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soniadidierkmurgia
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4,0
Publiée le 27 janvier 2013
Pour les européens que nous sommes le cinéma sud-coréen qui nous enchante depuis plus de dix ans avec des metteurs aussi imaginatifs et divers que Bong Joo-Hong («Memories of murder », « Host « ), Park Chan-Wook (« Sympathy for Mr Vengeance » »,« Old boy »), Jin Na-Hong (« The chaser ») ou encore Kim Jee-Woon (« J’ai rencontré le diable ») semble être né d’une génération spontanée tellement il est resté inconnu des cinéphiles en partie à cause des régimes totalitaires qui se sont succédés en Corée du Sud de 1960 à 1987. Mais il reste évident que tous ces jeunes réalisateurs très talentueux ont dû s’appuyer sur des modèles pour forger leur art. Kim Ki-Young en est à coup sûr un des plus représentatifs, il suffit de voir dans les bonus du DVD édité par Carlotta leurs témoignages pour s’en convaincre. Si on a loué à l’aube du XXème siècle le renouveau du film d’horreur insufflé par le cinéma asiatique, on peut voir qu’en 1960 un réalisateur inconnu dans nos contrées a livré une sorte de petit joyau du genre sur fond de drame social. En quelques scènes évocatrices, Ki-Young nous brosse le portrait d’une famille apparamment soudée dans laquelle une jeune servante va venir semer un trouble mortel. Le père, professeur de piano soumis aux sollicitations permanentes des jeunes ouvrières à qui il dispense des cours, provoque bien involontairement la mort d’une jeune femme lui ayant fait des avances après qu’il l’ait dénoncée à la direction de l’usine. Ce drame à partir duquel tout va s’enchaîner montre d’emblée l’importance exagérée accordée à la réputation dans une société coréenne encore très centrée sur les traditions et mue par la prédominance de la cellule familiale. Pourtant au sein de cette famille d’apparence si soudée en attente d’un troisième enfant tout n’est pas si ordonné que le père de famille voudrait le croire. Sa femme obsédée par l’acquisition de biens matériels se tue à la tâche sur sa machine à coudre et le jeune fils prend un plaisir malsain à martyriser sa grande sœur handicapée encouragé par ses parents qui semblent penser que c’est uniquement un manque de volonté qui l’empêche de marcher. Par l’importance visuelle accordée au petit flacon de mort au rat, Ki-Young semble nous indiquer que le poison est déjà présent et qu’il ne manque plus qu’une main mal intentionnée pour le répandre sur toute la maisonnée. L’arrivée de Myeong, jeune femme d’origine rurale comme servante va rapidement mettre le feu aux poudres. La promiscuité des lieux distribués sur deux minuscules étages reliés par un escalier où se joueront les actes essentiels du malheur,va accélérer le processus de contamination de toute la famille. Ce père si prompt à dénoncer une jeune fille amoureuse dans le cadre de ses cours de piano va se révéler beaucoup moins énergique au sein de son propre foyer cédant très facilement à Meyong qui a cerné presque instantanément les jeux de pouvoir au sein de la famille. Ce père si lâche ajouté à la peur irréfrénée du scandale qui habite sa femme va permettre à Meyong mue par un désir de vengeance inassouvible contre son statut social de prendre un ascendant sans limite. Rien ne pourra arrêter une machine infernale qui s’autoalimente par les peurs, les préjugés et les rancœurs de chacun des protagonistes. La tension est insoutenable et c’est avec soulagement que l’on assiste au sacrifice final du père dont on se demande ce qu’il a bien pu attendre pour mettre un terme à ce jeu de domination sadomasochiste instauré entre la servante et son épouse. Ki-Young qui a volontairement réduit l’action à un huis clos s’y entend à merveille pour nous faire tomber dans tous les pièges tendus par Meyong interprétée par une Lee Eun-Shim troublante d’une beauté tout à la fois virginale et malsaine dont il se dit qu’elle a tellement été détestée après la sortie du film que sa carrière en a été stoppée net. Ki-Young goguenard clôt son film par un avertissement complice à tous les hommes qui se croiraient à l’abri d’une telle mésaventure, montrant un sens de l’humour surprenant mais fort bienvenu après une telle séance de torture morale infligée à son spectateur. Le thème de l’intrus qui s’immisce pour dérégler l’ordre établi est souvent utilisé pour crée un sentiment de malaise chez le spectateur et les plus grands comme Losey, Bunuel ou Pasolini y ont eu recours mais on peut se poser la question de savoir si on a déjà été aussi loin dans l'application du procédé que Kim Ki-Young qui fera lui-même plusieurs remake de son chef d'oeuvre?
