Il y a 10 ans, "Memento" sortait dans nos salles. L'occasion de se (re)plonger dans le cinéma de Christopher Nolan, un réalisateur qui a aujourd'hui mis une bonne partie d'Hollywood à ses pieds - Dossier réalisé par Maximilien Pierrette
Certains cinéastes pourraient se contenter de faire de la perte de repères évoquée plus tôt un thème majeur mais qu'ils exploitent le plus simplement du monde, de la manière la plus frontale. Mais pas Christopher Nolan, qui s'amuse parfois à faire subir aux spectateurs ce que ses personnages sont en train de vivre, car son grand truc à lui, c'est la manipulation, et là aussi y en a pour tout le monde, sur l'écran et dans la salle. Et les exemples ne manquent pas, l'un des plus frappants, actualité oblige, étant celui de Memento (voir photo ci-dessus) : Leonard Shelby (Guy Pearce) y souffre d'un rare cas d'amnésie, qui l'empêche de se souvenir de ce qu'il a fait dans les 15 minutes qui ont précédé. Un mal dont va notamment profiter Nathalie (Carrie-Anne Moss) pour le mener par le bout du nez et faire converger son désir de vengeance avec celui du personnage précité. Et pour que l'effet soit total, Nolan raconte son film à rebours, plaçant chaque spectateur dans la même situation que Leonard, puisqu'il nous est également impossible de savoir ce qui s'est passé avant, chronologiquement parlant. Mais ça n'est pas le seul cas de double manipulation, puisqu'on note également :
Le personnage principal de Following manipulé par Cobb et - Spoiler :la blonde - (un spoiler pour qui n'a pas vu le film), tandis que Nolan nous balade au gré du récit de son héros.
Les différents niveaux de rêves grâce auxquels Cobb et son équipe piègent Saito... et nous avec (Inception).
Nolan qui orchestre l'affrontement de deux magiciens dans Le Prestige (photo ci-dessus), tout en nous faisant un tour de magie à sa façon, après avoir pris le soin de nous prévenir grâce au monologue inaugural de Michael Caine, qu'on retrouve par morceaux dans la bande-annonce ci-dessous.
Le truc avec Le Prestige, c'est justement qu'on ne le trouve pas, malgré les avertissements que Nolan glisse dans la bouche de ses acteurs. Mais c'est précisément avec ce film que le réalisateur a confirmé son obsession pour ce thème. Beaucoup pourraient y voir l'oeuvre d'un petit malin, sauf qu'il ne cache pas le fait qu'il a toujours considéré le travail d'un metteur en scène comme de la manipulation, puisque celui-ci peut nous montrer ce qu'il veut, nous faire regarder là où il veut. Magie, magie, et vos cinés ont du génie, serait-on alors tenté de dire, surtout que cette adaptation du roman homonyme de Christopher Priest (qui s'amuse aussi avec notre perception, via les journaux de bord de chacun des magicien, qui fait tour à tour passer l'autre pour le méchant, et inversement) confirme à quel point le thème de la manipulation sied bien à Nolan, dans la mesure où il lui permet de conclure ses films par des twists. Sans vous en révéler la teneur, sachez toutefois qu'on en trouve dans :
Following
Memento
Le Prestige
Inception (bien que la fin de ce film laisse la porte ouverte à de nombreuses interprétations, la preuve ici)
Vous ne remarquez rien ? Eh oui, ce sont les quatre films évoqués plus haut, et dans laquelle la manipulation se fait de deux façons. Coïncidence ?
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