Symbole malgré lui du cinéma bis (voir Z) et d’horreur en raison de son physique déformé, Michael Berryman voit le jour le 4 septembre 1948 à Los Angeles, d’un couple dont le père est neurochirurgien. Victime du très rare syndrome de Christ – Siemens – Touraine, il naît sans glandes sudoripares, sans dents, sans système pileux, sans ongles et affligé d’une insensibilité de certains nerfs. Dans son malheur, il est également affecté d’un lourd handicap au niveau de la boîte crânienne : il naît sans fontanelles. Des espaces membraneux séparent les différents os du crâne, au point de devoir subir une intervention chirurgicale pour lui sauver la vie, son cerveau risquant d’être écrasé avec sa croissance. Si l’intervention est un succès, elle lui laisse une boîte crânienne en forme conique, qui fera plus tard au cinéma sa notoriété.
Il tente d’abord d’entreprendre des études de vétérinaire, avant d’être contraint de déclarer forfait : en raison de son insensibilité dans les nerfs de ses mains, il n’aurait pu opérer correctement. Après divers petits boulots alimentaires effectués en sillonnant les Etats-Unis, il finit par échouer en Californie, où il devient fleuriste. C’est là qu’il est repéré en 1975 par George Pal, scénariste-réalisateur spécialisé dans la SF (La Machine à explorer le temps), qui lui propose le petit rôle d’un croque-mort dans le film qu’il est en train d’écrire : Doc Savage arrive. Avec un cachet de 600 $, Michael Berryman fait ainsi ses premiers pas au cinéma. Et si le film est un échec, il lui met au moins le pied à l’étrier. La même année, il tient aussi un autre petit rôle, celui d’un aliéné, membre parmi d’autres de la cour des miracles de Jack Nicholson dans Vol au-dessus d'un nid de coucou , le chef-d’œuvre de Milos Forman.
En 1977, il répond à une petite annonce posée par un cinéaste de 38 ans, qui s’est fait remarqué cinq ans auparavant avec un premier film choc, La Dernière maison sur la gauche : Wes Craven. Ce dernier est à la recherche de comédiens à l’allure inquiétante pour son prochain film, le terrifiant La Colline a des yeux. L’acteur se fait embaucher et y fait merveille, dans le rôle du cannibale dégénéré « Pluto ». Le réalisateur ne ménage pas Berryman, qui tourne cinq mois dans le désert sous une chaleur écrasante, alors qu’il ne peut transpirer… Avec son physique inquiétant, l’acteur, qui n’incarne finalement qu’un membre de la tribu familiale dégénérée du film, apparaît sur tous les supports promotionnels du film.
Il retrouve en 1981 Wes Craven, dans le film d’horreur La Ferme de la terreur, dans lequel il campe un amish, aux côtés d’Ernest Borgnine et d’une Sharon Stone débutante. Après le triomphe de La Colline a des yeux, il tourne dans sa suite en 1985, toujours sous la houlette de Craven. Mais le film est très loin d’égaler le succès du premier volet. Après un détour par la case SF avec Star Trek IV : Retour sur Terre, il se voit offrir le rôle d’un sadique dans "Amazonia : la jungle blanche", de Ruggero Deodato. En 1987, le réalisateur italien le sollicite à nouveau pour Les Barbarians, dernier succès du cinéma bis transalpin, où il incarne (et cabotine) un tortionnaire.
Limité par son physique qui le cantonne presque toujours aux rôles de tueurs sadiques, il parvient néanmoins à s’en amuser, en s’auto –parodiant dans le pourtant plus qu’oubliable Rock Aliens. L’acteur surnage dans de nombreuses productions bisseuses, comme Armés pour répondre, où il affronte Lee Van Cleef et David Carradine ; Dar l'invincible 2 - La porte du temps ; Double Dragon, la catastrophique adaptation de la célèbre licence vidéoludique ; Mutronics… Bon gré mal gré, en dépit des limites des rôles redondants qui lui sont offerts par des réalisateurs et des scénaristes peu inspirés, Berryman a su assurer une vraie longévité à sa carrière, riche de près de soixante films en près de 40 ans.
Auteur : Olivier Pallaruelo