The Tree of Life va enfin sortir sur nos écrans : l'occasion pour nous d'évoquer les aspects saillants de l'oeuvre de Terrence Malick avec Christian Viviani, universitaire et coordinateur de la revue Positif... - Dossier réalisé par Alexis Geng
Comme le trahit le titre original des Moissons du ciel [Days of Heaven], on trouve également chez Malick des références bibliques et mythologiques, et plus largement un certain mysticisme, une religiosité ou du moins la présence d’une transcendance ; c'est si frappant dans sa façon de filmer la Nature (ce qu'il fait sans cesse) qu'on le qualifie souvent de panthéiste …
Il y a certainement de cela, mais aussi tout un courant philosophique propre à l’Amérique, lié à un rapport quasi mystique à la Nature. Ce sont Walt Whitman, Thoreau, Emerson, des figures littéraires et philosophiques de cet ordre-là, que l’on retrouve également chez les grands peintres paysagistes américains. Malick s’inscrit dans cette pensée-là, et, chose toujours extrêmement intéressante, il parvient à cette espèce d’exaltation mystique au travers de personnages qui ne sont jamais de purs héros ou des saints, qui sont même souvent des personnages troubles, déchirés, des criminels, etc. Il y a donc là une approche à mon sens très américaine, que l’on peut même retrouver ailleurs dans certains grands films. On peut faire des rapprochements avec Arthur Penn [réalisateur, entre autres, de Bonnie and Clyde quelques années avant Badlands], avec Sam Peckinpah [dont Malick employa l'un des acteurs fétiches, Warren Oates, dans Badlands], ou en remontant plus loin avec King Vidor, ce genre de cinéastes.
John F. Peto, Letter Rack on Black (1895)
Comment décrire sa démarche esthétique, cette immédiateté, cette façon de s’adresser aux sens pour transmettre un discours intellectuellement mûri, mais très sensoriel et non intellectualisant ?
Il faut encore en revenir à son inscription dans de grandes tendances de la culture américaine. La peinture américaine, que l’on peut qualifier très globalement de réaliste, est une peinture qui balance continuellement entre l’infiniment petit et l’infiniment grand, et déjà ce balancement est porteur de sens, de transcendance. Vous avez par exemple toute une série de peintres qui travaillent sur une manière de repenser la tradition de la nature morte ; je pense à des peintres comme John F. Peto par exemple, qui reproduisent avec un œil quasiment photographique un tableau sur lequel on a épinglé des choses, avec des traces de punaises, des éraflures, ou une arme à feu, rendue avec une précision maniaque… De l’autre côté, vous avez les grands peintres de l’Ouest, les Charles Marion Russell, Frederic Remington et autres qui ont également inspiré John Ford, et qui, eux aussi, sont dans ce discours articulé autour de l’infiniment petit et de l’infiniment grand. L’une des caractéristiques que l’on retrouve dans le cinéma de Malick, mais aussi chez tous les membres de la "famille" dans laquelle il vient se placer, ce sont ces personnages très petits à l’intérieur d’un paysage immense. Cela a même abouti, vers la seconde moitié du XIXème siècle, à toute une tendance de la peinture américaine qui a laissé des traces très fortes dans le cinéma : le luminisme, où la trace humaine disparaît, et ne reste que le paysage. Le rapport à l’eau, la manière dont se déploie le paysage dans les plans de Malick… On peut évidemment en retrouver la trace chez les grands peintres luministes américains de la seconde moitié du XIXème siècle. Ce que je veux dire par là, c’est que Malick nous paraît tout à fait unique maintenant - et il l’est. Mais en même temps, s’il était né quarante ou cinquante ans plus tôt, il se serait trouvé avec d’autres cinéastes et artistes qui étaient dans la même mouvance, la même pensée. Je pense, encore une fois, à Ford ou à des gens comme lui.
-
AerisDies
-
johnrael
-
Guillaume182
-
Clamavi
-
StanKubri34
-
fabrobinet
-
Dalzon
-
Le-nocher-grec
-
heathledgerdu62
-
Another-girl
-
doc-parnassus
-
abeaucadeau
-
Alexdrum
-
murdoc87
-
Labouene
-
oc?ane c.
-
William E.
-
Guillaume182
-
mosquito666
-
oc?ane c.
-
oc?ane c.
-
cressen
-
pascal d.
-
FREEDOM K.
-
Jean V.
-
Guillaume182
-
- Terrifier 3 J-25
- Gladiator 2 J-4
- Sur un fil J-18
- Louise Violet J-18
- Vaiana 2 J-3
- Jamais sans mon psy J-24
- Wicked Part 1 J-3
- Mufasa: le roi lion J-24
- The Lord Of The Rings: The War Of Rohirrim J-17