Le "film d'après"... - Page 3

Enchaîner un succès avec un plus gros carton, c'est très bien (et très rare donc). Sauver gentiment les meubles, c'est pas mal aussi. Et rencontrer un gros échec, c'est nettement plus douloureux, donc vous allez vite comprendre ce qu'on du ressentir Alain Chabat, Patrice Leconte et Coline Serreau.

 

Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre

 

 

Réalisé par Alain Chabat - 2002

Avec : Gérard Depardieu, Christian Clavier, Jamel Debbouze...

Synopsis : Cléopâtre, la reine d'Egypte, décide, pour défier l'Empereur romain Jules César, de construire en trois mois un palais somptueux en plein désert. Si elle y parvient, celui-ci devra concéder publiquement que le peuple égyptien est le plus grand de tous les peuples. Pour ce faire, Cléopâtre fait appel à Numérobis, un architecte d'avant-garde plein d'énergie. S'il réussit, elle le couvrira d'or. S'il échoue, elle le jettera aux crocodiles.
Celui-ci, conscient du défi à relever, cherche de l'aide auprès de son vieil ami Panoramix. Le druide fait le voyage en Egypte avec Astérix et Obélix. De son côté, Amonbofis, l'architecte officiel de Cléopâtre, jaloux que la reine ait choisi Numérobis pour construire le palais, va tout mettre en oeuvre pour faire échouer son concurrent.

 

Avec son budget pharaonique de 50 millions d'euros, la deuxième aventure cinématographique d'Astérix a mis les moyens pour relever le double défi qui se présentait face à lui : emballer à la fois le public et la critique, les 8 948 624 entrées du premier épisode (plus gros succès de 1999) ayant eu du mal à cacher que le film de Claude Zidi "n'apportait rien à la BD" (Le Parisien) ou ne faisait "qu'osciller entre documentaire languissant sur le Parc Astérix (...) et exhibition effrénée d'un spectaculaire franchouillard à base d'images de synthèse cheap et de trucages grossiers." (Les Inrockuptibles). Sorti sur nos écrans le 30 janvier 2002, et dirigé par Alain Chabat, Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre n'a pas mis longtemps à accomplir la sienne de mission. Sur le plan comptable déjà, avec une première semaine record (3,6 millions d'entrées) qui a lancé sa marche vers un total de 14 557 020, et fait de lui le deuxième plus gros succès français de tous les temps jusqu'au passage de Dany Boon et ses Ch'tis. Puis sur le plan critique : si quelques irréductibles subsistent, la grande majorité de la presse adhère à l'humour Nul qui se dégage de cet opus, le meilleur résumé possible étant celui fait par Philippe Piazzo dans Aden, puisqu'il explique que "Avec ses petits apartés de dessin animé, ses clins d'oeil permanents, ses jeux de mots "nuls", le film est tel qu'on l'attend : une superproduction qui ne se prend pas au sérieux, à l'entrain communicatif." Neuf ans et un autre film plus tard, l'épisode signé Alain Chabat est toujours le meilleur Astérix, et on se dit que son réalisateur pourra difficilement faire mieux. Deux ans plus tard on confirme...

 

 

Le film d'après

 

 

RRRrrrr !!!

 

 

Réalisé par Alain Chabat - 2004

Avec : Maurice Barthélémy, Jean-Paul Rouve, Pierre-François Martin-Laval...

Synopsis : Il y a 37 000 ans, deux tribus voisines vivaient en paix... à un cheveu près. Pendant que la tribu des Cheveux Propres coulait des jours paisibles en gardant pour elle seule le secret de la formule du shampooing, la tribu des Cheveux Sales se lamentait.
Son chef décida d'envoyer un espion pour voler la recette. Mais un événement bien plus grave allait bouleverser la vie des Cheveux Propres : pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, un crime venait d'être commis. Comment découvrir son auteur ?
Au temps des mammouths et des moumoutes commence la première enquête policière de l'Histoire.

