Dans la volumineuse encyclopédie des productions cinématographiques mondiales, ce ne sont pas les œuvres choc qui manquent. Si nombre d'entre elles ont abondamment versé dans le voyeurisme malsain, l'ultra violence et le sadisme gratuit, surfant parfois sans vergogne sur des tendances du moment pourvu qu'il y ait quelques billets à la clé, d'autres productions plus ou moins récentes se sont heureusement chargées de remettre certaines pendules à l'heure.
Des œuvres radicales, profondément dérangeantes, insoutenables parfois, capable d'interpeller et / ou de révulser les spectateurs, pour le meilleur ou pour le pire. Et dans ce registre, ca tombe bien, Quentin Tarantino n'est jamais avare en conseils de visionnage. Il porte ainsi en très haute estime Audition du réalisateur Takashi Miike, qu'il qualifie d'ailleurs de pur chef-d'oeuvre. C'est même l'une des oeuvres préférées de Q.T.
Cinéaste japonais absolument prolifique à la filmographie en dents de scie, capable de balayer un spectre vertigineux de genres de films, du western (Sukiyaki Western Django) à l'adaptation de manga (Ichi The Killer) en passant par celle de jeux vidéo (Like a Dragon, tiré de la franchise des jeux Yakuza) ou le film d'horreur (l'éprouvante Maison des sévices), Takashi Miike a connu la consécration internationale avec Audition, qui fut d'ailleurs son premier film à sortir en France.
Sur le fil du rasoir
Audition, c'est l'histoire de Shigeharu Aoyama, un producteur de films. Veuf depuis sept ans, il accepte sur les conseils de son collègue Yoshikawa, d’organiser une audition pour un film imaginaire afin de trouver une nouvelle épouse.
Il déniche la perle rare en la personne d’Asami Yamasaki (incarnée par Eihi Shiina, qui faisait ici ses débuts sur grand écran), une jeune femme douce et intelligente. Il en tombe aussitôt amoureux et, sans lui révéler son subterfuge, commence à entretenir une relation avec elle.
Lors d’une escapade au bord de l’océan, Asami disparaît. L’enquête d’Aoyama révèle un angoissant secret : la disparition et le meurtre de plusieurs personnes. Alors qu’il commence à comprendre la véritable personnalité d’Asami, celle-ci réapparaît et tout bascule dans le cauchemar...
Une épouvante à combustion lente
Qualifier Audition de pur film d'horreur est finalement un peu réducteur. La vie quotidienne et solitaire d'Ayoama est décrite de manière simple une bonne partie du film. Le temps aussi de distiller un malaise diffus, qui s'installe durablement, avant de basculer dans la dernière partie du film dans une cruauté physique et psychologique pas loin d'être insoutenable, et en tout cas cauchemardesque, ce qui décuple la force d'impact de cette œuvre. Très recommandée donc, et évidemment, déconseillée aux âmes sensibles...