le SIDA, les cinémas proposent cette semaine un documentaire inédit, pensé pour la salle de cinéma : Révolution SIDA. Un travail au long court, fruit du travail du réalisateur Frédéric Chaudier. Le cinéaste a parcouru la planète, avec ce projet imaginé dès 2016, avant qu'une pandémie vienne se mêler au projet et aggraver un peu plus les différents constats partagés par le film.
Comme le documentaire nous l'explique dès son introduction, il y a entre 34 et 44 millions de malades porteurs du VIH dans le monde. La moitié n'a pas accès aux traitements. "Ces chiffres sont les chiffres officiels émanant d’Onusida mais sont probablement sous-estimés, précise le réalisateur dans le dossier de presse. De plus, ils se sont sans doute fortement aggravés depuis la crise du Covid. Il y a eu des problèmes d’approvisionnement, des ruptures de la chaîne logistique, entre autres en Afrique subsaharienne. Et s’il y a rupture d’approvisionnement, il y a des manques dans l’observance du traitement, et il y a donc des risques de rechute ou de résistance au virus."
L’un des enjeux du film est d’inciter à voir plus grand, plus ample qu’à l’intérieur de nos frontières.
L'intérêt majeur de ce documentaire extrêmement dense et donnant la parole à de nombreux interlocuteurs, dont Charlize Theron, est de parler de l'épidémie avec des problématiques précises par pays / continents. L'idée était d'éviter une approche franco-française. "Aller explorer d’autres contrées qui agiraient comme autant de miroirs qui renverraient un reflet de situations de discrimination, d’errements politiques, de compromissions parfois, que la France a pu connaître et sans doute connaît encore", complète Frédéric Chaudier.
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Et d'ajouter : "L’ambition connexe était aussi d’explorer ce que le VIH a démoli, ce qu’il a poussé à inventer, les freins qu’il a fait apparaître, ce qu’il lui reste à nous enseigner. Sur ce dernier point, il s’agit sans doute pour bonne partie de notre humanité... (...) La France n’est pas une bulle isolée sur la planète, elle est au contraire très poreuse, et ailleurs dans le monde, ça se passe mal. On ne règlera pas l’épidémie VIH/sida si on ne s’empare pas de la question avec la plus large des visions. (...) L’un des enjeux du film est d’inciter à voir plus grand, plus ample qu’à l’intérieur de nos frontières. Il faut une volonté politique large et maintenue dans le temps."
Le documentaire, même s'il insiste sur l'impact très négatif qu'a eu le Covid sur la lutte contre le SIDA, donne quand même accès à des informations un peu plus porteuses d'espoir. "Malgré tout, il y a eu en quarante années d’épidémie des progrès formidables ! Il faut tout de même voir d’où on part !"
Pour avoir un aperçu très complet de la question du SIDA à travers le monde, Révolution SIDA de Frédéric Chaudier sort au cinéma ce mercredi 30 novembre 2022.