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Bernard D.
113 abonnés
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5,0
Publiée le 24 septembre 2017
« Cet obscur objet du désir » (1977) est le 32ème et dernier film de ce cinéaste alors âgé de 77 ans – film testament ?- peut être pris comme un nième marivaudage entre un homme veuf vieillissant bourgeois et décadent, Mathieu (Fernando Rey, acteur fétiche de Buñuel), et une jeune jouvencelle aguicheuse, Conchita magistralement interprété et filmée par Carole Bouquet d’une part et Angela Molina d’autre part pour montrer la double personnalité de cette femme. L’histoire est racontée dans un grand flash-back dans un compartiment de train entre Séville et Madrid à la grande satisfaction des autres voyageurs dont un nain psychologue (Pierre Piéral), un femme avide de savourer cette histoire d’amour, et un homme un peu dubitatif (Jacques Debary qui au passage était avant d’être acteur Instituteur à Amiens). Cette histoire se déroule en 2 grandes étapes : # le point de vue brut de l’homme qui veut évidemment coucher mais ne peut y arriver… et « amoureux » il va devenir aveugle et agir souvent ardeur mais sans succès car « il est bête et plus innocent qu’un enfant » comme lui dira plus tard Conchita. Cette première partie du film peut sembler lourde figée même en termes de réalisation mais a retro tout ce qui est dit et vu sert par la suite … d’où mon avis de dire que ce film ciselé par le coscénariste Jean-Claude Carrière, doit être décortiqué scène par scène dans les écoles de Cinéma. # le jeu de Conchita qui en fait bien prémédité bien que suggéré rapidement « Je ne suis pas une fille de ce genre-là », « Je suis à moi… je ne suis pas à ma mère, je me suis faite toute seule », « ma guitare (mon corps) m’appartient » … etc. et affiliée à l’extrême gauche. Elle va développer tout un jeu de séduction grossier (scène du mouchoir, du bonbon, embrasse mes cheveux ...) dans lequel notre vieil Mathieu va tomber de Charybde en Scylla voire une sorte de masochisme sans se douter – dans sa quête du plaisir - de la réelle personnalité de Conchita. Malgré un pitch comme on dit de nos jours léger, Buñuel arrive à nous tenir en haleine pendant 1 h 45 : tout le monde dans le compartiment du train et dans la salle d’attendre avec impatience comment l’histoire va se terminer et comment on peut expliquer la première scène du départ brutal de Conchita avant ce flash-back narratif ponctué par des scènes du train, des sourires ou des signes de désapprobation des personnages du compartiment … Finalement seul le serviteur de Mathieu avait vu juste dans le jeu de Conchita et avait compris la situation et pourtant dit à son maître de façon très crue que « les femmes sont des sacs de Mer… » et Buñuel de citer rapidement également un Philosophe Allemand disant « si tu vas avec les femmes, n’oublie pas le bâton ! ». Un film très macho donc au début … mais très féminin par la suite et - comme toujours avec Buñuel - des images chocs : un ouvrier qui passe dans la rue en portant un sac quand pour Mathieu l’histoire semble pouvoir se conclure, la tapette à souris, la mouche qui tombe dans l’apéritif, l’affiche de corrida, la procession religieuse, le cochon dans le sac de la diseuse de bonne aventure, le seau d’eau pour remettre la tête de Mathieu en ordre … et bien sûr toute une série de symboles : la clef, la grille, les miroirs, le saignement de nez de pseudo-défloration … Le tout baigne dans une atmosphère de terrorisme … qu’on comprendra dans la scène finale accompagnée de la Chevauchée des Walkyries après Mathieu ait longuement admiré à travers une vitrine une brodeuse semblant réparer une dentelle, la vie de Mathieu (?). Bref un grand Buñuel très critique de nombreuses choses (cf. la mère bigote pour racheter l’âme de son mari et qui est aveugle puis « accepte de l’argent » pour sa fille, le groupe armé de l’enfant Jésus, le PC qui déplore qu’un évêque ait été victime d’un attentat ...) mais à voir à plusieurs reprises pour en percevoir toute la finesse. Pour ma part, je l’avais pas revu depuis sa sortie et j’avais loin d’avoir tout compris à l’époque ! De façon plus moderne c’est le thème de l’homme à la recherche du plaisir (resté ici « obscur ») et de la femme à la recherche de l’amour … même si ici il y autre chose que l’amour.
