Un film qui a ses amateurs et ses détracteurs que Mortelle randonnée, film qui peut-être déconcerte car il n’est pas tout à fait ce que l’on attendait. Il n’en reste pas moins qu’après Garde à vue Claude Miller signe un film que j’ai trouvé réussi, bien qu’imparfait.
Imparfait car finalement l’histoire est assez plate. Hésitant entre le drame et l’humour noir, Mortelle randonnée est surtout accrocheur par son mélange déconcertant, son style, rare dans le cinéma français, très froid parfois et traversé de temps à autre de dialogues qui frôle le surréaliste ! A mon sens, ce métrage est un film d’ambiance, avec une certaine profondeur, à l’évidence, mais l’histoire reste trop diluée pour réellement saisir le spectateur. La narration manque de fluidité à cause de scènes trop déconnectées les unes des autres. Les ellipses temporelles sont difficiles à saisir, pourtant j’imagine bien qu’il y a du temps qui s’écoule, bien plus que quelques jours. Il y a aussi des passages pas très clairs, principalement ceux mettant en scène Guy Marchand. Sans doute le livre est-il plus explicite, et Miller semble peu s’être concentré sur l’enquête, au fond, virant vite vers le film dramatique plus classique, et revenant à l’enquête dans la dernière partie. Si je ne peux que saluer l’exercice de style, il en résulte une histoire alambiquée pour ne pas dire tarabiscotée trop artificiellement.
Le casting est porté par un Michel Serrault toujours excellent, avec un personnage plutôt bien écrit. Il livre une prestation investie et de qualité, ceux qui l’apprécient devraient vraiment être sensibles à son jeu délicat et toujours parfait dans le registre dramatique, avec une pointe de causticité marquée. Face à lui Isabelle Adjani, veuve noire charmante dont la prestation est finalement assez furtive. On la voit rarement plus de 30 secondes de suite à l’écran, elle va, elle vient, elle apparait et disparait, c’est assez étonnant ! De très bons seconds rôles viennent agrémenter le film, même si l’utilité de tous ne m’a pas sauté aux yeux ! Cependant Guy Marchand est comme souvent, très convaincant.
Sur la forme Claude Miller emballe un film sombre et inquiétant. Climat glacé, triste, photographie blafarde, c’est une esthétique que le réalisateur maitrise bien généralement, et elle est ici utilisée à propos. Elle souligne le scénario, insiste sur sa noirceur et son côté désespéré. C’est sans doute sur la forme que Miller réussit le mieux son métrage, sa mise en scène étant de belle facture, et une bande son intéressante se faisant entendre régulièrement. Mortelle randonnée est un film très propre, qui me rappelle par bien des aspects, Garde à vue, si ce n’est que l’on n’est plus dans un huis-clos.
En conclusion Claude Miller signe un bon film. Certes il y a des lacunes sur le fond, sur le scénario, Mortelle randonnée ne m’a pas autant convaincu que Garde à vue, il n’en reste pas moins que c’est un film froid réussi et qu’il appartient au haut de la filmographie du réalisateur. 3.5