On "célèbre" ce 26 avril les 25 ans de la catastrophe de Tchernobyl, tandis que celle de Fukushima continue de hanter l’actualité. Comment le cinéma représente-t-il le fait nucléaire ? Réponse(s) d'une spécialiste, Hélène Puiseux... [Dossier réalisé par Alexis Geng]
Qu’a changé Tchernobyl ?
Tchernobyl nous a changés, nous. Tchernobyl a frappé un grand coup et a porté l’inquiétude sur le plan civil, alors qu’on était bercé par les récits fantastiques du nucléaire et qu'on se disait : "oui, la guerre reviendra en 2019 ou en 3423, selon les films d’anticipation, mais finalement on s’en sort ; la preuve, on vit toujours, et l’humanité est toujours censée vivre en l'an 3000". Donc de ce point de vue il y a effectivement eu un âge d’or de l’atome au cinéma. C’était le héros des belles histoires - un héros dangereux. Mais à la suite de Tchernobyl se produit une sorte de désaffection. Pour faire des films catastrophe, on ne touche plus beaucoup à l’atome, sans doute parce que cela a été trop proche d’être vrai. Quatre ans après cette espèce de recul, c’est la chute du mur de Berlin. L’ennemi, qui détenait aussi le pouvoir atomique et dont on craignait tant qu’il déclenche la guerre, a disparu, et avec lui la peur de la guerre. Reste donc Tchernobyl, qui malheureusement pour eux était situé… en URSS. On a donc une sorte de confusion, avec cette URSS qui n’est plus l’URSS mais recèle encore des monstres atomiques. Cependant le cinéma se désintéresse un peu de l’atome.
Peut-on déjà se faire une idée de l’impact qu’aura la catastrophe de Fukushima sur la production cinématographique ?
C’est ce que je me suis demandée. Je me suis demandée : est-ce qu’ils vont tourner "Fukushima mon amour" d’ici quelques années ? J’ai peur que oui, c’est-à-dire que j’ai peur qu’ils ne l’apprivoisent tout de suite, en le faisant dériver vers quelque chose qui porterait sur les relations des êtres humains pendant ce temps-là. Mais franchement je ne sais pas, c’est vraiment une question qu’on peut se poser,
L’apocalypse aujourd’hui, c’est forcément l’apocalypse nucléaire ? Cette dernière a remplacé la "fin des temps" ?
Oui, je le pense. Je pense que l’atome a pris le visage d’une mort de masse, en fait. La mort est un problème qu’on regarde toujours très difficilement, mais on pense à la sienne ou à celle de ses proches, et on fait avec. Le nucléaire nous oblige à penser la mort de l’humanité, ce qui est différent, et prend à mon avis la place d’une apocalypse. On s’est rendu compte qu’on avait la faculté de détruire la vie, en fait. Je pense que cette terreur-là a été réelle dans la tête des gens au moins jusque dans les années 1960, avec Hiroshima, Nagasaki, les essais de Bikini etc. Tous ces événements étaient suffisamment proches dans le temps, il n’y avait pas suffisamment de films pour "faire matelas", pas mal de documentaires évoquaient la possibilité de "l’hiver nucléaire", si tout se mettait à exploser. Ensuite je pense qu’il y a vraiment eu un creux, avant que Tchernobyl ne permette à cette apocalypse de refaire une petite apparition. Aujourd'hui, le fait que Fukushima soit au Japon ravive les souvenirs d’Hiroshima, de Nagasaki, et comme c’est aussi l’anniversaire de Tchernobyl... Quelque chose se passe à nouveau, comme à Tchernobyl mais en plus fort, à mon sens. Tchernobyl, on ne l’a pas su tout de suite, c’est arrivé par morceaux, on a cru que le nuage passerait sans s’arrêter, etc. Maintenant, nous avons quand même une certaine expérience historique et personnelle, selon son âge, donc on commence à se demander si par hasard, ce serait vrai, si le cinéma n’a pas à la fois tort et raison, raison en disant que ça va arriver, et tort en disant qu’on s’en sort toujours…
Y-a-t-il une raison pour laquelle on représente presque toujours le "monde post-atomique" de la même manière ?
C’est une espèce de routine de représentation. Quand vous avez par exemple une vieille usine complètement désaffectée où poussent trois quatre herbes folles, ça fait post-nucléaire en modèle réduit. Je pense qu’il existe une forme de schéma mental. Les premiers à avoir représenté le monde post-atomique l’ont souvent fait dans le désert. L’état de la planète post–atomique, on a l’impression de le connaître quand on a vu des films. On y trouve aussi des villes ravagées. Mais l’un des plus beaux exemples de monde post-atomique, c’est celui de La Planète des singes : ils y vivent tous dans une ère post-atomique, et pour cause. Là aussi ils sont au bord d’un désert et d’une zone interdite, mais les villages des singes sont assez verdoyants, avec des champs. La Nature a en partie récupéré.
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