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Kurosawa
591 abonnés
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4,0
Publiée le 20 décembre 2014
"Cet obscur objet du désir" est un film bien étrange. Les personnages sont atypiques, l'humour pour le moins décalé et la progression de l'action surprenante. Tous ces éléments confirment le style surréaliste de Luis Buñuel, avec des choix de décors et de couleurs qui se répondent parfois très bien sans que l'on comprenne vraiment leurs significations. Si j'apprécie beaucoup le film, il ne passionne pourtant pas totalement, à cause notamment de l'alternance des deux actrices (Carole Bouquet et Ángela Molina) pour jouer le rôle de Conchita. De prime abord, cette idée de mise en scène se révèle troublante mais devient finalement vaine, dans le sens où elle n'apporte plus de distinctions relatives au caractère du personnage féminin. On retiendra un final hallucinant et un ensemble qui reste un document précieux sur la complexité du désir.
"Cet obscur objet du désir"(1977) est la dernière réalisation d'un Luis Bunuel,qui en était alors à plus de 50 ans de carrière! Dans ce film-testament,Bunuel questionne une fois encore ses grandes obsessions,celles du désir,de la frustration,de la réalité sociale évadée dans une rêverie perturbante. Fernando Rey en alter-eg de toujours,incarne de nouveau l'homme âgé,sorte de pervers raffiné pris en affection,qui se heurte à une maîtresse récalcitrante,à la fois allumeuse et prude,opportuniste et libre. L'idée de génie étant de faire jouer cette fille par deux actrices très différentes, Carole Bouquet et Angela Molina,comme les deux faces d'une même personne. Le tout est conté sous forme de flash-backs, racontés durant un voyage en train Séville-Madrid. En parlant des attentats sur un mode bouffonnesque,Bunuel semble indiquer qu'il quitte apaisé un monde qu'il ne comprend plus. Picturalement,ce film qui dégage aussi un fort parfum érotique,est aussi très réussi.
« Cet Obscur Objet du Désir » n’a pas l’humour absurde des deux précédents et géniaux films de Buñuel, « Le Fantôme de la Liberté » et « Le Charme Discret de la Bourgeoisie ». Il y a toujours une critique de la bourgeoisie dans ce dernier film de la filmographie du réalisateur espagnol, avec notamment les déboires amoureux d’un homme malmené par sa femme de chambre. La fin est assez déroutante. En parlant de la femme de chambre, c’est assez déroutant et on ne comprend pas bien pourquoi, deux actrices incarnent le même personnage et ce à tour de rôle durant tout le film. Il est amusant de voir Carole Bouquet jouer, au tout début du film, une femme de chambre. « Cet Obscur Objet du Désir » est finalement assez décevant.
Un chef d'oeuvre indémodable qui dresse un portrait sans concession du concept de plaisir. Le désir selon Bunuel prend une tournure dramatique, car éternellement voué à la répétition et la destruction. Pour son dernier film, le cinéaste espagnol réalise l'odyssée d'un homme obsédé par la consommation de l'amour. La différence fondamentale qui le sépare de l'objet de ce dernier est qu'il s'agit d'un être doué de pensée, et qui n'a qu'une envie, être considéré pour ce qu'il est : un sujet. Par une mise en scène compartimentée sous la forme d'une suite de flash-backs, le cinéaste réalise une oeuvre bouleversante, parfaitement maîtrisée, qui achève de placer le réel et l'irréel sur un même plan d'indétermination. Le fantasme d'une Conchita double, grâce bouillonnante à l'espagnole et beauté froide incarnée par Carole Bouquet, semble en effet l'incarnation parfaite de tout un pan du cinéma de Bunuel, son essence même, à savoir que l'humain, animal social, ne peut se défaire de ses obsessions les plus fortes et reste condamné à l'éternel retour de son désir. Le très grand point final d'un très grand cinéaste.