 

Si Jamel Debbouze chantait "I Feel Good" à gorge déployée dans Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, c'est l'inverse que devrait faire l'un des personnages de RRRrrrr !!! Sans être tout noir (les fans du film sont priés de ne pas répondre "ta g... !"), le bilan reste quand même décevant, surtout au regard de son casting all stars et de son idée de départ. Sortie le 28 janvier 2004 (soit au même moment qu'Astérix, deux ans plus tôt), cette préhistoire drôle laissait pourtant espérer qu'Alain Chabat réussisse le même tour de force avec les hommes des cavernes qu'avec les Gaulois d'Uderzo et Goscinny. Tout ça pour dire que si c'est bien beau de rêver, la réalité des chiffres peut s'avérer beaucoup plus dure, surtout si le film termine sa course à 1 703 125 entrées, soit même pas la moitié du score de Mission Cléopâtre pour sa première semaine.

 

Alors, certes, le budget n'était pas le même (15 millions d'euros contre 50) et la popularité d'Astérix est différente de celle des Robins des Bois auprès du public français, mais il n'empêche que RRRrrrr !!! est un échec sur le plan comptable. Et, pour ne rien arranger, le film essuie une majorité de critiques négatives puisque Les Inrockuptibles le qualifient de "Même pas drrrrôle", tandis que Première et Les Cahiers du Cinéma soulèvent le gros problème d'un long métrage qui "s'adresse aux fans des... Robins des Bois" (Première) ou qui "ne vise qu'eux-mêmes, leurs trucs recuits, leur platitude autoproclamée, leur médiocrité faite sketch." (Les Cahiers du cinéma)

 

28ème plus gros succès de l'année 2004 derrière La Passion du Christ, (le 13ème si l'on ne prend en compte que les films français), RRRrrrr !!! marque la dernière apparition de la troupe des Robins des bois dans son intégralité sur grand écran, chacun préférant tracer sa route en solo, pendant qu'Alain Chabat met la caméra de côté avant de la reprendre fin 2010 pour adapter une autre bande-dessinée : Houba ! Le Marsupilami et l'Orchidée de Chicxulub.

 

--------------------------------------------------------------------------------

 

Les Bronzés 3 - Amis pour la vie

 

 

Réalisé par Patrice Leconte - 2006

Avec : Thierry Lhermitte, Gérard Jugnot, Josiane Balasko...

Synopsis : En 1978, Popeye, Gigi, Jérôme, Bernard, Nathalie et Jean-Claude faisaient connaissance en Côte d'Ivoire dans un club de vacances. Amours, coquillages et crustacés.
Un an plus tard, retrouvailles du groupe d'amis à Val d'Isère. Tire-fesses, fartage et pistes verglacées.
Après le Club Med et le ski, ils n'ont cessé de se voir, de se perdre de vue, de se retrouver, de se reperdre, de se revoir pour des semaines de vacances volées à une vie civile assommante.
Depuis quelques années, ils se retrouvent chaque été, pour une semaine, au Prunus Resort, hôtel de luxe et de bord de mer, dont Popeye s'occupe plus ou moins bien en tant que gérant, et qui appartient à sa femme, Graziella Lespinasse, héritière d'une des plus grosses fortunes italiennes.
Que sont devenus les Bronzés 27 ans après ? Réponse hâtive : les mêmes, en pire.