J'ai moyennement été séduit par ce film. Je ne comprends pas vraiment l'intérêt de faire jouer un même rôle par deux actrices (en soi toutes les deux excellentes). J'ai trouvé que ça m'apportait strictement rien au film si ce n'est que de le rendre plus confus. Le film ne passerait pas du tout s'il sortait aujourd'hui (où les femmes « s'achètent » ou presque). J'ai trouvé que certains dialogues étaient téléphonés (notamment dans le train) et manquaient de naturel. L'histoire n'est au final pas si originale que ça et ne constitue pas un première au cinéma spoiler: (un homme qui se fait dupé par une femme qui n'en veut qu'à finalement son argent) . La fin ne m'a pas du tout convaincu et m'a laissé de marbre (elle est assez étrange). Bref, je suis content que ce film ait lancé la carrière de Carole Bouquet mais franchement je le trouve bien surcoté.
Un homme d'affaires méprisant tombe amoureux une femme à deux visages (une pauvrette innocente qui se révèle être une terroriste d'extrême gauche). Humiliation et Fascination. Formidable description de la montée du désir. Cruelle désillusion finale grandiose. On comprend mieux la passion amoureuse après avoir vu ce film. Carole Bouquet a 20 ans. C'est son premier film. A mon avis, elle ne fera rien d'aussi bien après.
Dernier film de Luis Bunuel, «Cet Obscur Objet du Désir» (France, 1977) est aussi l'un de ses meilleurs. L'histoire est celle, grosso modo, de Mathieu (Fernando Rey) qui tombe sous le charme de Conchita (Carole Bouquet/ Angela Molina). Cette passion pour cette femme va vite devenir une course vers l'acte sexuelle, course effrénée sans nul autre intérêt que son moyen et non son but. Le perpétuel recommencement du film, par le truchement du désir en phase d'accomplissement, tend à étérneliser le film et par ce biais l'oeuvre-même de Bunuel. La volonté castratrice et justifiée de Conchita pour empêcher Mathieu de coucher avec lui fourbit les armes du film, en produit la dynamique. Ceci pour laisser croire à l'infinité du désir si seulement le film ne s'achevait pas par une explosion finale, accompagné par la charge musicale de la Chevauchée des Walkyries de Wagner, délivrant l'ultime message du carpe diem. Ainsi, Bunuel ouvre tout le long du film son oeuvre vers la postérité pour mieux la refermer et se l'approprier une fois pour toute. «Cet Obscur Objet du Désir» est aussi un film hommage aux autres films de Luis Bunuel : jalousie comme dans «El», fantasmes sur les seins comme dans «Un chien andalou», encadrement du récit en flash-back comme dans «El rio y la muerte», etc... Et enfin Bunuel nous montre deux bourgeoisies : l'une en décadence mentale (incarné par Mathieu) et l'autre en décadence sociale (incarné par Conchita). La dualité des lieux de l'action, tantôt à Paris tantôt à Séville, et des actrices (Carole Bouquet française et Angela Molina espagnole) est le reflet de la filmographie hispano/mexico-française de Luis Bunuel. Enfin, c'est aussi un film sur la femme et sur sa volonté d'être aimé pour elle-même, en tant que sujet, et non pour ce qu'elle donne, en tant qu'objet. Mais ceci est bien après les péripéties jouissives de Mathieu et Conchita, lettre d'adieu mémorable, comme un ancrage ultime du cinéaste dans l'esprit des spectateurs.
Un récit original et pour le moins surprenant sur les thèmes principaux de la soumission, du je t'aime moi non plus, du désir inassouvi, et tout ça interprété avec brio par le trio d'acteurs (Carole Bouquet est radieuse). Les femmes sont au centre de ce film, elles ont tous les pouvoirs et possessions de leur corps et de leurs désirs. La seule erreur du film :spoiler: la fin avec l'explosion , je n'ai pas compris pour quelle raison le film se termine ainsi.
Un film sur l’attraction et presque la perversion. L’hallucination d’un désir par la dualité de ces femmes et la déception provoquée par l’eau versée au début du film. Fin assez étrange comme la possibilité d’un réalisateur d’annihiler tout comportement contraire à l’amour véritable: la passion et la tendresse.
Un très bon film de Bunuel, qui n'atteint pas les sommets érotiques de "Belle de Jour", mais qui adapte ( grâce à la touche de J.C. Carrière )avec intelligence le roman de Pierre Louys. Les deux jeunes femmes sont exquises, Carole Bouquet , toute jeune , fausse ingénue, perverse , et Angelina Molina représentant la sensualité latine , très charnelle.
Le désir d'un homme pour une femme qu'il ne parvient pas à avoir. Au cours du film, le spectateur s'impatiente autant que le personnage principal. Le jeu du réalisateur sur le spectateur est bon malgré les longueurs. Une interrogation intéressante et très vrai de l'exercice charismatique des femmes sur les hommes.