Difficile de rentrer dans cette histoire moins subtile que Belle de Jour. On peut noter que le désir est ici incarné par deux femmes qui n'est qu'une, Fernando Rey obsédé par l'idée de coucher avec elle (Conchita ou la pureté représentée) pour réaliser un fantasme, elle ne lui promet que l'amour. Un peu compliqué sur les bords, pas mal de questions en suspens, une fin étrange font de ce dernier film de Bunuel une énigme insondable. On en ressort un peu déçu.
Pour sa dernière oeuvre le réalisateur Luis Buñuel a choisi d'adapter avec son collaborateur habituel Jean-Claude Carrière le roman de Pierre Louÿs «La Femme et le Pantin» en lui insufflant une bonne dose de surréalisme dont le meilleur exemple est le fait que le même personnage de Conchita soit incarnée par deux actrices différentes. Détail saugrenu, parmi tant d'autres dans le film, qui n'est absolument pas utile au bon déroulement de l'action mais sans lequel un film de Luis Buñuel ne serait pas un film de Luis Buñuel et donc en conséquence perdrait tout son sel. Fernando Rey, acteur fétiche du réalisateur, incarne à la perfection l'acharnement et la frustration sexuelles de son personnage et «L'obscur objet de désir» est brillamment représenté par Angela Molina et Carole Bouquet, même si j'ai une petite préférence pour cette dernière. Bien évidemment, le cinéaste en profite pour y égratigner par-ci, par-là la bourgeoisie, le clergé et le terrorisme. J'ignore totalement pourquoi j'ai mis quatre étoiles à ce film, peut être est-ce parce que ce que j'apprécis le plus avec ce cinéaste, chose grandement présente dans ce film, c'est le fait qu'il nous mène tout le temps là où on ne s'y attend pas. Le testament d'un maître.
Cet obscur objet du désir vu par Parkko : 5.5/10 supprimer
Mouais. Bunuel et moi c'était pourtant une histoire cinématographique qui avait bien commencé. J'ai beaucoup apprécié des films tels que Viridiana, Le charme discret de la bourgeoisie, L'ange exterminateur ou encore Le journal d'une femme de chambre. Mais après ma première petite déception - Belle de jour -, j'enchaine sur la suivante - Cet obscur objet du désir -.
Je pense que dans ces deux longs-métrages (qui se ressemblent sur pas mal de points) n'ont pas la force des Bunuel que j'aime. Car ce que j'aime chez Bunuel, c'est son sarcasme qui parcourt tous ses films mais sans aucune retenue. Mais au lieu d'avoir des films moralisateurs et manichéens, Bunuel condamnait tous ses personnages, aucun n'était sauvé quasiment. Du coup, c'était une espèce de satire sociale bien appuyée, volontairement grossière mais qui faisait souvent mouche.
Et ce n'est plus le cas dans Cet obscur objet du désir. Il garde à la fois son trait incisif et moqueur mais cela ne s'adresse plus que sur certains personnages. Du coup, cela entraine une sorte de déséquilibre dans le film qui devient final assez peu subtil et malheureusement peu pertinent. A noter que le doublage d'Angela Molina est assez mauvais.
Dernier film du maître, plein de bonnes choses mais souffrant d'hermétisme. On ne sait pas trop ce qu'a voulu nous raconter Buñuel en adaptant à sa façon (et plutôt librement) le roman de Pierre Louÿs, "La femme et le Pantin" (L'histoire d'une homme amoureux pigeonné par une femme et s'accommodant de cette situation) et on ne le saura sans doute jamais car que de questions non résolues : qu'est ce sac de patates qui apparaît plusieurs fois, pourquoi incorporer tous ces attentats, pourquoi cette scène d'attaque sur la route, pourquoi cette fin absurde (la broderie et l'explosion) ? Et pourquoi cette souris en plastique ? Quant à cette idée de faire jouer le rôle de Conchita par deux femmes différentes, ce que certains qualifient de génial, (Buñuel ne s'est jamais vraiment expliqué sur ce point) disons qu'elle n'est pas gênante, on s'y habitue très vite, mais elle a un inconvénient celui d'empêcher d'entrer dans la psychologie du personnage. Le film n'est pas non plus une critique de la bourgeoisie (ça devient lassant d'entendre répéter ça). Fernando Rey (qui joue très bien) n'est pas un mauvais bougre, il a simplement le tort de croire que l'argent achète tout (rien de nouveau sous le soleil) La critique de la religion (personnage de la mère bigote) manque de finesse. Ça fait beaucoup de points négatifs ! Reste : l'interprétation des Conchitas (avec une Angelina Molina qui crève l'écran et qui est bien supérieure à Carole Bouquet), un doigt d'humour, un zeste d'érotisme, quelques scènes insolites, des personnages secondaires impayables (Pierral, Milena Vukotic...) l'inoubliable séquence de la pièce cachée dans le cabaret, le rôle de parfait abruti du valet Martin, et la mise en scène de Buñuel qui fait qu'on ne s'ennuie jamais même si on ne sait pas où on nous emmène. Ça reste bon mais on est loin des grands Buñuel !