 

Les fans n'osaient plus y croire et pourtant : moins de 27 ans après leur passage aux sports d'hiver, Jean-Claude Dusse, Popeye, Gigi et leurs amis font leur grand retour dans les salles, le 1er février 2006. Dans la mesure où ne change pas une équipe qui gagne, Patrice Leconte est lui aussi de la partie, le budget explose (35 millions d'euros !) et la petite bande annonce clairement son objectif : atteindre la barre des 10 millions de spectateurs en France. Après trois splendides premières semaines d'exploitation qui les voient battre le record jusqu'ici détenu par Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre (3,9 millions de billets déchirés en 7 jours, contre 3,6 pour Alain), la troupe stagne un peu mais finit par franchir le cap fatidique, avant de finir sa course à 10 355 928 entrées. Sur le papier, la mission semble donc accomplie, mais ce chiffre cache très bien la déception du public et des critiques. Si certains, comme au sein de la rédaction de Ouest France, sont soulagés de ne pas trouver là "la daube de l'année", d'autres y vont moins gentiment, à l'image des Inrockuptibles, qui parlent d'une "comédie assez déprimante", ou de Télé 7 Jours qui donne dans la référence en se demandant "où sont passés leur humour vachard, leurs réparties cultes et leur inimitable grain de folie qui les ont fait rois ? Autant dire que si c'est une blague, elle n'est vraiment pas drôle." Si Patrice Leconte et sa bande finissent l'année en tête du box-office, on ne peut pas dire qu'ils aient complètement conclu ce coup-ci.

 

 

Le film d'après

 

 

Mon meilleur ami

 

Réalisé par Patrice Leconte - 2006

Avec : Daniel Auteuil, Dany Boon, Julie Gayet...

Synopsis : Un marchand d'art fait un pari : il a dix jours pour trouver un meilleur ami. Il se lance alors dans un casting fou pour finalement jeter son dévolu sur un chauffeur de taxi volubile et chaleureux. Il va le séduire pour gagner son pari. Mais peut-on tricher avec l'amitié ?

 

A peine a-t-il eu le temps de se remettre du succès des Bronzés 3 et de sa sortie en DVD que Patrice Leconte faisait son retour dans les salles avec Mon meilleur ami, le 20 décembre 2006. Coutumier du changement de genres, le réalisateur nous offre pourtant une autre comédie sur l'amitié, même si celle-ci lorgne plus du côté d'un film comme Tandem. Pour mettre en scène une histoire à laquelle il avait pensé avant ses retrouvailles avec le Splendid, Leconte fait appel à Daniel Auteuil pour la troisième fois (après La Fille sur le pont et La Veuve de Saint-Pierre) et lui met dans les pattes le futur roi du box-office français : Dany Boon.

 

Globalement bien accueilli par la presse (L'Humanité souligne par exemple le fait que "tout fonctionne plaisamment, du scénario à l'interprétation et des décors à la musique (...) Du cinéma sur des rails certes, mais qui va dans l'ensemble bon train."), le film ne se fait pas beaucoup d'amis parmi le public et se classe 42ème plus gros succès de 2006 avec 1 067 616, juste derrière L'Ivresse du pouvoir de Claude Chabrol.

 

Sur le plan comptable, et même si son ambition était un peu plus modeste sur ce coup, la deuxième sortie de Patrice Leconte cette année-là n'est pas une franche réussite. Il faut dire que le 20 décembre est une date peu propice au carton, et que le long métrage a aussi du faire face à un concurrent de poids : Luc Besson et ses Minimoys, qui attirent 6 396 989 entrées en cette fin d'année. Mais la vraie raison de cet échec est peut-être à chercher ailleurs, du côté de la Sardaigne, théâtre des aventures rocambolesques des Bronzés 3. Fatigué par le battage publicitaire qui l'a accompagné et déçu par le résultat, le public ne se serait-il pas mis à faire la tête à Patrice Leconte, boudant ainsi son nouvel opus ? Le bide monumental de son film suivant, La Guerre des miss (170 086 entrées), semble confirmer la tendance et, en plus de n'avoir que ses yeux pour pleurer, le réalisateur pourra se consoler avec le remake américain de Mon meilleur ami que Wes Anderson compte (comptait ?) réaliser, si jamais le projet voit le jour.

