Personnage de légende Jesus Franco peut s'enorgueillir d'une filmographie aussi prolifique que celle d'un John Ford ou d'un Raoul Walsh. Plus de 170 réalisations au total, signés de l'un des 60 pseudonymes (parmi lesquels Jess Frank ou encore Jack Griffin) dont il usa au cours d'une carrière débutée comme assistant réalisateur sur Cosmitos (Juan Antonio Bardem, 1954). Son premier long métrage, (L' Horrible Docteur Orlof en 1963) est placé sous le signe de l'horreur. Mêlant l'érotisme à l'épouvante (Les Avaleuses), passant allégrement du polar à l'anticipation, adaptant des classiques de la littérature fantastique (Dracula : Les Nuits de Dracula, Fu Manchu : Blood for Fu Manchu et The Torture Chamber of Fu Manchu d'après Sax Rohmer, avec Christopher Lee), faisant même quelques incursions, à son corps défendant, dans le porno, Jesus Franco s'est imposé comme le maître incontesté du cinéma bis, qu'il sert avec respect et un enthousiasme inaltérable.
Adulé par certains, honni par d'autres, ce cinéphile fou, Jesus Franco ne cesse de rendre hommage à ses glorieux aïeuls et à ses pairs, de Fritz Lang à Godard. Mais le réalisateur ne se contente pas d'admirer, il suscite également l'intérêt de ses modèles. Ainsi, en 1965, Orson Welles lui offre de superviser la deuxième équipe de tournage sur Falstaff. Par ailleurs, Jesus Franco reprend, au début des années 1990, le montage de l'adaptation de Don Quixote que Welles ne put mener à bien, faute de moyens. Ce travail mobilise Franco durant un an et demi, une durée peu habituelle pour le cinéaste, qui réalise de trois à quatre longs métrages chaque année.