“Shortcuts” rassemble un nombre d’acteurs qu’on peut classer d’excessif, un casting haut en couleurs avec des comédiens plus ou moins connus de l’époque (1993) - et trente ans après, certains font toujours partie du business (Matthew Modine, Robert Downey Jr., Julianne Moore). En tout cas, c’est un sacré défi que nous propose Robert Altman. L’ambiance sonne typiquement américaine avec ses lotissements et ses allées bien rangées de Los Angeles. Seulement voilà, la vie n’est pas aussi rangée que leur maisons occidentales, ainsi nous suivons les péripéties de nombreux protagonistes qui vont se croiser ça et là au cours de l’œuvre de plus de 3h de temps : le mot “long-métrage” prend vraiment tout son sens…Heureusement, le film passe à une allure fulgurante, grâce à un montage dynamique et précis. La trame narrative est axée sur des tranches de vie des personnages, dans leurs intimités, leurs questionnements, leurs relations, mais difficile d’en obtenir un scénario pertinent sur toute la ligne. Toutes les histoires ne sont pas forcément des plus réussies :
par exemple, le couple Kaiser avec le téléphone rose de Lois (Jennifer Jason Leigh) et son mari Jerry (Chris Penn) très difficile à cerner ou la chanteuse nonchalante de Jazz Tess (Annie Ross)
. Et d’autres histoires nous touchent d’autant plus :
l’accident du jeune Cassey (Zane Cassidy), la découverte du cadavre par Stuart Kane (Fred Ward) pendant la pêche, la désillusion et les tromperies de Gene Shepard (Tim Robbins) qui joue extrêmement bien le flic mâle alpha à côté de la plaque, la déclaration de Paul Finnigan (Jack Lemmon) à son fils Howard (Bruce Davison).
On peut aussi reprocher à la scène
du tremblement de terre généralisé à Los Angeles
de faire perdre de la crédibilité à l’essence de l'œuvre et proposer une conclusion trop hâtive qui donne l’impression une fin très limitée voir carrément absente.
Mais tout de même, ce “Shorcuts” reste en tête pour son côté profondément humain sur les deux tiers du film, des hommes et des femmes qui discutent, se disputent, rigolent, se crient (souvent) dessus, pour un joyeux bordel de vie. La diversité des personnages, des métiers, des caractères, des addictions, des relations rend le film très entier.