« If not us then who ? »
Déjà réalisateur du 14ème chapitre du Mandalorian où apparaît longuement Boba Fett, Robert Rodriguez signe ici 3 chapitres du livre, les 1er, 3ème et dernier. Les autres sont l’oeuvre d’habitués de l’univers Star Wars : Dave Filoni, investi depuis l’excellente série animée The Clone Wars et plus en réussite dans cet exercice que dans les séries en prises d’images réelles, Jon Favreau, auteur du Mandalorian quand il ne dirige pas de projets pour la Marvel, Bryce Dallas Howard et Kevin Tancharoen.
Las, si la musique porte les épisodes de manière assez puissante et si la réalisation est efficace dans les scènes d’action, elle s’avère assez terne à d’autres moments et le scénario patine vite dans la redite dès la fin du second épisode (pourtant enlevé voire assez puissant) et le n’importe quoi, le tout appuyé par l’interprétation désastreuse de Temuera Morrison au point qu’on attend impatiemment le cross-over avec Mando pour reprendre goût à l’intrigue. Reste le charisme de Fennec Shand (Ming-Na Wen), qui mériterait assurément aussi sa propre série, d’autant que les toutes les œuvres estampillées Star Wars ont fait la part belle aux femmes, ainsi que l’inclusivité assumée pour présenter les Tuskens sous un jour humain et les Rancors sous forme de bisounours (sans doute là une idée de Filoni, déjà présente dans le Bad Batch).
Si la licence survit depuis plus de 45 ans, c’est aussi grâce au recyclage d’archétypes légendaires tout autant que de thèmes empruntés au cinéma mondial (essentiellement hollywoodien et japonais) et on peut ici savourer un peu celui des guerres de clans mafieux sur fond de western galactique avec un clin d’oeil à King Kong, le tout hélas trop noyé dans des entrelacs narratifs inutiles : l’ascension de Boba Fett en parrain de la pègre de Tatouine, ça pouvait être intéressant mais pas comme ça.
Au final, on est devant un sérieux constat de semi-échec : les séries en prise de vues réelles (à l’exception notable du Mandalorian et d’Andor, personnages attachants, ultra secondaires et bien interprétés) ont le double désavantage de s’embourber à cause d’acteurs médiocres et d’espacer les saisons de telle manière qu’on ne s’y retrouve plus. En comparaison, The Clone Wars, Rebels et The Bad Batch (voire même Resistance, si, si) sont de véritables joyaux qui apportent du corps et de la nuance à un univers qui offre une infinité de déclinaisons. On en vient à regretter l’abandon des films dérivés A Star Wars Story (Rogue One et Solo), qui avaient l’avantage de proposer un regard global professionnel (surtout en termes de distribution) et une grammaire mieux adaptée à la profondeur du champ narratif imaginé par George Lucas.
Sachant tout cela, néanmoins, la série, malgré ses défauts flagrants et un découpage anarchique, gagne à être regardée une seconde fois, intégrée à tout ce qui précède… pas loin de 3 semaines de visionnage à raison de quelques heures par jour quand même.