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    Le Moindre geste
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Le Moindre geste" et de son tournage !

    Présenté à Cannes

    Le Moindre geste a été présenté en 1971 au Festival de Cannes dans le cadre de la Semaine de la Critique.

    Une expérience unique

    Le Moindre geste est un film unique, à plus d'un titre. Tout commence quand Fernand Deligny, fameux pédagogue, s'installe dans un village cévenol pour y mettre en place une de ses expérimentations : la prise en charge, en cure libre, d'adolescents délinquants. En 1956, il fait la connaissance d'Yves, un adolescent considéré comme "irrécupérable". Il décide d'en faire l'acteur principal d'un film de fiction, qu'il tourne en équipe très réduite, sans ingénieur du son, entre 1962 et 1964. Plus de 20 heures ont été tournées. Si le film est muet, Yves raconte chaque soir, pendant le tournage, ce qu'il a vécu dans la journée. Pour des raisons financières, la production du film est interrompue. Ce n'est qu'en 1969 que l'opérateur Jean-Pierre Daniel se voit confier la malle qui contient ces images et ces sons. Sorti en salles en 1971, Le Moindre geste résulte du montage effectué par Daniel.

    Les intentions de Deligny

    En 1971, Fernand Deligny, poMon projet, en guidant la prise d'images, était de donner à ceux qui les verraient leur part de cet être-là que je voyais et entendais vivre avec nous depuis six ou sept ans, tel qu'en ses attitudes, gestes et propos, il était, familier et superbe, parole vacante et tout à coup loquace et vitupérant et, dans le flot parlé, je reconnaissais, à s'y méprendre, cette parole qui nous fait ce que nous sommes et qui règne, universelle, historique, démonstrative, cocasse, meurtrière. nous partions à cinq, plus la caméra, plus l'autre qui était ce gamin de treze ans glané dans la ville la plus proche. Les Cévennes sont vastes et le thème était clair : deux adolescents s'évadent d'un lieu psychiatrique, l'un qui court devant et qui fugue comme il respire, et l'autre suit, débile mental un peu fou, peut-être d'avoir vécu parmi ceux-là qui le sont."

    Enfants sauvages

    De 1958 à 1975, Fernand Deligny entretient une correpondance avec François Truffaut. Les deux hommes se sont rencontrés par l'intermédiaire d'André Bazin, qui, préoccupé par le cas de l'enfant instable qu'était Truffaut, avait pris contact avec le pédagogue. Par la suite, le cinéaste contacte Deligny pour la préparation des 400 coups (celui-ci est d'ailleurs remercié au générique du film) et de L' Enfant sauvage. Ils évoqueront également par courrier les difficultés rencontrées par Deligny sur le tournage du Moindre geste, et Truffaut soutient l'éducateur lorsque celui-ci tournera, avec Renaud Victor, Ce gamin-la en 1978.

    Le point de vue de Nicolas Philibert

    Nicolas Philibert, qui connaît bien les questions d'éducation (il est l'auteur du documentaire à succès Etre et avoir) et de psychiatrie (il a tourné La Moindre des choses, sur la clinique de la Borde où travailla, un temps, Deligny), déclare à propos du Moindre geste : "(...) c'est l'histoire d'un film qui ne ressemble à rien. D'une force rare et indicible. Un film vagabond, tourné hors des sentiers battus, hors de tout cadre de production, sans technicien ni acteur (...) Aujourd'hui, ce film nous est donné à voir. Il faut s'y précipiter. Ces images comme hors du temps, ces images obscures, lumineuses, âpres, irréductibles, sont de la plus grande acuité."

    Les souvenirs de Josée Manenty

    A la caméra sur le tournage du Moindre geste, Josée Manenti, psychanalyste qui a travaillé avec Deligny sur l'expérience cévenole, évoque l'origine du projet : "Nous avons commencé l'expérience hors de Paris en 1954. Le tournage du film a débuté en 1962, après presque huit ans de travail et de tentatives diverses, dont quatre avec Yves, un fils d'instituteurs de la région de Grenoble. Deligny commençait à s'intéresser aux problèmes liés au langage et il s'était concentré sur ce garçon qui au départ, en plus d'avoir des gestes rares et gauches, ne parlait presque pas."

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