de temps en temps, les cinélâtres s'auto-envoutent, en raison d'une légende qui s'auto-perpétue, une bobine ou deux égarées, retrouvées, restaurées par tonton Martin... Ici, on se trouve devant un cas typique de ce genre de masochisme bien inutile. Très mauvais film qui peut éventuellement passer si seulement on l'aborde comme un cas d'école de série z involontaire, ce qui peut avoir son charme, certes, mais pitié, pourquoi (s')infliger ça ? la musique... aïe nos oreilles... enfin... tout est agression gratuite et permanente de ce qui peut encore nous rester d'esprit, de goût... couronnée d'une pauvre leçon de morale finale appuyée et risible qui parachève le tout...
Kim Ki-Young n'est pas très connu en Occident. "La Servante"(1960)ne fut pas visible pendant des décennies jusqu'à temps que la fondation cinématographique de Martin Scorsese ne le restaure. Ce qui frappe en revoyant ce classique du cinéma Sud-coréen,c'est à quel point il était en avance sur son temps. Il fut un des premiers à mélanger les genres avec autant d'audace et de dextérité. Ce huis clos dans un appartement passe de la comédie de mœurs au mélodrame dérangeant,et se finit dans l'horreur intégrale. Ultérieurement,Roman Polanski ou Brian de Palma lui devront beaucoup. Dans un noir et blanc très contrasté,le film raconte comme une simple servante va bouleverser la vie tranquille et rangée d'une famille de la bourgeoisie Sud-coréenne. Ki-Young n'épargne pas les enfants(trop curieux et manipulateurs),ni les hommes(guidés par leur désir primaire),ni les femmes(hystériques et timbrées). Le film parle clairement de la folie,et de la manière baroque dont elle peut s'exprimer. Ki-Young va au bout de sa logique,quitte à lasser ou choquer,un peu à la manière d'un Luis Bunuel.
Incroyable que la critique s'intéresse à un film qui soit-disant serait critique vis à vis du conformisme petit-bourgeois. C'est tout le contraire : il est ultra moralisateur, présentant la femme comme un problème (genre "tota mulier in utero") qui cherche tous les moyens pour assouvir son désir sexuel. L'homme, le pauvre, est finalement obligé de coucher, par faiblesse, une nuit d'orage, où la servante se dénude devant lui. Ceci entraîne évidemment la catastrophe, la destruction du foyer, la mort. A aucun moment il n'y a un quelconque point positif dans l'adultère : ce n'est que l'engrenage de destruction lié à une faiblesse. Merci pour la vision réductrice et moyen-âgeuse du désir féminin (voir la dernière image qui est le commentaire à destination du public). Dans la salle, tout le monde rigole, y compris à la réplique de la servante qui allume une dernière cigarette alors qu'elle se suicide avec l'homme (par absorption de mort au rats) et demande : "la fumée vous gêne" ?
Mais qué cé ça ?! Mon dieu que ce film est chiant, l'histoire est.... n'importe quoi, enfin non l'histoire est plutôt pas mal mais tellement mal écrite, les moments importants sont bâclés et les moments inutiles sont long à mourir, les acteurs sont ignobles, leur jeu est atroce, je supporte pas les vieux jeux d'acteurs des années 60, toujours illogique et tellement mal foutu, le vieux coup de "je regarde ailleurs quand tu me parle", le "je vais pleurer à genoux la tête contre les rideaux", ah je supporte franchement pas, et puis en VO bah c'est atroce aussi, les faux pleures à deux balles et j'en passe, je m'épate d’être aller au bout de ce... j'ai même pas de mot pour dire à quel point ce film est abominable, et puis cette fin OH MY GOD, cette fin à la c*n, non mais sérieusement il pouvait pas la tuer au lieu de se suicider comme un boulet avec elle, oui je spoil mais comme je ne conseille ce film à personne c'est pas bien grave, le seul point positif peut être la réalisation qui n'est pas mauvaise, mais le reste c'es poubelle, acteurs, mise en scène, décors en carton et scénario op poubelle.
