Bob Hoskins s'est déjà essayé à plusieurs métiers lorsqu'il découvre le théâtre à l'âge de vingt-six ans. Il s'impose rapidement dans le milieu, puis décroche des rôles dans des séries télévisées. A la même époque, il commence à apparaître au cinéma dans Up the front (1972) de Bob Kellett, ou Inserts en 1974. Il continue ces allers-retours entre théâtre, télévision et cinéma pendant toute la durée des années 1970, s'imposant comme une figure récurrente et reconnue du paysage audiovisuel britannique.
Dès le début des années 80, la donne change. Il s'impose au grand public grâce à son rôle de gangster dans Racket de John Mackenzie, qui lui vaut une nomination au BAFTA. Il enchaîne alors les rôles importants, apparaissant en manager brutal dans l'expérience The Wall, du groupe Pink Floyd (1982), ou dans les adaptations de grands opéras (Othello). Ces années 1980 sont pour lui un véritable essor, et à mesure que les récompenses arrivent, les grands noms font appel à lui, et les projets ambitieux se multiplient : Cotton club (1984, Francis Ford Coppola), Brazil (Terry Gilliam, 1985) et Mona Lisa (1987, Neil Jordan), avec qui il atteint la reconnaissance ultime, obtenant un Prix d'interprétation à Cannes, un Golden Globes et une nomination à l'Oscar.
Bien qu'il excelle dans la gravité, l'acteur n'hésite dès lors pas à se servir de son physique bonhomme pour endosser des rôles plus légers. Il est détective privé dans Qui veut la peau de Roger Rabbit ? (1988, Robert Zemeckis) aux côtés de grands personnages d'animation, puis pirate dans le Hook de Steven Spielberg. Cette apogée lui permet de mettre en chantier sa première réalisation, The Raggedy Rawney, en 1988. Peut-être un peu trop sûr de lui, il participe au désastre Super Mario Bros, dans lequel il tient le rôle principal. Le film est un échec public et critique qui calme alors un peu l'euphorie autour de l'acteur.
Conscient de s'être relâché sur ses choix de carrière, il reprend des rôles importants, et interprète tour à tour Churchill (World War II: When Lions Roared (TV), 1994), Hoover (Nixon, Oliver Stone, 1996) et Nikita Kroutchev (Stalingrad, Jean-Jacques Annaud, 2001). Enfin, 20 ans après avoir incarné Mussolini (Mussolini and I, 1985), il prête à nouveau ses traits à une grande figure italienne en la personne du pape Jean XXIII (Il Papa buono en 2003), toujours pour la télévision. Revenu à une sorte d'équilibre, il semble alors mener sa carrière plus efficacement, diversifiant les genres, malgré son attirance pour les grandes figures de l'Histoire, et poursuivant sa carrière de réalisateur, en signant notamment un segment de Tube Tales en 1999. Au courant des années 2000, il revient même aux films légers et joue dans Coup de foudre à Manhattan (2002), Vanity fair, la foire aux vanités (2005) ou Le Fils du Mask (id.).
La soixantaine passée, le comédien continue de tourner régulièrement, variant ses choix de carrière par le biais de seconds rôles marquants : caïd dressant Jet Li à l'attaque dans Danny the dog (2005), impresario audacieux dans Madame Henderson présente (id.), avec son amie Judi Dench, puis politicien véreux dans Doomsday (2008) du polémique Neil Marshall. Il retrouve aussi Robert Zemeckis pour le doublage du Drôle de Noël de Scrooge (2009), refait la lutte pour le droit des femmes du côté des patrons (We Want Sex Equality en 2010), pour enfin se tenir, en 2012, aux côtés de Willem Dafoe dans le sulfureux Go Go Tales et de Charlize Theron dans Blanche-Neige et le chasseur, relecture "dark" du célèbre conte de Grimm.
Bob Hoskins a gagné, au cours de ses plus de 40 ans de carrière, une place de choix dans les rangs des grands acteurs, de par sa sagesse et sa présence bien particulière. Pouvant être tout aussi bien le plus horrible des personnages que le plus gentil des hommes, il exerce avec brio les multiples facettes de son talent.