Portée par des critiques quasi unanimement élogieuses, "Forbrydelsen" n'est pourtant pas exempte de défauts, le plus important étant sa longueur : près de 20 heures (correspondant à 20 jours) pour résoudre une énigme, aussi passionnante soit elle, c'est vraiment trop, et cela force les scénaristes à multiplier de façon trop systématique les fausses pistes et les erreurs des enquêteurs pour "meubler" des épisodes qui finissent par se répéter. Cela a aussi le désavantage de garantir que la révélation finale, même en ménageant assez de zones d'ombre et de désillusion - cette première saison finit plutôt mal, laissant un goût d'amertume... et c'est une de ses qualités -, sera une (légère) déception par rapport aux schémas paranoïaques qui auront été érigés durant près de 20 heures : l'aspect politique de l'intrigue, tournant autour d'une élection municipale aux péripéties particulièrement retorses, est vraiment ce qu'il y a de mieux ici, la seconde partie de la saison se révélant d'ailleurs magistrale de ce point de vue. Ceci dit, les qualités de "Forbrydelsen" sont immenses, à commencer par l'impénétrabilité (danoise ?) des personnages, tous taiseux et ambigus, portés par des interprètes presque tous impeccables (Sofie Grabol et Lars Mikkelsen en tête), et surtout cette tenue morale et esthétique obstinée de la série, qui s'en tient à quelques principes salutaires : l'obscurité des nuits hivernales de Copenhague, le refus des ficelles classiques du thriller, la recherche d'une ambiance épuisée et parfois épuisante pour le téléspectateur, tout cela donne le sentiment d'assister à une œuvre importante, par delà les limites du genre et du format.