Un film très différent de Ozu, qui se démarque du reste de sa production (tout du moins celle connue en France). Il s’agit de la chronique, d’un petit village, plutôt un lotissement moderne, où toutes les maisons sont adossées. Des familles cohabitent en voisinage très proche. Le style de cette chronique est celui de l’humour, voire de la farce, cela s’apparente à une forme de comédie à l’italienne à la Dino Risi, ou plutôt Luigi Comencini, car l’humour s’accompagne de l’humanisme et l’empathie propre à Ozu. Mais il n’hésite pas à nous faire rire ou sourire. Un petit groupe de jeunes garçons, tous voisins, est au centre du récit. Nous les trouvons chaque matin sur le chemin de l’école mais ils sont tous pétomanes et font des concours de pets sur le chemin de l’école. Il y a l’arrivée de la télévision dans le village, chez un jeune couple moderne, sans enfants, un peu déjanté, qui accueillent tous ces jeunes garçons pour venir voir les match de sumo , retransmis en noir et blanc ( toujours le mélange de la modernité et de la tradition cher à Ozu). Emballés par ce média, 2 frères harcèlent leur parent pour avoir une télé à la maison, et feront même une grève de la parole, provocant plein de situations cocasses et tragi-comiques. Il y a aussi tout un réseau de mères de famille qui collectent de l’argent pour de bonnes causes, mais la cagnotte disparaitra, d’où un flot de suspicion, de médisances et de ragots, entre toutes ces épouses au foyer. L’image est très belle avec ce noir et blanc, très stylisé, le film est fort et aborde beaucoup de sujet : la modernité, le rôle de la femme, l’éducation, mais peut-être que ce ton de « farce » n’est pas celui où Ozu excelle, et on reste un peu sur sa faim.