Fils d'un officier de l'armée sud-coréenne et d'une employée de maison de production cinématographique, Hong Sang-soo découvre le cinéma en regardant des films hollywoodiens à la télévision. Au cours d'une conversation bien arrosée, un homme de théâtre suggère à ce garçon désœuvré de se lancer dans la mise en scène. Hong Sang-soo s'inscrit alors à l'université de Chungang, à Séoul, dans le département "Théâtre et cinéma". Il part vivre ensuite aux États-Unis, étudiant au College of Arts and Crafts de Californie et à l'Art Institute de Chicago, où il réalise plusieurs courts métrages expérimentaux.
Cet amoureux de Rohmer et de Cézanne, qui a vécu un an en France, connaît un choc esthétique en découvrant à 27 ans Le Journal d'un curé de campagne de Robert Bresson, un film qui le convainc de se tourner vers un cinéma plus narratif. Il réalise en 1996 son premier long métrage, Le Jour où le cochon est tombé dans le puits suivi deux ans plus tard par Le Pouvoir de la province de Kangwon (tourné en noir et blanc). Ces premières œuvres, tout comme La Vierge mise à nu par ses prétendants (2000), sont saluées par la critique et primées dans les festivals (Rotterdam, Vancouver, Pusan). Sang-soo y décrit avec un remarquable sens du détail le quotidien de jeunes Coréens, leurs relations de couple conflictuelles et leur malaise existentiel latent.
Fort de sa réputation, Hong Sang-soo dispose de moyens plus confortables pour Turning gate (2004), coproduit par Marin Karmitz et interprété par trois stars locales. Dans ce quatrième opus, qui obtient un beau succès public en Corée, le réalisateur affine son style tout en restant fidèle à sa thématique. L'alcool et le sexe tiennent une large place dans son cinéma, qui mêle avec audace poésie et trivialité, abstraction et crudité, mélancolie et humour. On retrouve ces caractéristiques dans La Femme est l'avenir de l'homme (2004) et Conte de cinéma (2005), qui sont l'un et l'autre en compétition au Festival de Cannes.
Désormais habitué des festivals, Hong Sang-soo présente à Berlin Night and Day (2008). Cette promenade sentimentale dans les rues du XIVe arrondissement de Paris est son premier long métrage tourné hors de Corée. De plus en plus prolixe à l'orée des années 2010, le cinéaste s'exprime autant sur les écrans de cinéma que grâce au format court (Eo-ddeon bang-moon, Cheopcheopsanjung). Il signe son grand retour sur la Croisette en 2010 avec HA HA HA, qui remporte le Prix Un Certain Regard. La même année avec Oki's Movie, Sang-soo propose, sous forme de sketchs, une variation sur le thème de l'hésitation amoureuse. En 2011, le cinéaste est de nouveau sélectionné à Cannes dans la catégorie Un Certain Regard pour The Day He Arrives (Matins calmes à Séoul), une déambulation entre rêve et réalité dans la capitale sud-coréenne.
L'année suivante, le metteur en scène travaille avec Isabelle Huppert pour In Another Country. Très prolifique, le coréen enchaîne avec Sunhi, Haewon et les hommes, Hill of Freedom et Un jour avec, un jour sans en 2016. Entre 2017 et 2018, Hong Sang-soo réalise 4 autres films, Yourself and Yours, Le Jour d'après, Seule sur la plage la nuit et La Caméra de Claire, dans lequel il retrouve Isabelle Huppert. Hong Sang-soo aime explorer des thèmes qui lui sont chers : la rencontre amoureuse entre deux artistes et la découverte de l'autre et les relations conflictuelles, à l'instar de Night and Day (2010), The Day He Arrives (2011), La Vierge mise à nu par ses prétendants (2004) ou encore Un jour avec, un jour sans (2016), dont la forme est aussi morcelée et non-linéaire.