Si un réalisateur ne donne plus signe de vie sur le grand, cela ne veut pas dire qu’il a mis à sa carrière. Surtout avec l’essor actuel de la télévision, qui attire de plus en plus de gens du métier via ses séries et téléfilms. Ici, le cinéaste en question se nomme Kevin Reynolds. Inconnu ? Pas tant que ça, le bonhomme ayant été à la tête de Robin des Bois – Prince des Voleurs et de Waterworld. Et qui a disparu de la circulation après l’échec commercial cuisant de Tristan & Yseult (en 2006). C’est donc en prenant le chemin de la télévision que Reynolds compte bien renaître de ses cendres par le biais d’une mini-série de 3 épisodes. L’occasion pour lui de retrouve Kevin Costner (malgré quelques embrouilles entre les deux hommes, pourtant amis depuis des années) et aussi le souffle qui l’avait quitté !
Pour cette résurrection, Kevin Reynolds s’associe à Ted Mann (géniteur de la série) pour conter une histoire vraie. Celle de deux familles américaines (les Hatfields et les McCoys), chacune postée de part et d’autre de la frontière qui les séparait (la première en Virginie-Occidentale, l’autre dans le Kentucky) et qui se firent une guerre sans merci, causant bon nombre de morts (parfois idiotes) dans les deux camps. Ironie du sort : les meneurs (William ‘Ans ‘ Hatfield et Randolph ‘Randall’ McCoy) revenaient à peine du front de la Guerre de Sécession pour revivre ce nouveau conflit qui ne concernait qu’eux. Et pas sur une petite période, qui plus est ! En effet, cette guerre familiale s’est étalée sur presque 30 ans (de 1863 à 1891), impliquant au passage quelques chasseurs de primes et des proches aux familles. Un véritable bazar de premier ordre !
La première bonne idée de cette fresque au style de western est de ne pas se montrer sous la forme d’un film. Et pour cause, traiter 30 ans de conflits en seulement 2 heures (la moyenne des films actuels) étant juste impossible à réaliser. Enfin, si, mais au grand risque de livrer au final une simple coquille vide aux spectateurs. Étaler l’histoire sur 3 épisodes d’une durée de 1h38 a donc été la meilleure des choses à faire, scénaristiquement parlant. Ainsi, nous avons le droit à une multitude de personnages travaillés. Passant des pères (les leaders) aux fils, sans oublier tout ce qui est cousins, oncles, femmes ainsi que d’autres personnes ayant participé au conflit. De plus, il est plus facile de s’attacher à tous ces protagonistes qui reçoivent donc un traitement particulier. Nous permettant de nous intéresser à une histoire d’amour à la Roméo et Juliette (un fils d’un clan et une fille de l’autre), une autre de vengeance qui va naître et qui va se servir de l’amour-même comme manipulation, certains membres des familles qui tentent de calmer les deux parties… Rien n’est mis sur le banc de touche !
Et surtout, à aucun moment cette mini-série ne tombe dans le favoritisme. En effet, le scénario aurait très bien pu nous faire devenir « les supporters » d’une famille et non de l’autre. Au contraire, impossible de prendre partie car, si vous prenez une famille, elle subit les attaques de l’autre (du style bagarre, machination, tuerie), ce qui nous touche, mais riposte en faisant de plus belle, au point de nous dégoûter. Et pour la famille adverse, c’est le même constat ! Dire lequel de William Hatfield ou de Randolph McCoy est le gentil/méchant n’amène à rien. Un choix de camp en moins qui aide justement à creuser les personnages du début à la fin.
Après, il faut bien avouer que raconter une telle épopée en 3 épisodes ne possède pas que des atouts. Et pour cause, il faut croire que la production avait posé les limites dans le nombre d’épisodes à réaliser, forçant le réalisateur à respecter ce contrat (ne pas en faire moins ni plus). Du coup, si l’histoire est détaillée comme il se doit, nous nous retrouvons avec un début plutôt brouillon qui se dépêche de lancer le conflit, et une fin expédiée à la va-vite. Pourquoi ne pas avoir fait plus d’épisodes dans ce cas ? Pour éviter l’impression de séquences trop longues servant à meubler le tout. Une impression qui se ressent déjà un peu durant ces 3 épisodes. Un véritable dilemme ! Disons donc qu’avoir réalisé Hatfields & McCoys en 3 parties a été la meilleure solution. Meilleure dans le sens de garder un juste équilibre dans le rythme du récit.
Un défaut que l’on pouvait attendre d’une série. Qui se retrouve corrigé fort heureusement par la qualité de l’ensemble. Une qualité qui se remarque du point de vue visuel. Hatfields & McCoys étant une véritable fresque qui propose tout son lot de costumes, de décors et d’accessoires qui lèvent l’authenticité du récit à un très haut niveau. Sans oublier une musique qui restitue convenablement l’ambiance que nous avons du western, sans que cela se fasse par le biais des clichés du genre (par exemple, il n’y a pas surdose de notes jouées à l’harmonica).
Et puis, quelle distribution ! Un casting où nous retrouvons un Kevin Costner, toujours au top de sa forme. Un Bill Paxton lui aussi disparu du grand écran depuis Vertical Limit en 2000 (bien qu’il est poursuivi sa carrière par des seconds rôles sans importance) et qui retrouve ici une seconde jeunesse niveau jeu d’acteur. Un Tom Berenger qui délaisse les téléfilms et autres séries B pour revenir à un rôle bien plus conséquent. Et je peux continuer encore longtemps comme ça, à parler des nombreux interprètes que nous retrouvons au générique. Quand une série se permet d’avoir d’excellents comédiens à son actif, usant du meilleur d’eux-mêmes, le résultat final ne peut décevoir !
Vous l’aurez compris, pour apprécier grandement Hatfields & McCoys, il faut faire l’impasse sur sa limite en épisodes quelques problèmes de rythme et se laisser emporter par ces 4h28 d’épopée dans l’ensemble réussie. Permettant ainsi à Kevin Reynolds de revenir sur le devant de la scène et le lançant (espérons-le) dans de nouveaux projets. Aussi bien télévisuels que cinématographiques !