Parmi les séries télévisées du moment, il arrive d’en trouver quelques unes où s’étale une enquête sur toute une saison. Les américains ont Dexter, et les danois ont The Killing (qui sera d’ailleurs – une fois de plus – accaparée par les américains). De plus, The Killing aura pris le risque de vingt épisodes pour cette première saison, en se basant sur l’unique meurtre d’une jeune femme. Une aventure qui aura certainement pu s’avérer lassante si elle ne mettait pas en scène des personnages un tant soit peu attachants et globalement réussis. Par ailleurs, il ne faut pas longtemps pour que ces personnages se familiarisent avec la mémoire du spectateur. Un politique un peu tendre, des parents en deuil et un commissaire au bout du rouleau. Que de gens que tout semble opposer et dont les destins semblent pourtant étroitement liés. Sur ce point, il va de soi que la série est nettement réussie. Néanmoins, à trop vouloir mettre en avant les déboires de ces protagonistes, les personnages secondaires finissent par avoir la fâcheuse tendance à n’apparaître que lors des innombrables coups de théâtre qui composent la série, et manque ainsi cruellement de consistance, tantôt délaissés, tantôt placés au premier plan. En plus de cela, il faut aussi signaler une certaine tendance à virer au feuilleton – malgré une longueur qui n’est que de vingt épisodes. En effet, l’atmosphère étouffante des premiers épisodes aura vite fait de céder la place à des magouilles et histoires sentimentales qui se contenteront de se produire de manière machinale, en suivant un certain schéma dispensable et décevant. Malgré cet aspect négatif de The Killing, il ne faut tout de même pas oublier que l’enquête suscite un véritable intérêt et, contrairement à certaines séries commerciales made in USA (NCIS, New York District etc.), engage le spectateur à suivre chaque épisode avec régularité – on ne regarde pas un épisode de The Killing une fois de temps en temps. Cependant, à trop vouloir jouer sur le terrain de la longueur, les nombreux rebondissements qui composent l’enquête perdent peu à peu de leur puissance pour finalement aboutir à un final sympathique, mais nettement moins bien que ce qu’il aurait pu être. De plus, on peut déceler un certain amateurisme du côté de la réalisation, qui laisse le suspense s’épuiser bien assez tôt. En effet, le fait est que, passé la première dizaine d’épisode, bon nombre de personnages sont soupçonnés d’être coupable. Et pour sûr, des gros plans sans retenue nous avertissais un peu avant que tel objet, telle personne, s’avérait insolite, suspicieux. Bien essayé, ou du moins bien maladroit ! Après avoir passé le cap du « on ne m’y reprendra plus », les gros plans continuent de s’enchainer et semblent finalement dire : celui-ci va prochainement être suspecté, mais il sera innocenté. N’enlevons pas à The Killing ses indéniables qualités, cependant. Car des qualités, la série en a plus d’une. À commencer par sa notion des rapports humains, en proie à une immense dégradation au fil de l’enquête. C’est donc par son approche psychologique que la série bat son plein. Je m’explique. Au début de l’enquête, rien ne semble advenir qui ne soit pas en rapport avec… l’enquête. Une fille assassinée, des policiers, un candidat au maire suspecté et voilà, fin de l’histoire. Et pourtant non, ce serait juger trop vite The Killing, qui s’intéresse grandement à l’être humain, ici appelé à soupçonner le moindre de ses proches, à prendre ses distances avec eux… Plus qu’une enquête policière, The Killing raconte les influences de cette enquête sur les différentes personnes qui y sont mêlées de près ou de loin. Une brillante idée. Enfin, les acteurs sont une réussite majeure pour la série télévisée, particulièrement Sofie Grabol et Lars Mikkelsen. Ces derniers feront passer leur personnage par d’innombrables émotions jusqu’à laisser entrevoir une facette de leur personnalité que l’on n’aurait jamais soupçonné de prime abord. Ensuite, on retrouve une esthétique plutôt froide, souvent propre à un cinéma nordique comme Millenium, pour le plus connu. La bande-originale, en revanche, s’avère dénuée d’un quelconque charme et d’une immense faculté à se glisser dans les moments inopportuns paradoxalement de manière prévisible. Cinq thèmes à tout casser qui finissent par être agaçants. En conclusion, The Killing fut une sympathique découverte – bien qu’elle ne soit pas exempt de défauts – grâce à Arte et sa fréquence de diffusion stakhanoviste (à raison de 3 ou 4 épisodes chaque jeudi et vendredi) qui auront sans mal capté mon attention.