Une bande-annone qui fait le café, le sympathique Chris Pratt dans un rôle à contre-emploi, et le retour du créateur David DiGilio (Traveler 2007).
Cette série a les mêmes bases et les mêmes codes que les films d’action/blockbuster hollywoodien lambda, avec un grain de sable qui casse une conspiration bien huilée, où un électron libre, ancien policier, militaire ou agent de la CIA est victime d’une machination où il était supposé décéder, et survit, pour démasquer les conspirateurs et se venger.
Mais là où les autres œuvres se contentent d’utiliser le scénario pour livrer des scènes d’actions grandiloquentes et tape-à-l’œil jusqu’à l’extrême.
Ici, la mise en scène, la direction d’acteurs et la direction artistique vont dans une autre direction : jouer une certaine subtilité, amener une certaine réflexion sur la société américaine, l’administration, l’armée, les enjeux de pouvoirs et d’argent.
Si James Reece est l’incarnation du soldat d’élite, ce n’est pas juste une montagne de muscle sans cervelle, qui tire dans le tas en prenant des poses viriles.
Ici, Reece, passe son temps à réfléchir, à se servir de ses connaissances ou de la journaliste pour obtenir les informations nécessaires à son passage à l’acte. Tout est méticuleusement préparé à l’avance, planifié jusqu’au moindre détail.
Quand on voit James Bond ou Ethan Hunt arriver dans la base ennemie, littéralement les mains dans les poches, c’est cocasse, et totalement absurde.
Le sens du détail, le respect d’une réalité militaire : le héros attaque ses ennemis uniquement quand il a l’avantage, et que ses adversaires ne l’attendent pas et ne pourront pas improviser une défense ou s’échapper.
Le stress post-traumatique et les conséquences psychologiques de la guerre sur les soldats américains est le cœur de l’histoire, prenant le contrepied des films d’action, DiGilio livre un drame, orienté thriller, qui évite au passage les combats de boss de fin de niveau des films d’actions, ou l’incongruité des situations inhérentes aux jeux vidéos :
Reece ne jette pas son arme pour affronter le grand méchant de la corporation à mains nues ou à l’arme blanche. Il évite également de tuer les policiers et militaires à sa recherche, même quand de nombreuses occasions se présentent.
On est donc très loin d’un Rambo, ou plus récemment d’un Sans aucun Remords avec la même base scénaristique, malgré l’influence des œuvres Tom Clancy.
Le casting est de grande qualité, même les acteurs secondaires avec une poignée de scènes sont très convaincants:
Du simple flic joué par Warren Kole, au capitaine joué par l’excellent Matthew Rauch (Banshee), en passant par le négociateur manipulateur (Sean Gunn), le patron mal en point et culpabilisant (Paul McCrane), la pilote redevable (Tyner Rushing), l’agent du FBI retors et inspiré, joué par JD Pardo.
On trouve une partie plus sensible avec le drame familial par les apparitions de la femme de Reece, jouée avec justesse et sincérité par Riley Keough, bien loin de ses rôles de ‘filles sexy’.
Mention à l’actrice Constance Wu, jouant une journaliste déterminée et prête à tout pour faire éclater la vérité, et qui n’hésite pas à s’opposer à Reece dans sa quête vengeresse. Les auteurs ont prise l’actrice car elle savait jouer et non pour remplir un quota de minorité asiatique.
Bon, par contre, Jay Courtney cabotine un peu trop dans son rôle, me rappelant sa prestation pour le moins « mitigée » (voir caricaturale) de Jolt.