 

--------------------------------------------------------------------------------

 

Trois hommes et un couffin

 

 

Réalisé par Coline Serreau - 1985

Avec : André Dussollier, Roland Giraud, Michel Boujenah...

Synopsis : "Un copain déposera un colis et passera le reprendre plus tard". Tel est le message laissé par Jacques, avant son départ pour le Japon, à ses deux compères Pierre et Michel avec lesquels il partage un luxueux appartement. Comme prévu, le colis arrive et à la stupéfaction générale, il s'agit d'un bébé... Adieu liberté et aventures sans lendemain.

 

10 251 813 entrées en France (soit le plus gros succès de 1985 et des années 80, devant E.T. ou Les Aventuriers de l'Arche perdue) et 3 Césars dont celui du Meilleur Film (qui a dit que les comédies n'étaient jamais récompensées ?) : autant dire que le quatrième film de Coline Serreau (son troisième de fiction) n'y est pas allé par quatre chemins pour marquer les esprits. Moins engagé que les autres films de la réalisatrice, Trois hommes et un couffin, sorti le 18 septembre 1985, a quand même su capter l'air du temps, à une époque où les hommes se faisaient un poil moins machos et s'occupaient plus de leur bébé, ce qui explique son énorme succès. Hollywood n'y a d'ailleurs pas été insensible, au point d'en faire un remake, puis une suite, dans lesquels Tom Selleck, Steve Guttenberg et Ted Danson remplaçaient Roland Giraud, Michel Boujenah et André Dussollier. Les trois acteurs reprendront d'ailleurs leur rôle dans 18 ans après (sorti... 18 ans plus tard), mais avec beaucoup moins de succès (1 550 011 entrées). Quoique, comparés aux chiffres du film suivant de Coline Serreau...

 

 

Le film d'après

 

Romuald et Juliette

 

 

Réalisé par Coline Serreau - 1989

Avec : Daniel Auteuil, Firmine Richard, Pierre Vernier...

Synopsis : Après les papas-poules voici "le Prince et la Bergère" version 1989. Lui est PDG d'une entreprise de produits laitiers, elle est femme de ménage de la même entreprise et mère de nombreux enfants. Un jour ils se rencontrent, s'aiment et continuent de faire beaucoup d'enfants.

 

Plus dure sera la chute, dit l'expression consacrée, et Coline Serreau doit maintenant être calée sur le sujet : sorti sur les écrans le 22 mars 1989, Romuald et Juliette n'attire en effet que 856 964 spectateurs, ce qui en fait le plus gros bide de ce dossier, et le seul "film d'après" à ne pas avoir franchi la barre du million.

 

L'écart avec le score de Trois hommes et un couffin est donc de (grande) taille, ce qui peut paraître étonnant dans la mesure où les deux comédies présentent quelques similitudes, à commencer par leur côté social, beaucoup plus appuyé dans Romuald et Juliette, où un PDG (dont le nom de famille est Blindet, allez savoir si c'est volontaire ou pas) tombe amoureux de l'une des femmes de ménage de son entreprise. Après l'inversion des rôles entre hommes et femmes, c'est donc la tolérance et la lutte des classes qui sont au coeur du film, ce qui préfigure des films tels que La Belle verte ou Chaos, qui n'ont cessé de réaffirmer le côté engagé de la réalisatrice. Le problème c'est qu'ici le message a moins attiré les foules, ce qui peut s'expliquer par un aspect un peu plus modeste que Trois hommes et un couffin (dont l'affiche réunissait quand même Dussollier, Giraud et Boujenah). A moins que les spectateurs n'aient été rebutés par le titre, qui peut faire craindre une pantalonnade, et ce malgré le nom de Coline Serreau et la mention "par la réalisatrice de Trois hommes et un couffin" sur l'affiche. Celle-ci se refera une santé en 1992 grâce aux 2 350 189 entrées de La Crise, qui lui permettent justement de l'éviter (la crise, pas la santé).