L'aspect audacieux du projet a séduit Alain Resnais, qui affirme avoir tenté l'aventure parcequ'il n'a jamais vu la pièce auparavant. "Puisque je n'avais pas vu cette pièce, je me suis dit que si on la jouait pour moi, j'aurais une idée de ce que cela pouvait donner. Faire un film de la pièce la plus audacieuse qu'Alan Ayckbourn ait écrite, c'était stimulant, et cela me donnait un bon argument auprès de lui puisqu'il est hostile aux adaptations de ses pièces au cinéma."
Avant d'avoir les titres définitifs de Smoking et No Smoking, les deux films d'Alain Resnais ont un moment été appelés Ou bien, ou bien et C'est comme ça ou autrement.
Smoking et No smoking comportent quatorze segments, soit deux de moins que ceux mis en place par l'écrivain et metteur en scène Alan Ayckbourn. Les deux segments retirés pour la version cinématographique, une partie de cricket et la représentation d'une pièce médiévale, l'ont été car jugés trop "british" pour le public français.
Smoking et No smoking resprésentent une oeuvre unique et osée. Le réalisateur Alain Resnais ne cache pas son désir d'expérimenter lorsqu'il est derrière la caméra. "Expérimenter, tester, mélanger des choses a priori sans rapport, c'est se mettre en danger. Je recherche ça, oui. Si vous marchez le long d'un chemin très étroit, rocailleux, avec un précipice de chaque côté, votre coeur battra plus vite et vous garderez un souvenir plus marquant que votre ballade à travers champs."
Lorsqu'Alain Resnais a fait part à Alan Ayckbourn de son intention d'adapter l'une de ses oeuvres pour le grand écran, celui-ci a très vite été enthousiaste. Alain Resnais raconte : "Je luis ai dit que j'espérais trouver une forme qui se rapprocherait de son entreprise initiale, de ce qu'il appelle lui-même une "folie théâtrale", en restant fidèle à la construction et au principe des combinaisons multiples. C'était le diagramme évident qui m'excitait. Ayckbourn a éclaté de son rire de mouette et m'a dit cette phrase historique : "Alain, vous êtes encore plus fou que moi !" Il m'a donné son accord dans les cinq minutes."
Les films Smoking et No smoking ont été salués par la critique, récoltant de nombreuses récompenses. Ils ont ainsi reçu le Prix Louis-Delluc 1993, l'Ours d'argent au Festival de Berlin, le Prix de la critique française, et surtout cinq César : meilleur film, meilleur réalisateur pour Alain Resnais, meilleur acteur pour Pierre Arditi, meilleur scénario et meilleur décor.
C'est le couple formé de Jean-Pierre Bacri et d'Agnès Jaoui qui a scénarisé le dyptique Smoking et No smoking. On leur doit également les scénarii de Cuisine et dépendances et du Goût des autres.
Sabine Azéma et Pierre Arditi sont les seuls comédiens de Smoking et No smoking. Ils interprètent chacun plusieurs personnages (cinq femmes et quatre hommes). Alain Resnais aime le fait que, dans les deux films, ses acteurs "restent reconnaissables. Que les changements soient dans leur phrasé, mais pas dans le timbre de leur voix. Ce qui me paraissait amusant, surtout, c'est de les entendre tout le temps réclamer un autre soi-même. Dès le début, Célia appelle : "Sylvie, Sylvie !" Or, la seule chose impossible c'est que Sylvie arrive, puisque Azema interprète les deux rôles. Et ça continue d'un bout à l'autre des deux films."
Alain Resnais n'a pas attendu Smoking et No smoking pour diriger Sabine Azéma et Pierre Arditi. La collaboration du trio a débuté en 1983 avec La Vie est un roman pour se poursuivre avec L' Amour à mort, Mélo et On connaît la chanson. Par ailleurs, Alain Resnais a dirigé Pierre Arditi seul dans Mon oncle d'Amérique, en 1980.