Le 1er décembre 1982, E.T. l'extraterrestre sortait sur les écrans français, attirant près de 8 millions de spectateurs. Le film de Steven Spielberg est ensuite devenu un grand classique du patrimoine mondial.
Pour fêter les 40 ans de la sortie de E.T., AlloCiné est allé à la rencontre de son acteur principal, Henry Thomas. L'artiste n'avait que 11 ans quand le long-métrage a envahi le grand écran. Aujourd'hui, le comédien est âgé de 51 ans.
AlloCiné : Quels sont vos souvenirs de ce film légendaire ?
Henry Thomas : J’ai tellement de souvenirs émotionnels de ce tournage fantastique avec Steven Spielberg. C’était un moment unique et magique dans ma vie car je n’étais qu’un petit garçon de dix ans et je venais juste de commencer à jouer dans des films en tant qu’acteur.
E.T n’était que mon troisième film et j’avais vraiment l’impression d’avoir gagné à la loterie. C’était comme un rêve devenu réalité. C’était suréaliste de travailler avec Spielberg et la multitude des autres enfants qui sont aussi dans le film. Tous les jours nous allions à l’école sur le tournage et nous filmions quelques scènes également.
Quels sont vos souvenirs de votre relation avec la petite Drew Barrymore ?
Elle n’avait que sept ans ! Ce qui est amusant, c’est que la première fois que je l’ai rencontré, elle m’a balancé: "alors, combien de films as-tu fait avant celui-ci ?". Et moi de lui répondre seulement deux autres. Elle a continué en riant: "Pauvre bébé, moi j’en ai déjà fait quatre !". Mais j’ai adoré travailler avec elle et tout s’est vraiment bien passé.
J’ai aussi beaucoup aimé jouer avec celui qui joue mon frère ainé, Michael, incarné par Robert MacNaughton. Je n’avais aucune expérience du cinéma et je n’ai jamais étudié l’art dramatique. Tandis que Robert, qui avait quinze ans, avait une riche expérience du métier ; il avait même été au théatre pour jouer Shakespeare. J’ai vraiment appris à ses côtés et nous sommes toujours de bons amis.
Est-ce que Spielberg vous a donné aussi de bonnes leçons de cinéma ?
Pas vraiment. Il ne m’a jamais vraiment donné de conseils. Mais je l’ai observé de près en faisant ce film et j’ai appris beaucoup, juste en le regardant mettre en scène E.T.
C’était aussi intéressant de voir comment il trouvait des solutions à tous les problèmes, à toutes les frustrations qu’il pouvait rencontrer avec un film très technique au niveau technologique et pas simple aussi à mener de front avec tous ces enfants sur le tournage.
Quelle a été la scène la plus difficile à tourner ?
Il y a eu beaucoup de scènes très émotionnelles avec E.T, ce qui n’est jamais simple à tourner. C’est difficile à dix ans à trouver le bon ton, les nuances pour émouvoir sans trop en faire. En fait, la scène qui m’a fait le plus flipper quand j’ai lu le script, et ensuite quand j’ai dû la tourner, a été la scène où on me voit embrasser une fille.
D’autant que c’était devant tous les autres enfants et toute l’équipe du film. C’est un moment effrayant pour un petit garçon. De plus, Erika Eleniak, qui joue la petite fille, avait deux ans de plus que moi. Elle faisait aussi 60 centimètres de plus que moi. Ce qui est amusant, c’est que pour me rassurer Spielberg, me disait que cette fille ressemblait à Brooke Shields.
Mais là, aussi, pour un garçon de 10 ans, Brooke Shields ne signifiait rien du tout. Je me souviens que la première prise de la scène du baiser a été un fiasco complet car j’ai voulu embrasser Erika trop vite et nos dents ont failli éclaté en morceaux. Mais après quelques prises de plus, nous avons réussi à mettre dans la boite cette scène devenue légendaire.
Après toutes ces années, que représente E.T. pour vous et quels sont les messages du film ?
Tout d’abord c’est un film sur la compassion. La compassion de ce petit garçon pour cet alien perdu sur notre terre. C’est également un très beau film sur l’amitié, au sein d’une famille mais aussi avec une autre créature venant d’un autre monde. Ce film montre qu’il faut savoir chérir ceux que l’on aime et s’en occuper chaque jour avec tendresse et compassion.
La vidéo bluffante de l'audition d'Henry Thomas qui a convaincu Spielberg :
Je pense que ces messages parlent toujours à tout le monde quarante ans après, sans doute encore plus aujourd’hui avec tout ce qui se passe dans le monde et ces deux ans de pandémie.
Est-ce que c’était aussi un film en avance sur son temps sur la question de l’environnement ?
C’est une lecture du film que l’on peut faire aujourd’hui. Mais je pense qu’en 1982, Spielberg et le studio n’étaient pas forcément préoccupés par l’environnement. Ce n’était pas le sujet qui prévalait à cette époque. Je pense que le thème mis en avant est surtout de montrer l’universalité de la vie.
Comment nous nous devons de nous entraider entre nous qui que nous soyons, un humain ou un extra-terrestre.
Ce film a eu un tel succès que l’on se demande toujours pourquoi il n’a pas fait l’objet d’une suite ou d’une série.
C’est certain que j’aurais aimé faire une suite ou revisiter ce monde quelques décennies après ; mais ce n’était pas la vision de Spielberg et il a toujours voulu que ce joyau du cinéma reste un film unique et qui se suffit à lui-même.
Je suis resté en contact avec Steven et j’ai même plusieurs fois auditionné pour lui. Il est également l’un des producteurs de The Haunting of Hill House, que j’ai tourné pour Netflix.
Un dernier mot pour notre jeune public qui n’a pas encore vu "E.T". Que voudriez-vous leur dire pour les inviter à regarder ce film qui a touché tellement de gens dans le monde entier ?
J’aimerais leur dire: "Hey, les gamins, vous aimez Stranger Things ?!" Non, je plaisante. Je voudrais leur poser la question: "Avez-vous déjà sauvé un chien de la rue ou sauvé un oiseau avec une aile cassée ?" Et bien ce film est juste pour vous.
Propos recueillis par Emmanuel Itier.