Après une confusion et une précipitation soudaine sur la post-production du dinomovie de Steven Spielberg, nous avons droit à une œuvre splendide. En effet, « La Liste de Schindler » serait en concurrence avec ce film. Mais passons et parlons de l’adaptation du best-seller de Michael Crichton.
Le réalisateur ressuscite les grands descendants de la préhistoire afin de œuvrer pour la protection des espèces animales en tout genre. Bien que son style ne converge par vers une originalité de mise en scène, d’où le redondant écho au précieux « Les Dents de la Mer », il assume son choix de proposer une aventure universelle. C’est donc une intrigue familiale qui se frotte à nous. Une fois la barrière de l’impossible franchie, campant sur le dos de la génétique, la parade dans l’ère Mésozoïque est d’une beauté implacable. Grâce à des prouesses techniques qui donne plus de visibilité aux possibilités d’adaptation, nous pouvons vivre des moments forts de découverte. Il faut également souligner la partition de John Williams qui accompagne chacun de ces moments. Puissant, intense et poétique, les notes frappent directement en plein cœur et nos pupilles sont au petit soin de Spielberg et de George Lucas.
On introduire, avec générosité, une monde merveilleux. Redécouvrir l’existence des dinosaures revient à redécouvrir son enfance. Les protagonistes s’en acquittent instinctivement en restant subjugués face aux animaux les plus volumineux de la Terre. Le propriétaire et richissime John Parker Hammond (Richard Attenborough) affiche sa motivation devant les « touristes » qu’il invite sur son île. Le docteur Alan Grant (Sam Neill) s’accroche à l’arc narratif qu’il symbolise. L’expert du Jurassique, c’est bien lui mais l’on se garde les grands discours sur les méfaits de la science que pour plus tard. Il est le repère du film, il nous enseigne avec zèle ce que l’on doit « regarder » alors que l’on reste bouche bée. Et quand arrive le cauchemar, ce parc devient le musée de l’horreur plein air.
On frissonne, on s’intéresse à la situation désespérée des personnages. La mise en scène Hollywoodienne préfère alors un divertissement qui se résume à de l’hémoglobine modérée. Le hors champ est d’une subtilité contagieuse et efficace. Etant donné que l’on fasse déjà appel à notre imagination, concernant les cris des dinosaures, on nous propose un exercice de second encore basé sur l’imaginaire. Pourtant, les grandes lignes du roman sont vulgarisées au possible et la formule fonctionne tout de même. On peut à la fois s’éloigner du message clé sans pour autant négliger l’âme du projet. Voilà ce que maîtrise Spielberg, aller à l’essentiel ni plus ni moins. Le reste est dans la réflexion dont nous sommes invités à discuter.
Jusqu’au terme de l’escapade, « Jurassic Park » parvient à induire la curiosité, élargie sur le plan moral et sociétal. Et ce que l’on retient vivement, c’est la virtuosité et la magie d’un monde méconnaissable. Il s’agit d’un monde que l’on craint avec ironie, alors que les prouesses modernes s’engagent dans une relation décomplexée avec le passé. Il ne faut donc pas tarder à prendre son ticket pour le parc nostalgique, où l’Homme fait face à l’extinction.