Au fil des années, on avait un peu oublié Jane Campion, dont la filmographie n'avait pas tout-à-fait tenu les promesses de "An Angel at my Table" et "The Piano". C'est donc avec un plaisir sans réserve qu'on retrouve sa patte si caractéristique dans cette "mini série" (6 épisodes d'une heure - telle que la série est publiée en DVDs, et non 7 épisodes de 50 minutes comme elle a été diffusée -, pas d'autre saison en vue) quasi parfaite qu'est "Top of the Lake" : condamnation sans appel du machisme, voire de la masculinité en général, peinture subtile de femmes fortes, mais clairement pas épargnées par la folie, respect prudent de la Nature envisagée comme une force supérieure, brutale dans sa splendeur, le tout souligné par une mise en scène à la fois patiente et précise, au fil d'une narration maîtrisant magnifiquement le cours du temps. Pour nous amener exactement là où Jane Campion le voulait, dans l'horreur de ces deux derniers épisodes terribles, bouleversants, où se révèle toute l'ampleur de l'intrigue, toutes les ramifications du comportement - qui semblait jusque là erratique - de personnages à la complexité peu courante, même dans le monde des séries adultes. On appréciera la beauté stupéfiante des paysages naturels de la Nouvelle Zélande (pas besoin du tout des ajouts digitaux de Mr. Jackson pour que ce "Paradise"-là soit magique !), la classe suprême d'un récit qui mise sur l'intelligence du téléspectateur (qui devra lui-même faire tous les recoupements pour comprendre réellement la "révélation" du dernier épisode…), et l'interprétation globalement excellente, même si la palme revient sans aucun doute à un Peter Mullan souverain ici, comme jamais. Bon, avouons quand même qu'on n'irait vivre pour rien au monde au milieu de la population décrite ici, et gageons que l'Office du Tourisme néo-zélandais n'a pas dû remercier Jane Campion autant que Peter Jackson !