De sa bourgade du Maine-et-Loire, Hugues Questerbert a toujours rêvé des projecteurs. C’est la raison pour laquelle, à 17 ans seulement, une annonce publicitaire l’oriente vers un cours d’art dramatique animé par Guy Kayat. Le cœur léger et le bagage mince, il est certain de conquérir Paris.
En 1969, Roger Blin, qui a remarqué son talent pendant ce cours, l’informe que Patrice Chéreau recherche sa distribution pour Richard II de Shakespeare au théâtre du Gymnase. Séduit par son regard intense, le metteur en scène l’engage immédiatement et réduit son nom à "Quester". C’est le début d’une précieuse collaboration entre les deux hommes, puisqu’il apparaîtra dans deux autres pièces de Patrice Chéreau ainsi que dans son long-métrage, La Chair de l’orchidée, en 1974.
Pour l’heure, ce début des années 1970 lui permet non seulement de s'installer au théâtre, mais également au cinéma. Après quelques figurations, il décroche simultanément deux rôles importants dans Quelque part quelqu’un de Yannick Bellon ainsi que dans La Rose de fer de Jean Rollin, sous le nom de Pierre Dupont, en 1972.
Le jeune acteur s’illustre dans de nombreux longs-métrages célèbres comme Je t’aime, moi non plus de Serge Gainsbourg et tourne entre les années 1970 et 1980 pour les plus grands réalisateurs : Ettore Scola (La Nuit de Varennes, 1981), Raoul Ruiz (La Ville des Pirates, 1983), Jacques Demy (Parking, 1985) ou encore Éric Rohmer (Conte de printemps, 1989).
La télévision ne le laisse pas de côté pendant cette période, et s’il fait ses premiers pas dans Les Enquêtes du commissaire Maigret en 1978, on a pu le voir dans Noces de Soufre ou le téléfilm La Reverdie.
Le début des années 1990 démarre sur les chapeaux de roue, avec Trois Couleurs : Bleu de Krzysztof Kieslowski ou Grande petite de Sophie Fillières, mais les années suivantes sont plus sporadiques sur grand écran, son dernier long-métrage étant Le goût du sel d’Hélène Marini, en 2003.
Hugues Quester préfère revenir à ses premières amours pour le théâtre, où il devient notamment l’acteur fétiche du metteur en scène Emmanuel Demarcy-Mota à partir de 2001. En 2015, le comédien reçoit le grade d’Officier de l’ordre national du Mérite. Une récompense qui s’ajoute à celles de Commandeur des Arts et des Lettres et à la Légion d’honneur. À 76 ans, il est aujourd’hui toujours sur les planches, dans la troupe du Théâtre de la Ville et il a fait son come-back à la télévision dans Adieu vinyle de Josée Dayan en 2023, aux côtés d'Isabelle Adjani.