Voilà donc je conseille aux gens de passez leur chemin à moins qu'ils veulent risquez de faire leur propre avis sur cette atrocité, si c'est le cas, bonne chance à vous.
Plus de cinquante ans après sa réalisation, le célèbre film de Kim Ki-Young (qui est une référence dans le cinéma coréen pour bon nombre de cinéastes) bénéficie d’une restauration qui a vu le jour grâce au Korean Film Archive et au soutien de la World Cinema Foundation (fondée par le réalisateur Martin Scorsese). Ayant découvert The Housemaid (2010), le remake de Im Sang-soo, qui était essentiellement une relecture plutôt qu’un banal remake plan par plan, si ce dernier s’avérait très réussit, il est difficile de faire la comparaison entre la version de 2010 et l’œuvre originale, toutes les deux étant extrêmement différentes (si ce n’est la trame bien évidemment). Pourtant, il faut bien admettre qu’à l’heure d’aujourd’hui, si ce film fait figure de chef d’œuvre pour certains, pour d’autres, ce n’est absolument pas le cas. Certes le film a des qualités indéniables, mais il faut bien reconnaître qu’il a rudement mal vieillit. Si la mise en scène nous offre de très beaux plans (fondus enchaînés, contreplongées, zooms, etc) au cœur d’un huis-clos étouffant, on regrettera amèrement l’utilisation abusive d’une musique assourdissante. Quant aux acteurs, très (voir trop) théâtrale dans leur façon de jouer, on ne pourra finalement que se reposer sur la prestation de Lee Eun-shim qui incarne la servante. Au final, beaucoup de bruits pour pas grand-chose…
Le seul intérêt d'avoir exhumé ce film des archives coréennes du cinéma, c'est de nous montrer le chemin qui a été parcouru en 40 ans. Partant d'une pâle copie de film hitchkockien, avec des comédiens encore très proches du théâtre asiatique, jeux de sourcils et grands gestes compris, avec des dialogues mélodramatiques et des rebondissements de roman-feuilleton, on aboutit à un pensum moraliste (ah le clin d'oeil du héros en conclusion!). Le traitement cinématographique et notamment les mouvements de caméra dans un quasi huis-clos étouffant, devait faire preuve de modernité à l'époque. La musique omniprésente nous paraît aujourd'hui vieillie et indigente. La comparaison avec le cinéma français des années 60 n'est peut-être toutefois pas à l'avantage de notre production nationale. Nous avons aussi notre lot de navets en noir et blanc qui sont encore considérés comme des chefs d'œuvre!
Un film tendu, diabolique et visuellement sublime. La légende coréenne a été restaurée, et c'est un vrai bonheur de pouvoir apprécier ce film à la mise en scène si moderne, basée sur une caméra hyper présente qui offre en permanence un point de vue sur l'action et les personnages. Le tout fait penser à certaines productions américaines et étonne également par son ton libertaire et furieusement érotique. Outre le filmage sublime, les personnages sont absolument à la hauteur : entre le mari lâche, la femme vénale, les enfants gâtés et la servante folle à lier, on a droit à un portrait déglingué de la société coréenne de l'époque, toujours sur le fil du rasoir et prête à exploser. L'histoire est fascinante et pose les bases du cinéma coréen tel qu'on le connaît au 21ème siècle. Superbe.
Film culte du cinéma coréen mais aussi grand rescapé des ravages du temps, "La Servante" est un conte cruel où s'immisce au fur et à mesure la douleur, la violence, le sexe et le masochisme. L'histoire est osée pour l'époque et choque encore aujourd'hui par ses nombreux rebondissements et la manière dont les deux femmes (celle légitime et la maîtresse) réagissent par rapport à leur amour pour l'homme. Kim Ki-Young reflète à travers cette cruauté la névrose de la société coréenne aux pulsions autodestructrices et émet un constat amer que le protagoniste lui-même affirme aux spectateurs : l'homme cédera toujours à ses pulsions et aucun n'est différent. Malheureusement pour le film, la manière dont il est monté et le jeu des acteurs ont pris un sacré coup de vieux qui prête parfois plus au rire malgré le climat oppressant que s'efforce de créer le réalisateur. Et la psychologie des personnages nous est obscure, nous empêchant de tout comprendre et de rentrer pleinement dans le film. La forme ne rejoint pas ici la force du fond et malgré toutes ces qualités, "La Servante"est un film qui n'est pas fait pour vieillir.
