En France on avait Les bidasses, de l’autre côté de la Manche c’était les Monty Python, l’Amérique ne pouvait pas rester éternellement sur Jerry Lee Lewis. Alors, à mi-chemin entre les deux extrêmes vint le sauveur Mel Brooks, boulimique du rire qui pouffe à tous les râteliers, directeur de troupes troupières entièrement vouées à la cause de l’absurde grivois. Avec son équipe d’addicts de toutes sortes, il oriente son troisième tournage vers le grand Ouest, celui de la ségrégation, des saloons et du cheval presque roi. Il y en a pour tous les goûts, les plus mauvais surtout. Ca pète, ça rote, ça se lance des tartes à la crème, ça lutte à coup de chansons populaires, ça parodie le racisme, ça caricature la bêtise, ça joue de toutes les maladresses ; c’est à la fois lourd, volontaire, inspiré, fatigant, sympathique, un déferlement sauvage de n’importe quoi, une explosion d’entrain qui déraille, un cabaret burlesque polymorphe et sans aucune limite. Tout est prétexte à en remettre une couche : un strabisme appuyé, une gestuelle excitée, une poitrine dénudée, un plateau concurrent. Devant l’océan de tartufferie grandiose, on a peine à suivre le rythme, et malgré la foule de trouvailles, on n’accroche jamais vraiment à tout ce barnum. Quand c’est trop, vous savez ce que c’est.