The Night Manager ou la promesse d’une série d’espionnage soignée, distribution AMC, casting appréciable et surtout, inspirée d’un roman du célèbre John Le Carré. Mais il ne s’agissait, en définitive, que d’une promesse. Coté concret, tout n’est pas si réjouissant. D’abord, concilier les écrits vifs, antihéroïque du romancier britannique à un univers pimpant, clinquant à l’espionnage façon James Bond ne semble pas possible. Les scénaristes pencheront dès lors vers l’esprit 007, utilisant le nom de Le Carré comme faire-valoir, au générique. The Night Manager, c’est donc des paysages exotiques européens, des villas de luxe, des coupes de champagne, une bande sonore sirupeuse, bref, le cahier des charges d’une production Bond, sans l’aura magique du célèbre agent. La série, ou mini-série, en elle-même, réalisée en intégralité par Susanne Bier, peu à l’aise dans le domaine de l’action, mais qu’importe, traite avant tout du trafic d’armes, de l’impact d’un tel commerce de l’ombre sur les puissances occidentales.
Découpée en six épisodes, cette unique saison à vocation de se muer en une sorte de très long film d’espionnage/infiltration, se caractérise de par son inégalité. Les débuts, soit le premier épisode, voire le second, sont sincèrement laborieux, décousus et prétexte à ce qu’il adviendra par la suite. Dès l’entrée du personnage principal dans le vif du sujet, son infiltration dans les rangs du monstre vendeur de destruction, tant recherché, les choses prennent enfin une tournure plus appréciable. Mais impossible, pourtant, de passer sur le cheminement boiteux nous ayant amené à ce postulat. Plus difficile encore, appréhender les motivations du personnage de Tom Hiddleston. Vengeur, justicier, héros, opportuniste? On ne sait pas trop.
C’est donc avec une certaine réserve que l’on suit de près notre intervenant principal, incarné avec une certaine grâce, certes, par Tom Hiddleston. Celui-ci se confrontera, tout du long, au grand méchant du moment, un trafiquant mégalomane incarné par un Hugh Laurie en roue libre, incarnation archétypal de ce type de personnage envahissant. Oui, tout n’est de loin pas parfait, quand bien même quelques ficelles narratives astucieuses viennent nous rassurer.
En somme, une série qui n’entre pas dans la catégorie des indispensables, déployant plein de bonne volonté mais ne parvenant que rarement à respecter pleinement ses ambitions. Du Caire à Zermatt, en passant par Majorque et la Turquie, c’est plus ou moins bon mais jamais suffisant pour marquer un public exigeant. On repassera même si l’on serait tenté de saluer ce type d’entreprise, sachant que le format se prêterait volontiers de de remarquables projets du même acabit. 11/20