Je revois ce film pour la 3ème fois (sur trente ans) avec la même passion amoureuse que Fernando Rey. Je rajoute rien aux critiques sauf que c'est rare de voir les seins de Carole Bouquet !
Déjà adapté plusieurs fois au cinéma (avec Marlene Dietrich et Brigitte Bardot notamment), le roman "La femme et le pantin" de Pierre Louÿs trouve ici une résonance particulière chez Luis Bunuel. A l'aide de son complice Jean-Claude Carrière, Bunuel s'empare donc du sujet du roman et le transforme en "Cet obscur objet du désir" qui s'avèrera être son dernier film ! Un film testament tout à fait passionnant où le cinéaste reprend nombreuses thématiques de sa filmographie (le désir, le masochisme) tout en livrant une variation tout à fait personnelle sur la relation unissant le pauvre Mathieu Faber à Conchita, qui ne lui ouvre jamais les cuisses (ce n'est pas faute d'avoir essayé) mais qui n'hésite pas à danser du flamenco nue devant une foule de gens lubriques ou à coucher avec un jeune guitariste sous les yeux de Mathieu. Histoire d'amour contrariée (quoique Mathieu semble se faire assez vite à cette relation, dévoilant des attraits masochistes) racontée sous la forme de flash-back sous toile de fond terroriste (des attentats commis par le Groupe Armé de l’enfant Jésus (!) arrivent régulièrement au fil du récit), "Cet obscur objet du désir" entend démontrer l'incapacité de la société à réagir face à la violence qui le laisse apathique. Troublant dans son comportement, le pauvre Mathieu (Fernando Rey, doublé pour l'occasion par Michel Piccoli) ne parviendra jamais vraiment à saisir Conchita que Bunuel, d'abord par défi, a confié à deux actrices. Coup de génie permettant de donner du corps à cette femme sensuelle mais glaciale, chaleureuse mais distante. Ainsi, Bunuel préfère dénuder largement Angela Molina (sensuelle à souhait) et laisse Carole Bouquet, alors âgée de vingt ans, le soin de montrer une Conchita plus distante, plus froide mais néanmoins belle à tomber. Difficile de rester indifférent face à ce dernier film du maître Bunuel dont la patte et le regard acéré sont toujours tombés justes.
