Avec une adaptation de John le Carré, on sait en général à quoi s'attendre : du solide, rigoureux, réaliste... bref, du travail... carré. « The Night Manager » n'échappe clairement pas à la règle, l'intrigue se révélant intéressante par ses enjeux, géopolitiques comme humains, évitant avec habileté un quelconque manichéisme, notamment dans la relation « unissant » Pine et Roper. Autre point fort : les seconds rôles, exploités avec intelligence, le casting étant, sans surprise pour une série anglaise, un sans-faute (belle opposition Tom Hiddleston - Hugh Laurie, Olivia Colman excellente, comme toujours et Elizabeth Debicki, affolante de sensualité). L'ensemble parvient ainsi à susciter l'intérêt jusqu'au bout, quelques scènes faisant grimper l'intensité juste ce qu'il faut pour ça. On reste néanmoins (et assez logiquement) dans cette logique des adaptations de l'auteur : bien faite, documentée, intelligente, sans pour autant réellement susciter l'enthousiasme par leur univers assez froid, presque « trop » ancrée dans le « vrai ». De plus, alors que le romancier nous avait régulièrement habitués à des fins très sombres, pessimistes, on s'étonne de voir la série
se conclure avec pas mal d'espoir, pas vraiment dans la logique de ce qui nous avait été proposé auparavant.
Maintenant, cela reste du bon travail, Susanne Bier étant un bon choix pour mettre en scène efficacement un récit d'espionnage pas tout à fait comme les autres : malgré un dénouement frustrant, donc, voilà une série ayant de quoi susciter un minimum d'intérêt.