Un film qui démarre très très bien, avec une intrigue lente mais hypnotique, des personnages étranges et torturés dans une ambiance de plus en plus onirique.
Ceux qui veulent des cascades type "L'Arme Fatale" (à part la très belle finale, si on ferme les yeux sur l'épouvantable erreur de raccord: la voiture tombe de l'immeuble et se retourne, pourtant arrive à plat au plan suivant), fuyez ! Mais "L"aKcheune for morons" n'est vraiment pas le propos du film...
Le propos du film est plutôt une belle et émouvante histoire.
Un détective qui suit une meurtrière en série, et croit reconnaître en elle la fille qu'il a perdue des années auparavant. Il devient obsédé par elle comme pour sa fille dont il ne lui reste qu'une seule photo de classe, et couvre ses forfaits quand elle ne s'en est pas occupée elle-même.
Et force est de reconnaître qu'une fois dans le rythme, on se prête vraiment au jeu, malgré des longueurs et digressions inutiles (je juge la version ciné de 2h01 pas celle raccourcie de 1h40, qui pour le coup est trop raccourcie. L'idéal aurait été entre les deux à mon avis, dans le rabotage de-ci de-là de morceau inutiles, pas dans la coupe franche de certains événements).
On se prête d'autant plus à l'expérience, qu'il règne sur ce film "l'air de rien" un humour noir du plus bel effet, et certains passages de meurtres ou post-meurtriers sont d'une certaine manière bien cyniques et franchement drôles.
L'interprétation générale est excellente, des rôles principaux à ceux plus secondaires.
Michel Serrault joue très bien, tout en sobriété, et nous épargne (à part une fois) ses horribles tics de jeu comme traîner sur l'avant-dernière syllabe d'un mot de fin de phrase, pour ensuite affreusement sur-appuyer la dernière.
Isabelle Adjani est assez fascinante en mante religieuse caméléonne sans coeur. Elle nous livre également une excellente interprétation, même si elle ne peut pas s'empêcher de temps à autres de nous gratifier d'une de ses postures à Césars Big-Émocheune-hypra-renversante-grave-bouleversifiante "Ah je souffre, mais tout en finesse et sensibility. C'est tellement merveilleusement à fleur-de-peau-d'zob, je jouis !", pass'que ça fait toujours trop joli à l'écran.
Guy Marchand... que dire de Guy Marchand ? La classe, impeccable comme d'hab'. Lui, jamais besoin de simagrées pour exister, juste la classe, même quand il joue un sale type !
En fait, si j'aurai bien mis un bon 10/10 au début, le scénario devient tellement fouillis et nébuleux vers la fin, tellement difficile à suivre, que cela devient vraiment problématique, et que je n'irai pas au-delà de 7/10 malgré d'immenses qualités.
L'aspect un peu rêvé et onirique de l'ensemble ne justifie pas à mon avis que plus on approche vers la fin, plus on se dise "?!?... What the F**k ??"
Il paraît que Claude Miller avait conscience des faiblesses du scénario et qu'il a cherché à compenser avec une grande recherche d'esthétisme.
Certes, le film est visuellement très beau, mais... je ne suis pas expert, mais c'est pas mieux de revoir le scénar avant de le tourner dans ce cas-là ?