Avec Cet obscur objet du désir, Luis Buñuel partait sur un chef-d'oeuvre qui condensait son style surréaliste et ses obsessions pour les contrariétés amoureuses et la bourgeoisie. Traités sur un mode grotesque, les attentats qui occupent l'arrière-plan du film amènent un quelque chose d'alarmant et d'abscons, comme si tout allait exploser de façon ridicule et sans qu'on y comprenne rien. Buñuel, à travers ses personnages, les considère de loin, leur importance étant de loin dépassée par l'obsession charnelle du personnage de Fernando Rey, qui désire follement une femme qui se refuse à lui. Ainsi, le film s'inscrit dans une veine presque maladive peaufinée par des décors qui se font écho (parcs, appartements bourgeois et grilles sont omniprésents) , traçant un tableau mental, comme celui d'un paysage inextricable. Concernant le travail d'ambiance, j'ai beaucoup pensé à Sueurs Froides et sa ville qui répondait directement à l'état psychologique de son personnage, sans jamais que celui-ci ne manifeste la conscience de sa situation alors que tout l'environnement semblait la lui crier. Dans son développement et le grotesque de son histoire, ce film testamentaire me rappelle également L'Eternel Mari de Dostoïevski, où les personnages semblaient là aussi les jouets ridicules d'un destin qu'ils embrassaient à la fois en tant que coupables et victimes. C'est d'ailleurs ce genre de sensation souterraine que semble tenter de faire passer Buñuel, de façon bien plus riche que s'il débitait une thèse. Le désir, d'ailleurs, est considéré sous tous ses angles, pour finir par dépasser même l'objet qui le motivait et exister a priori, comme un élan humain dont la source est intarissable. Cette nature inévitable d'un désir dont on ne sait plus quoi faire, dont il faudrait presque se purger en le projetant quelque part est en grande partie amenée par l'idée géniale de faire jouer un même rôle à deux actrices différentes. Jamais utilisé pour appuyer une schizophrénie du désir entre pulsion charnelle et amour spirituel puisque les deux actrices jouent le même comportement (toutes deux se montrent tour à tour offertes et inaccessibles), le procédé concourt simplement à troubler en désacralisant la femme désirée et en faisant remonter le désir au sujet qui l'éprouve, qui continue pourtant de demeurer aveugle en croyant de façon grotesque que tout repose sur une femme et que tout se résoudra en la possédant. Mais en réalité, impossible d'agir d'une quelconque manière sur ces traits complètement inséparables de notre nature. On le comprend de façon simple, par le personnage du psychiatre condamné à débiter des banalités, même s'il comprend ce qui se passe : on peut bien analyser le désir et prendre conscience de sa nature véritable, cela ne permet en rien de s'y soustraire et d'y échapper. Profond, cohérent et très personnel, ce testament est un grand film, qui parle de l'Homme avec la sagesse usée d'un artiste arrivé au bout de ce qu'il avait à offrir, et préférait renoncer à son art (la scène de l'explosion finale signe la victoire nécessaire du désir et des impulsions humaines sur toute forme de recul) pour s'abandonner, le temps qu'il lui restait à vivre. Un chef-d'oeuvre.
La renaissance du surréalisme au cinéma, Bunuel en est le maître. Dans son dernier film, il ne récidive pas avec le thème du cadavre exquis et l'absence totale de logique comme dans ses précédentes oeuvres, mais décide de travailler sur une histoire d'amour semblable à Lolita de Kubrick. Tout en restant élégant, le cinéaste introduit encore quelques touches de son style, cependant très minimes. Il fait une éloge ironique de l'amour en comparant ce phénomène à la violence des attentats, et pour pousser le bouchon encore plus loin en comparant la femme à un sac d'ordures ( le plan panoramique du couple principal vers un ouvrier portant un sac ). Les abandons et retrouvailles amoureux s'enchaînent, jusqu'à la dernière séparation, non justifiée ( les paroles inaudibles de Rey derrière la vitrine ) et se terminent par une fin typique de Bunuel. Il n'hésite pas à maltraiter les types de personnalités, comme le nain professeur de psychologie. Bunuel a choisi de faire incarner l'héroïne par deux actrices, sans doute pour traiter du caractère indécis féminin. Il s'agit pour lui d'exprimer un cercle vicieux avec un objectif confus, comme souligné dans le titre, "obscur". Le film abonde de métaphores et de trouvailles scénaristiques, preuve de la grande perfecion du cinéaste.
Luis Buñuel nous offre avec "Cet obscur objet du désir" une exploration assez ironique de la passion amoureuse. L'histoire est celle de Mathieu (l'excellent Fernando Rey), un homme qui raconte, dans un train, son obsession pour Conchita (un personnage interprètée à la fois par Carole Bouquet et Angela Molina), une femme pour le moins inaccesible et qui à été engagée comme femme de chambre. Le sujet est donc des plus plaisant à suivre et le casting à la hauteur de la tâche, mais il ne faut pas non plus occulter la brillante mise en scène du célèbre réalisateur espagnol, qui clôt donc à l'occasion de ce long-métrage et ce d'une très belle façon sa filmographie .