Horribilis est un petit film très sympathique, même si tout n’est pas parfait. On sent indéniablement qu’il y a derrière ce métrage, une personnalité Troma, et à vrai dire, l’échec de ce film au box-office s’explique. Donner 15 millions à un réalisateur issu de la boîte sus-nommé (même des années après), pour réaliser un métrage mêlant des inspirations « yuznesque », du Lovecraft, du Romero, et la pate délirante initiée par Kaufman, c’était aller dans le mur assurément. Ce n’est pas grand public, mais en fait, tant mieux. Je commence par l’interprétation. Celle-ci est ma foi très convaincante, a commencer par celle d’Elizabeth Banks. C’est un peu elle qui a le rôle principal, et elle s’en tire à merveille. Non seulement radieuse, elle s’investit vraiment dans son personnage, et traverse le film avec une vraie présence. Jamais elle ne se fait voler la vedette par ses partenaires, il est vrai un peu plus fades. Tania Saulnier et Nathan Fillion n’ont pas la pêche de Banks, et s’ils sont très corrects, ils restent inférieurs. Le meilleur toutefois est Michael Rooker. Doté du rôle le plus sympathique du film, il est génial en Grant Grant et cabotine avec un plaisir évident. Il est assez génial en somme. Le scénario d’Horribilis laisse davantage à désirer. Il pioche clairement chez les autres, mais le problème est qu’après un départ très sympathique, il vire un peu à la banalité avec une historie zombiesque pas mauvaise, mais déjà vue 100 fois et souvent en mieux. Il se rattrape sur la fin en revenant à ses débuts, mais c’est vrai qu’il y a un passage plus faible au milieu. Néanmoins Horribilis est très rythmé. Il s’installe tranquillement mais ce n’est pas du tout ennuyeux en fait, car l’humour et là. Tout le long du film on perçoit le sens du délire typique de Troma, et si Gunn fait les choses avec un peu plus de finesse (quoique !), ca dépote ! La mise en scène du réalisateur est très efficace. Elle utilise vraiment toutes les ressources à sa disposition pour mettre en valeur les séquences nerveuses, et fait preuve d’un dynamisme à toutes épreuves. Je n’ai rien à redire de ce coté-là. La photographie est très bonne aussi, évitant le piège des scènes nocturnes trop obscures. Le film se passant surtout la nuit, c’était le gros risque. Les décors sont assez pauvres en revanche pour un métrage à 15 millions. Les effets spéciaux et les effets horrifiques sont très bons. Les premiers sont nombreux mais réussis (relativement au budget bien sur). Le monstre principal est remarquable (Society est passé par là !), et les larves sont globalement bien incrustées. Il y a aussi un passage anthologique franchement bien foutu ! Les effets horrifiques sont nombreux, et eux aussi parfaits. Souvent très gores, certains sont impressionnants, et je déconseille Horribilis aux gens sensibles (même avec l’humour second degré du métrage, à l’image de Planet Terror les estomacs les plus fragiles risquent d’en prendre un coup). Gunn se lâche, et fait du Troma là encore, mais avec 15 millions c’est clair que c’est moins cheap ! A noter enfin une bonne bande son très agréable. Au final voilà une série B très divertissante, et singulière par son atmosphère dans le paysage du cinéma de genre de ces-dernières années. Si elle souffre d’un scénario trop basique, elle a néanmoins beaucoup à proposer, et on sent que Gunn ne vient pas du slasher pré-pubère mais de Tromeo et Juliet ! A voir impérativement pour ceux qui adorent Yuzna et rêvent nuit et jour d’un Poultrygeist et d’un Toxic Avenger avec le budget d’une production de luxe.