Entre la Libération et la fin de la Guerre d'Algérie, la France connait de profonds chambardements dans sa vie culturelle. De cette période trouble émerge une mouvance de jeunes écrivains qui bousculent le cocotier sartrien. Comme les mousquetaires, ils étaient quatre : Roger Nimier, Jacques Laurent, Antoine Blondin et Michel Déon. La critique aura tôt fait de les marquer au fer rouge en les rassemblant sous l'étiquette militaire du hussard. Durant les quelques années que dura leur chevauchée, ils n'eurent de cesse de s'aventurer dans des combats où ils avaient tout à perdre, cavalant sans dessein, sans volonté d'entrer en postérité. Ils l'ont d'ailleurs peut-être trop bien réussi. Aujourd'hui à part une faible proportion de lecteurs, qui sait de qui il s'agit ? J'ai choisi de raconter la vie de ces écrivains dont les excès ont gommé les succès. Leur destinée s'écrit comme un roman : il s'agit d'une épopée que l'on devine par avance condamnée. Parce qu'ils pensent uniquement à leur plaisir, ils circulent dans la vie comme s'ils traversaient un rêve. Tour à tour romanciers, journalistes, piliers de bars, scénaristes, directeurs de rédaction ou ennemis publics, ils crament la vie avec la fougue de ceux qui n'ont rien à perdre. Hussard désigna finalement une manière d'être : un non-conformisme confinant à l'espièglerie ou à l'irrespect.