Sorti lors de l'été 2012, "La servante" distille encore un fort venin subversif. Certes, il y a des choses qui passent moins dans le film, notamment une musique tonitruante, quasi omniprésente, dont chaque ligne mélodique se résout en orage. Manière d'installer une ambiance proche du film d'horreur. Pour la famille de classe moyenne qui voit une servante libertaire investir leur maison, on peut comprendre que, progressivement, cette présence invasive tienne lieu de gangrène horrifique. "La servante" est un film qui a beaucoup marqué la société coréenne, dont le fonctionnement repose sur des bases confucianistes, c'est-à-dire que chacun doit être à sa place, dans une indéfectible hiérarchie : respect des ainés, dévouement y sont les principales marques. Dans le film, un petit garçon se révèle cruel envers sa sœur ainée ; le père ne doit pas se montrer trop sévère avec son enfant lorsqu'il veut le punir, mais le même garçon, lorsqu'il tente d’échapper à la punition, est rappelé à l'ordre par sa mère, qui l'avait défendu quelques instants auparavant. C'est cet ordre interne que la servante vient perturber, détruire, en faisant exploser les pulsions du désir.
J'ai eu le privilège de pouvoir assister à une séance de ce film un peu maudit par le temps. En effet, ce n'est pas la version complète de La servante qui a été restauré, une bobine manque et une autre souffre de problèmes de pellicule puisqu'il a fallu effacer des sous-titres anglais incrustés dans l'image et qui prenait facilement la moitié de l'écran. Bref pour en revenir au film j'en ai peu entendu parler. Après avoir découvert la BA au ciné je me suis renseigné dessus et j'ai vu que des cinéastes comme Martin Scorsese ou encore une bonne partie de la génération de réalisateurs coréens actuelle admirent ce film et considérent Ki-young Kim comme un modèle et véritable fer de lance du cinéma sud-coréen. Bon, alléchant tout ça, surtout que la BA laissait croire à un film étonnamment très sulfureux, du moins pour l'époque.
Il me paraît d'abord important de préciser que la mise en scène du film est de très bonne facture. Entre plans-séquence minutieux, magnifiques contre-plongées et de beaux fondus enchaînés, on peut dire qu'Hanyo fait preuve d'une belle qualité visuelle même si par moments le poids des années se fait trop ressentir. Cependant, l'agréable photographie peut nous faire pardonner ce point. Esthétiquement l'oeuvre a fait preuve d'un grand soin. Après je trouve que le film contient malheureusement trop de défauts. Le scénario du film est plutôt malin dans son déroulement, assez perfide, oppressant. Il est vraiment bien ficelé mais un peu desservi par un rythme un peu mollasson qui instaure une tension inégale. Pourtant avec la relation entre la servante et le maître de maison la tension sexuelle et vicieuse est bien présente. Cependant elle manque cruellement d'intensité pour être réellement marquante. Et le côté un peu rébarbatif du scénario n'arrange pas le tout. Néanmoins le plus gros défaut du film c'est l'utilisation musicale. Ki-young Kim va te claquer de temps en temps une musique complètement assourdissante qui ne sert absolument à rien. Je veux dire, si encore ça soulignait quelque chose (même si je ne suis pas fan du procédé), ça aurait pu le faire. Mais ce n'est même pas justifié, la musique bruyante arrive brusquement au beau milieu d'une séquence où il ne se passe pas grand chose, et c'est vraiment pénible. Heureusement que ces passages musicaux restent assez isolés, sinon j'aurais pu prendre rendez-vous avec mon oto-rhino pour cause de problèmes auditifs.