Tout dernier film de Luis Bunuel qui adapte très librement La Femme et le pantin, Cet obscur objet du désir n’est sans doute pas le meilleur film de son auteur, mais il peut représenter la quintessence des thèmes qui l’ont animé durant sa très longue carrière. Ainsi, l’homme est toujours soumis à ses désirs sexuels, tandis que l’amour ne peut vraiment se concevoir que par des rapports de force entre individus pas toujours consentants. On notera aussi une certaine misogynie qui n’a rien de politiquement correct, mais qui, là aussi, est une constante de l’œuvre du réalisateur. Tout ceci est brillamment réalisé et permet aux acteurs de donner le meilleur d’eux-mêmes. Dans un rôle dédoublé (comme pour mieux illustrer la duplicité féminine), Carole Bouquet et Angela Molina sont bien deux faces d’une même pièce. Un film important et marqué par une certaine perversité, typique des années 70 que l’on adore.
Voilà un film qui, parmi les adaptations cinématographiques globalement décevantes du roman de Pierre Louÿs "La Femme et le Pantin", fait vraiment croire au destin tel qu'on peut louer ou comme on peut vouloir s'en débarrasser. Cette impression d'horrible destinée à laquelle on ne peut pas échapper est plus prégnante ici, bien que les actrices jouant le rôle de la femme cruelle - Carole Bouquet et Angela Molina - ne soient pas les plus performantes pour jouer sur cet aspect de la personnalité de leur personnage. Mais il faut avouer que leur jeu se fond l'un dans celui de l'autre et se prête à la folie de Buñuel d'une façon formidable. En revanche, la place du terrorisme, ambiguë et même floue, laisse une impression de bouche-trou qui prend toute son importance à la dernière image, impossible à interpréter et qui potentiellement gâche tout.
C'est le 7 ou 8ème film de Buñuel que je vois et si je ne peux pas dire qu'il me passionne comme d'autres maîtres notamment car sa mise en scène et les thématiques qu'ils abordent ne me touchent pas spécifiquement, il clair que chacun de ses films est très intéressant et gagnent à être visionné (belle de jour, viridiana et l'ange exterminateur m'ont tout de même grandement plu). Cet obscur objet du désir s'inscrit dans la dernière période de sa carrière puisque c'est son dernier film, ainsi la ressemblance avec son film le charme discret de la bourgeoisie qui m'avais moyennement plu est d’emblée évidente; cette ressemblance tient dans la théâtralité de la mise en scène et de la narration qu'utilise Bunuel. Je dois avouer qu'ici c'est ce style un peu trop froid et figé qui m'a rebuté et qui m'empêche d'être pleinement acquis à la cause du film; cependant c’est justement sur ceci que repose le film et c'est ce qui lui donne son intelligence et son intérêt donc il est ridicule de le critiquer, je me considère juste comme y étant moins réceptif. Donc le processus utilisé par Bunuel d'avoir 2 actrices pour jouer le personnage de conchita est juste génial, toujours très finement utilisé et justifié par la grande ambiguïté du personnage. Avec l'interprétation de Angelina Molina et de la magnifique Carole Bouquet, Conchita deviens l'objet de tout les désirs, de tout les fantasmes, elle obsède et intrigue de plus en plus au fur et à mesure du film et permet à Bunuel d'intégrer dans son récit toutes les figures qui l'obsèdent: la bourgeoisie, la religion, la frustration amoureuse et sexuelle ou encore le terrorisme. Évoluant entre toutes ses figures le film est comme d'habitude chez Bunuel rempli d'une symbolique fascinante et toujours très juste. Le processus narratif constitué de flash-back est très bien utilisé et prend tout son sens à la fin du film où l'on se rend compte que cette confession aux autre passagers du train n'est en rien une rédemption et que Mathieu n'en a pas fini avec Conchita; et la scène finale, splendide prend tout son sens et apparaît comme évidente. Je suis juste un peu déçu d'avoir été retissant au style du dernier film de ce qui restera comme un grand maître de cinéma...
"Cet Obscur Objet Du Désir" est surement le plus célèbre long-métrage de Buñuel, et c'est bien naturel... Ce dernier film est incroyablement représentatif du style de son cinéaste, une pointe de surréalisme (quelle idée brillante que d'utiliser deux actrices pour le même personnage, afin de la montrer sous deux angles bien distincts), une moquerie sincère du milieu bourgeois, un choc des cultures... Et bien sur une excellente mise en scène. Dans ce film, Luis Buñuel se montre une fois de plus et pour la dernière fois, extrêmement original, talentueux et corrosif. Vraiment excellent.