"You don't have a choice, go yourself ahead."
Boardwalk Empire est avant tout à voir comme une fresque historique particulièrement léchée dans son emballage, costumes, décors, musiques, ambiance, analyses sociologiques sans concession, une sorte de GoT sans les dragons où le personnage principal, Enoch Thompson, mi-réel, mi-fictionnel, serait au centre de tout sans être maître de rien. On notera par ailleurs les nombreux épisodes réalisés par Tim Van Patten qui a également participé à GoT mais aussi Rome, Deadwood ou Les Sopranos, cette dernière série étant scénarisée par Terence Winter, créateur de Boardwalk Empire.
Au temps de la Prohibition, on suit ainsi depuis les planches d'Atlantic City, ancêtre de Las Vegas (qu'on se rappelle le Casino de Scorsese, ici réalisateur de l'épisode pilote, plus sombre que tous les autres, et producteur exécutif de la saga), l'histoire trouble des Etats-Unis des années '20, des entrepôts de Chicago à Harlem, en passant par Philadelphie, New-York ou La Havane.
Quelques lieux repères nous sont donc proposés mais surtout une fabuleuse galerie de personnages magistralement interprétés. Si Steve Buscemi peine à sortir d'un jeu caricatural au début, il prend du corps au fil des saisons, entouré par Kelly Macdonald et son adorable accent irlandais, Shea Whigham vu récemment dans le sombre American Primeval, Michael Shannon, Gretchen Mol, Jack Huston, d'une sobriété exemplaire dans un rôle difficile. Du côté des figures historiques, pointons Stephen Graham, saisissant dans le rôle d'Al Capone de l'ascension à la chute, Michael Stuhlbarg, précieux et inquiétant dans celui d'Arnold Rothstein, Vincent Piazza en Lucky Luciano classieux, Greg Antonacci en Johnny Torrio, boss sans cesse finissant ou encore Anatol Yusef en Meyer Lansky.
Au final, malgré quelques longueurs, Boardwalk Empire mérite bien des éloges.