On "célèbre" ce 26 avril les 25 ans de la catastrophe de Tchernobyl, tandis que celle de Fukushima continue de hanter l’actualité. Comment le cinéma représente-t-il le fait nucléaire ? Réponse(s) d'une spécialiste, Hélène Puiseux... [Dossier réalisé par Alexis Geng]
Quelle différence dans la représentation du nucléaire peut-on observer entre les cinémas américain et japonais, entre ceux qui ont largué la bombe et ceux qui l’ont reçue ?
On finit en gros par en revenir à cette mise en acceptabilité de l’atome, dans les deux pays. La plus grosse partie [de la production] est américaine, en termes de quantité et de suivi - ils n’ont pas cessé de tourner, les Américains. Et leurs histoires ne se passent pas au Japon, en Russie ou ailleurs, mais chez eux. C’est chez eux que ça explose, qu’ils soient bombardés par des ennemis ou aient fait une ânerie, on ne sait pas - d’ailleurs en général on ne sait pas, c’est toujours en pointillés, puis arrive la déferlante des radiations. J’y ai beaucoup réfléchi et je me suis demandée si pour les Américains eux-mêmes, il n’y avait pas à la fois une sorte de discours sur leur culpabilité, et simultanément, en se faisant victimes de la bombe, une manière de se dédouaner de cette culpabilité, en montrant qu’ils auraient pu la recevoir aussi… et d’ailleurs ils la reçoivent, le Kansas ou bien New York sont ainsi détruits : dans ces films c’est ainsi que les choses se passent, ce sont les Américains qui subissent cette destruction, et cela, c’est très curieux. Comme une sorte d’inconscient qui se punirait (à peu de frais, puisque c’est au cinéma) d’avoir détruit Hiroshima, Nagasaki, en disant "nous aussi, on détruit Kansas City, Los Angeles etc." Dans leurs films, ils ne massacrent pas les Japonais, ils se massacrent, eux. C’est comme une punition en images, mais une punition quand même, comme s’ils reconnaissaient leur part de responsabilité, et donc le fait que cela aurait peut-être dû leur arriver à eux plutôt qu’à d’autres. C’est assez étrange. J’avais dit dans un article que ces films de fiction étaient comme des espèces d’ex-voto, et c’est un peu ça. Il y a une sorte de démarche assez naïve et quelque chose de l'ordre de la psychanalyse, mais comme je le disais à peu de frais, puisque tout est imaginaire.
Comment les cinémas d’autres pays, notamment soviétique, ont-ils représenté le nucléaire ?
Il y a quelque chose d’assez bizarre dans le cinéma de l’URSS et dans celui des pays communistes de l’époque, comme la Corée du Nord par exemple. En fait ces gens ne font pas de science-fiction. C’est un genre qui n’existe presque pas - on a Stalker, mais c’est précisément l’œuvre d’un dissident soviétique. On fait du réalisme, et dans le réalisme, il n’y a pas de nucléaire. J’avais été une fois invitée à la légation de Corée du Nord. Nos hôtes nous avaient montré des tas de films sur Kim-Il-sung, c’était très amusant, puis ils nous avaient offert un cocktail. On ne savait pas trop quoi leur dire, ils étaient trois Coréens qui parlaient assez mal français, alors je leur avais demandé s’ils avaient de la science-fiction. Ils m’avaient regardé, sans comprendre ce que je disais. Je leur avais expliqué ce que c’était, l’anticipation, qu’on y imaginait ce qui pourrait se passer, etc. Et ils m’avaient répondu "Ah non !" avec un air très choqué, "on ne s’amuse pas à faire ça, on représente le présent, les améliorations qu’on peut y apporter, ou le passé et les améliorations qu’on y a apporté". Je pense que la réponse nord-coréenne était un peu semblable à la réponse soviétique. Il existe assez peu de films soviétiques sur le sujet. Pour ce qui est des autres pays, la France en a, l’Italie, l’Angleterre aussi ; tous les pays ont quelques films sur le sujet. Et, chose assez étrange, comme pour les Etats-Unis, c’est chez eux que les choses se passent. En France vous avez par exemple Malevil, de Christian de Chalonge. C’est un film très intéressant au regard de la période actuelle, parce qu’il semble porter sur une centrale, sur du nucléaire civil, vraisemblablement - puisque là non plus on n’est pas sûr : il semble qu’une centrale ait explosé dans le Périgord. On a donc tous les ravages des irradiations, puis ce qui arrive presque toujours dans les films, européens notamment mais aussi dans certains films américains : le désordre qui suit est favorable à l’établissement d’un pouvoir dictatorial. L’état est détruit, les communications aussi, il n’y a plus d’autorités, mais à la fin de Malevil on constate que quelqu’un de dangereux a pris le pouvoir. Ce lien de l’atome avec la crainte d’une dictature est réel.
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