Le grand talent de ce film est de faire prendre conscience au spectateur qu'il ne faut pas chercher très loin le bonheur et que celui-ci peut parfois se résumer à une succession de petits riens de la vie quotidienne. Par ailleurs, sous les apparences d'un scénario qu'on pourrait, à tort, trouver simpliste, ce film nous montre que ce soudain bonheur apporte son lot de stress
: stress des responsabilités d'une vie professionnelle qui évolue, stress d'un père de famille nombreuse
... Parfois, ce flot de responsabilités fait qu'on aimerait retrouver le bonheur de l'enfant ou du malade interné insouciants et totalement pris en charge. Le personnage principal, campé avec brio par Benoît Poelvoorde, est un être cartésien et agnostique, qui n'était habituellement pas gâté par l'existence et qui part à la recherche des causes de son bonheur soudain. C'est l'originalité de cette quête qui enthousiasme les spectateurs ! Le réalisateur et scénariste Philippe Le Guay est très doué pour observer la vie quotidienne des français et en saisir les aspects comiques. Ainsi, 3 ans auparavant, avec « Le Coût de la Vie », il nous avait montré de quoi il était capable et « Du Jour au Lendemain » confirme tout son talent. Ce film se rapproche, pour moi, davantage de « Bruce Tout Puissant » (Bruce Almighty, 2003) que de « Un Jour Sans Fin » (Groundhog Day, 1993) : le héros vit une succession de journées monotones très semblables les unes aux autres - comme, d'ailleurs, la plupart des français qui travaillent - mais ces journées ne représentent pas un seul et même jour. Par contre, le héros a LE pouvoir de changer la vie des gens qui le côtoient en leur apportant, pourtant sans le vouloir, du bonheur
(offrir un chien à un couple de retraités qui a perdu le leur, faire redémarrer la vie sexuelle de ses voisins, rendre riche un client qui a des problèmes d'argent, partager un fraisier avec un vigile suicidaire, etc.)
; même en voulant leur perte, il ne leur donne que du bonheur ! Par rapport à « Bruce Tout Puissant », la grande qualité de « Du Jour au Lendemain », c'est de ne pas en faire trop, de ne pas tomber dans la démesure et de se contenter d'observer les petits riens de tous les jours. On sort du film tout sourire et plein de bonheur ; ce film ne révolutionne pas le Cinéma mais il égaye agréablement une journée. Après le film, on savoure encore plus les petits bonheurs de l'existence comme le fait de visionner un tel film... Enfin, quel plaisir aussi de retrouver Robert Castel, le créateur du célèbre Kaouito, toujours alerte à 73 ans et formidable dans son rôle de client qui a toute confiance en son conseiller financier. A noter, une très belle affiche du film, très créative, qui résume bien l'idée directrice du scénario.