Depardieu n’est pas quelqu’un qu’on fait chanter, ou plutôt si : quand on arrive à retoucher son côté manipulateur afin d’en faire jaillir le vieux charmeur à la Eddie Mitchell. Sa cible, Cécile de France, va permettre de distiller un A Star Is Born cocoricant – l’étoile montante étant l’actrice & non son personnage.
Ce ne sera pas la seule fois que Giannoli jouera sur le mur entre interprétation & prestation, car toute la relation du duo se fonde sur celle qui les lie en tant qu’acteurs, ce lien entre le gros vieux & la jeunette “pas farouche”, comme le Chanteur le dira lui-même, joué sur l’insistance d’un vouvoiement déplacé qui met longtemps à s’effriter.
C’est un sacré énergumène que ce Depardieu-là, aussi, & un accomplissement de ne pas s’être servi de ses acquis les plus récurrents : déjà, il chante (& même bien), & on ne lui fait pas bâcler sa besogne de “gros c**” ; dans la déconstruction de son personnage (trop) connu, il hérite d’un de ses rôles les plus doux, & c’est peut-être bien celui qui lui a demandé le plus de travail sur lui-même.
Par contre, l’affubler d’une baraque hors de tout & lui donner pour animal de compagnie une chèvre nommée Sucette, c’est aller trop loin. C’est de la démagogie pour Paname comme on en a trop vu, & un accroc énorme dans l’idée de faire de lui un Clermontois “typique”. Il fallait s’arrêter sur le paysage auvergnat qui, avec la visite rapide de Vulcania, suffit à rappeler à peu près à tout le monde où le film tient à se situer. Il paraît devoir lutter contre l’impression qu’il donne malgré lui qu’on est vraiment à Paris (à cause de ses scènes un peu cabaresques de bouis-bouis) à l’instar du Chanteur qui lutte contre la peur qu’il a de “crever” ou de passer de mode : “les ringards sont ringards parce qu’ils durent”, fait-il intelligemment remarquer.
Quand sa Cécile n’est pas là pour être géniale (c’était mon actrice préférée quand j’étais petit – si si – & les choses ont peu changé), on a envie de le rassurer, de lui garantir qu’il n’est pas en train de se transformer en jukebox. Et le temps qu’on se rende compte qu’il est juste dans notre écran, on est emporté par sa voix dans une sorte de best of de la chanson française qui n’est vraiment pas piqué des hannetons.
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