Le monde a les yeux fixés sur Guantanamo et Abu Ghraib, mais personne ne connaît l’existence de Tranquility Bay, un centre de modification du comportement pour adolescents «à problèmes». Un lieu de détention privée, un lieu d’expérimentation de l’ultra-violence sur une cible inédite : les enfants de l’upper middle class américaine. Un parmi d’autres ! Tranquility Bay fait partie d’un réseau d’écoles aux noms tout aussi évocateurs : Casa by the Sea, Dundee Ranch, Paradise Cove, Majestic Ranch… Des écoles situées aux quatre coins des Etats-Unis mais où l’on peine à trouver un professeur, une infirmière, un psychologue. Des lieux de relégation tous affiliés à une maison-mère basée dans l’Utah : WorldWide Association of Specialty Programs (WWASP), un empire qui se revendique des traditions les plus patriarcales et autoritaires de la religion Mormone. Les réalisateurs, Jean-Robert Viallet et Mathieu Verboud, ont enquêté pendant deux ans et demi pour recueillir ces témoignages totalement inédits de parents ayant confié leur enfant à ces dangereux « éducateurs » et
surtout de jeunes adolescents détruits par cette expérience.
A travers l’exemple des camps WWASP, Les enfants perdus de Tranquility Bay met en évidence un problème plus large, celui du véritable marché des « camps de redressement » qui prospère aux Etats-Unis sur le désarroi de parents impuissants devant les conduites à risque de leurs propres enfants. Aujourd’hui en effet, plus de 1000 sociétés privées américaines vendent leurs programmes de redressement de l’enfant. Un marché de 60 milliards de dollars qui croît de 25% par an.