En attendant de savoir quelles nouvelles surprises technologiques nous réserve James Cameron dans Avatar : la voie de l'eau, au cinéma à partir de demain, repenchons-nous sur le passé du cinéaste et sur quelques instants mémorables où il a repoussé les limites du raisonnable pour nous offrir un spectacle extraordinaire.
LA RÉVOLUTION ABYSS
Quatrième long métrage de James Cameron réalisé en 1989, Abyss est une véritable plongée en apnée vers l'inconnu pour le spectateur... mais l'a également été pour toute l'équipe du film lors de la production.
Tournage de tous les défis sur lequel les acteurs devaient souvent passer 10 heures d'affilée immergés dans l'eau, dans des conditions parfois très difficiles, et qui a même failli coûter la vie à James Cameron (il a manqué de se noyer !), Abyss reste également ancré dans l'histoire du cinéma pour son tour de force technologique.
En effet, sous l'impulsion de Cameron, alors que les images de synthèse en étaient encore à leurs premiers balbutiements à Hollywood, le mythique studio ILM a réussi l'impossible : animer une créature entièrement constituée d'eau de manière réaliste et la faire interagir avec des personnages de chair et d'os.
Ce défi pratiquement insurmontable, lancé par l'ambition sans bornes de Cameron, a donc été relevé par les équipes de Dennis Murren et de Mark Dippé. Initialement pensé comme une créature d'argile en stop motion sur laquelle auraient été projetées des images d'eau, le monstre a finalement été créé en CGI : une première, mis à part le chevalier de vitraux du Secret de la Pyramide, d'apparence beaucoup plus rudimentaire.
"D'un côté, c'était un vrai saut dans l'inconnu, et en même temps, ça promettait d'être super cool", raconte Cameron dans l'excellente série documentaire Light and Magic, disponible sur Disney+, que l'on vous conseille vivement de découvrir pour plus de détails.
En plus du rendu aquatique du monstre, les équipes d'ILM ont été obligées d'imaginer comment animer un visage à son extrémité, et comment le faire évoluer au sein de plans où la caméra était en mouvement. Un point non négociable pour James Cameron, qui n'a pas hésité à imposer son perfectionnisme habituel à ses équipes : "Ils m'ont dit 'Les mouvements de caméra, ça risque d'être problématique'", raconte le cinéaste. "Je leur ai répondu 'C'est pas mon problème, la caméra va bouger.'"
Le résultat : une créature à l'apparence unique sur grand écran, une expérience inédite et très impressionnante pour le public, et qui sera d'ailleurs perfectionnée deux ans plus tard, avec l'inoubliable Robert Patrick en métal liquide de Terminator 2. Bref, un début de révolution pour le cinéma, et un essai définitivement transformé en 1994 par le Jurassic Park de Steven Spielberg.
L'HÉLICOPTÈRE DE TERMINATOR 2
En 1991, deux après Abyss, James Cameron vise encore plus haut, et frappe encore plus fort. Dans tous les domaines.
Outre un scénario infaillible, une alchimie impeccable entre ses personnages et un nouveau palier franchi dans le domaine des images de synthèse (grâce au savoir-faire toujours croissant d'ILM), le cinéaste ose également tenter des prouesses "à l'ancienne", sans souris ni clavier. Comme par exemple lors de la magistrale séquence de poursuite entre les deux Terminator, dans la dernière partie du long métrage.
"Vous voyez cet hélicoptère qui passe sous un pont d'autoroute ? C'est un hélicoptère qui passe sous un pont d'autoroute," résume facétieusement James Cameron dans le commentaire audio du long métrage, en visionnant ce qui reste sans doute la cascade la plus folle de toute sa filmographie.
Ici, pas de CGI, de maquette ou de trucage quelconque ! Pour filmer l'hélico du T-1000 en train de voler à 110 km/h juste au-dessus du bitume tout en frôlant le béton du pont, le réalisateur a tout simplement demandé au pilote Chuck Tamburro de réaliser l'exploit au péril de sa vie, et a lui-même pris la caméra pour filmer la cascade, installé dans un véhicule, juste derrière.
En effet, lorsque Cameron avait expliqué son idée folle à l'équipe technique, tous les cadreurs avaient catégoriquement refusé de tourner le plan. Il ne restait donc plus au cinéaste qu'à montrer l'exemple.
"Nous aurions pu faire passer un hélicoptère numérique sous le pont", a-t-il déclaré au micro du site Female.com. "Mais c'était tellement plus amusant de le faire pour de vrai."
Pour les besoins du film, et afin d'offrir à la scène un montage plus dynamique, Tamburro et Cameron ont d'ailleurs tenté la cascade... deux fois !
LA CONSTRUCTION DU TITANIC
Près de deux milliards de dollars de recettes au box-office mondial, soit le plus grand succès de tous les temps à sa sortie en 1997, un total de 11 Oscars remportés, soit le record ultime (à égalité avec Ben-Hur et Le Retour du Roi)... L'insubmersible de James Cameron ne manque pas de titres de gloire !
Avant même d'accoster dans les salles obscures, alors qu'il naviguait encore sur les eaux tumultueuses d'un tournage particulièrement compliqué, le gigantesque bateau a accompli bien des exploits.
Outre de nombreux dépassements de budgets, la construction d'un immense bassin rempli de 85 millions de litres, et des comédiens plongés dans une eau particulièrement froide, la production faramineuse de Titanic a également été marquée par la reconstitution (presque à l'identique) du fameux paquebot. Pas en tant que bateau capable de flotter, mais comme un plateau de cinéma.
C'est à Rositaro Beach, au Mexique, qu'a été construit le décor le plus impressionnant : un paquebot amarré à quai, d'une longueur d'environ 230 mètres (soit seulement 40 de moins que le vrai Titanic), installé sur des vérins hydrauliques permettant à la structure de monter ou de descendre pour la scène du naufrage, et accompagné d'une grue de 55 mètres permettant à Cameron de filmer ses longs travellings.
Minutieux et soucieux de la moindre virgule, le cinéaste - qui avait fait construire le paquebot à tribord, alors que le véritable Titanic avait historiquement levé l'ancre à bâbord - a inversé sa pellicule lors de la scène du départ, à Southampton. Une manoeuvre loin d'être anodine, puisqu'elle a obligé l'équipe à inverser également chaque élément du plateau : les enseignes, les inscriptions peintes à la main sur le navire, et jusqu'aux insignes brodés sur les casquettes des figurants.
De quoi illustrer à merveille le paradoxe du talent Cameron : un cinéaste décidément démesuré dans son raffinement, et méticuleusement grandiose.
(Re)découvrez notre vidéo dédiée à James Cameron...