Au niveau de l'interprétation je n'ai pas été conquis. Des jeux un peu trop théâtraux, mécaniques et maniérés. Sans que ce soit mauvais, je n'ai jamais été bouleversé par ces comédiens. Après j'ai apprécié La servante pour bien des raisons. Mise en scène de qualité, scénario bien construit et assez savoureux, mais autant trop de défauts viennent gâcher une bonne impression d'ensemble, et ceux-ci ne sont pas uniquement liés à l'âge du film. J'ai quand même beaucoup aimé cette construction autour de l'escalier, lieu de la maison que nous verrons beaucoup et qui a une forte symbolique. Ces plans où la servante qui petit à petit prend le contrôle et regarde le reste de la famille depuis le haut de l'escalier donne une sorte de dimension socio-politique au film. La classe ouvrière qui prend le dessus sur la petite bourgeoisie. La toute fin me laisse par contre très interrogateur et me laisse un gros doute concernant le message que veut nous faire passer Ki-young Kim. En fin de compte, La servante ne serait-elle que le reflet d'une illusion et d'une utopie? Ce film est quand même assez intelligent dans son déroulement et plutôt profond. Puis moderne aussi d'ailleurs car plutôt féministe dans l'âme. Au fond il s'agit d'un vrai bon film mais parasité par les nombreux défauts. Une oeuvre à découvrir tout de même, ça vaut le coup d'oeil
Film coréen « La Servante » déroule un scénario poussif pour accoucher d'une morale à deux balles. Entre temps, on aura vu un quasi "huis-clos" où d'ailleurs, les portes jouent un grand rôle. On ne peut pas en dire autant des acteurs, très médiocres, à l'exception de Eun-shim Lee – la fameuse servante – intéressante avec son visage expressif et sa démarche féline. Mais c'est bien maigre pour s'enthousiasmer.
Un sacré choc. Un suspense à la Hitchcock, le côté malsain et pervers en plus. Une musique dissonante et stridente digne de "psychose". Une femme complètement folle qui joue le rôle du diable dans une gentille petite famille. Je reviens à Hitchcock car il faut voir la scène du verre rempli de mort aux rats filmé comme dans "soupçons" sur le plateau. "Cette nuit, dormez avec moi...." Elle est définitivement terrifiante cette servante.
Certains éléments ont vieilli : le jeu très posé des comédiens, la musique stridente à chaque moment de tension (et il y en a beaucoup), la tirade moralisatrice qui conclut le film. Cela peut expliquer les rires gras, totalement déplacés, de certains spectateurs pendant la projection. Pourtant, cette "Servante" reste passionnante à bien des égards. Kim Ki-young est un réalisateur de grand talent, inventif et précis, qui sait utiliser avec beaucoup d’efficacité toutes les ressources d’un espace réduit : caméra dans le placard de la cuisine, traveling entre la chambre de la servante et la pièce du piano, etc. Avec lui, l’escalier central de la maison devient un champ de mines qui sépare deux mondes en guerre ; les portes deviennent des frontières qu’on ne franchit qu’à ses risques et périls. Car ce qui frappe aussi, c’est la cruauté incroyable des rapports entre les personnages. Depuis le début, avec ce renvoi de l’amoureuse éconduite qui aboutira à sa mort, jusqu’aux corps-à-corps terribles du final. Personne n’y échappe, et surtout pas les enfants, qui sont loin d’être des petits anges : sadiques entre eux, odieux avec la servante… Celle-ci, qui apparaît tardivement dans le film et, semble-t-il, presque par hasard, est d’abord une victime de la violence de cet univers. Mais une victime qui va se rebeller pour réclamer sa part d’amour et sa place au soleil dans la société. Quand on la lui refusera, l’escalade se révèlera meurtrière. Oscillant entre la naïveté, la fragilité et une sombre détermination ouvrant sur des abîmes de violence, le jeu de la superbe Lee Eun-shim annonce celui de beaucoup d’autres héroïnes effrayantes du cinéma asiatique. Il est le centre de gravité (bien plus que le falot personnage du prof de musique) d’un film scandaleux à sa sortie, fondateur dans l’histoire du cinéma coréen et qui garde encore aujourd’hui un pouvoir de séduction et de corrosion incontestable. Merci à ceux qui ont rendu possible sa préservation, sa restauration et sa distribution !
Sorti en 1960, le film se rapproche du thriller psychologique voire, par moment, du cinéma d'horreur (dans certain plan). Visuellement superbe, le film est absolument malsain et rappelle par moment "Susanna le perverse" de Bunuel dans la façon qu'a la servante à détruire la famille membre par membre. La musique, oppressante, joue ici un vrai rôle d'ambiance. Coté interprétation, la servante est glaçante face au père de famille pris au piège. Un classique du cinéma asiatique.